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Facebook pourrait bientôt avoir un concurrent open source et sans pistage

Soutenu par des pionniers de la vie privée et de la cybersécurité

Le 2018-07-16 14:33:55, par Michael Guilloux, Chroniqueur Actualités
Au mois de mars, un dénonciateur britannique a révélé comment son ancien employeur, Cambrigde Analytica, avait abusé des possibilités offertes par Facebook aux entreprises d'analyse de données pour collecter de manière illicite les données de 50 millions d'utilisateurs ; un nombre qui a d'ailleurs été revu à la hausse plus tard à plus de 87 millions. Ces données auraient été utilisées par la firme d’analyse Cambridge Analytica à des fins de profilage et de communication stratégique dans le cadre de la campagne de Donald Trump et pour influencer le vote du Brexit.

Facebook a été longtemps critiqué pour sa manière de gérer les données privées des utilisateurs, et l'affaire Cambridge Analytica a été un énième scandale de trop depuis le lancement du réseau social à l'international. En conséquence, on a vu les campagnes #deletefacebook prendre de l'ampleur sur Twitter, mais cela n'a rien changé à la popularité du réseau social. Au contraire, Facebook continue de gagner de nouveaux utilisateurs. Le nombre d'utilisateurs du réseau social a continué à augmenter, en atteignant 2,2 milliards d'utilisateurs actifs par mois au trimestre dernier. Cela veut-il dire que Facebook est un mal nécessaire ? Si c'est le cas, la bonne nouvelle est que Facebook pourrait avoir un concurrent tout aussi convivial, mais qui sera en plus respectueux de la vie privée.


Des pionniers de la cybersécurité et de la protection de la vie privée ont en effet décidé de lancer une campagne de crowdfunding pour créer une alternative à Facebook, dans l'espoir d'attirer les utilisateurs mécontents du réseau social après le scandale impliquant le cabinet Cambridge Analytica.

Joel Hernandez, fondateur et directeur général de la nouvelle plateforme, appelée Openbook, est un ingénieur en sécurité informatique qui a voulu créer une alternative à Facebook depuis des années. Mais il le fait maintenant en raison du contexte qui est plus favorable à cause de la prise de conscience croissante au sujet de la protection de la vie privée. Il est important de préciser que Joel Hernandez est soutenu, dans son initiative, par des experts tels que Philip Zimmermann, créateur du célèbre logiciel de chiffrement PGP (Pretty Good Privacy) et Jaya Baloo, responsable de la sécurité de l'information pour la société de télécommunications néerlandaise KPN Telecom. Openbook sera un site « open source, sans pistage, sans espionnage, sans publicité » et donnera 30 % de ses revenus à des causes caritatives.

A propos de cette nouvelle initiative, le créateur de PGP affirme qu'il est important de travailler sur l'abandon d'un modèle de revenu où le consommateur est le produit, car les modèles de confidentialité des entreprises comme Facebook sont intrinsèquement opposés au respect de la vie privée. Openbook promet des applications transparentes sur les données qu'elles collectent et assure qu'il y aura une équipe d'audit pour vérifier le travail de ses développeurs. Et puisqu'elle sera open source, n'importe qui pourra examiner la plateforme.

Si Openbook a décidé de renoncer à la publicité, la plateforme ne devrait pas cependant manquer de générer des revenus importants. Pour se financer, la plateforme a l'intention de lancer une place de marché et de prélever une partie du montant des transactions en ligne qui s'y feront.

« Il s'agit de construire un réseau social qui respecte la vie privée de ses utilisateurs, c'est le principal moteur pour moi », a déclaré M. Hernandez. « Mais nous avons réalisé que si nous voulions vraiment réussir, nous avions besoin d'apporter davantage, nous ne voulions pas seulement construire un clone Facebook », dit-il. En plus d'améliorer les contrôles de sécurité et de confidentialité, il veut donc que le produit soit « plus joyeux » que Facebook, avec plus de personnalisation et de nouvelles façons d'encourager les gens à se connecter. Openbook cherche encore à être moins addictif que Facebook, en réduisant le nombre de notifications.

La plateforme envisage d'utiliser les nouvelles règles de portabilité des données du règlement général européen sur la protection des données qui permettent aux utilisateurs européens de transférer leurs données depuis Facebook et Twitter. La société a choisi de lever ses fonds à travers une campagne sur Kickstarter, le site de crowdfunding, à partir de mardi. Les investisseurs recevront un accès anticipé à la version bêta du site, ainsi qu'à des gadgets à l'effigie d'Openbook.

Source : Financial Times (Paywall)

Et vous ?

Que pensez-vous de cette nouvelle initiative ? Quelles seront les difficultés de sa mise en œuvre ?
Seriez-vous prêts à utiliser une telle alternative à Facebook ?

Voir aussi :

Le Royaume-Uni inflige la première amende à Facebook liée au scandale Cambridge Analytica, elle s'élève à 500 000 £
Cambridge Analytica : des agences fédérales US enquêtent sur les révélations de Facebook pour déterminer le rôle de l'entreprise dans cette affaire
Allemagne : la justice autorise des parents à accéder au compte Facebook de leur fille décédée, après une longue bataille juridique
Facebook révèle avoir partagé les données de ses utilisateurs avec des dizaines d'entreprises, dans un nouveau rapport remis au Congrès US
Facebook confirme qu'il suit la façon dont vous déplacez la souris sur l'écran de l'ordinateur, dans un rapport remis au Congrès américain
  Discussion forum
34 commentaires
  • ymoreau
    Membre émérite
    Facebook a un monopole clairement difficile à briser (même Google n'a pas réussi, et pourtant il y avait de bonnes idées qui depuis ont toutes été reprises dans Facebook).

    Il existe déjà un projet opensource pour un réseau social : Diaspora depuis 2010
    Un peu différent parce que non centralisé, mais l'alternative existe (en France c'est hébergé par framasoft, ils ont appelé ça framasphere, entièrement basé sur les dons).
    Sans surprise il n'y a presque que des partisans du libre sur le réseau, ça reste une "niche" sur le marché.

    Moi je ne vois là qu'une énième tentative de surfer sur un badbuzz pour se lancer dans un marché extrêmement dur. L'idée de se financer sans pub et par le système de marché est assez bonne mais il y a déjà des concurrents féroces pour ce service-là (qui n'a plus grand chose à voir avec le réseau social). Et enfin, on sait très bien que l'atout principal d'un réseau social de ce genre c'est la masse de personnes déjà inscrites, la probabilité d'y trouver des gens que l'on connait, démarrer de zéro est extrêmement dur.
  • Marco46
    Expert éminent sénior
    Le problème avec ce genre d'initiative c'est qu'elle ignore le type de marché sur lequel elle est : Winner takes all.

    Une personne est sur Facebook parce qu'elle est certaine d'y trouver 99% de ses connaissances. C'est la principale raison de l'échec de Google+ et c'est pour cette raison que cette initiative est mort née.

    Du point de vue étatique, la seule manière de régler le problème Facebook c'est par la législation en démantelant la société et en interdisant ce type de business (business des données perso). Et comme les serveurs sont chez les ricains seuls les ricains ont la clef du problème. Autant dire que c'est pas pour demain ne serait-ce que d'un point de vue sécurité nationale c'est inimaginable la NSA poserait un veto immédiat.

    En tant qu'individu le problème est également terriblement simple, il suffit de ne pas utiliser Facebook. Mais le problème c'est que ce "service" a créé un besoin insatiable de voyeurisme et de reconnaissance chez ses usagers. C'est une vitrine personnelle en ligne, facile d'accès, facile à utiliser. La plupart des utilisateurs réguliers des réseaux sociaux sont des drogués qui s'ignorent, impossible qu'ils se retirent par eux-mêmes de ce service.
  • François DORIN
    Expert éminent sénior
    Il ne faut pas se leurrer. Proposer une alternative dans ce genre de situation est la partie "la plus facile" (entre guillemets hein !). Le plus dure, sera de convaincre.

    On le voit bien, et certains l'on rappelé à juste titre :
    • Google a échoué, car ils n'ont pas su convaincre suffisamment de monde. Pourtant, ils y ont mis les moyens ;
    • Diaspora existe depuis des années, mais est une niche. Un non informaticien ne connait pas.


    Maintenant, les choses qui peuvent créer les conditions favorables à une migration massive :
    • le RGPD, et l'obligation de portabilité (migration en théorie facilité) ;
    • les polémiques ces derniers mois sur la vie privée, dont l'affaire Cambridge Analitica représente bien l'affaire.


    Mais il ne faut pas oublier les problèmes qui sont liés non pas à facebook même, mais au fait que ce soit un réseau social :
    • la modération (les propos haineux, appel au crime, etc...) ;
    • la gestion du droits d'auteur : même si le vote au niveau de l'EU n'a pas abouti, le projet n'est pas enterré et doit être représenté en septembre je crois. Donc, potentiellement, il va falloir mettre en place un système de gestion des violations, se qui peut être très lourd !
    • les fake news ;
    • la prise en compte des différentes législations.


    Et surtout, surtout... il ne faut pas qu'il y ait 36 alternatives non interopérables. Sinon, c'est mort. Par contre, s'il y avait la définition d'un standard précis (XMPP, W3C, ...) et respecté par tous les acteurs, alors oui, cela serait plus simple car une personne sur Diaspora pourrait alors être "connectée" à une personne sur un autre Diaspora, OpenBook, etc...
  • Bubu017
    Membre éprouvé
    Pourquoi être rémunéré ? Dvp.com a du mettre ce lien parce-que c'est une demande utilisateur je pense.
    Sinon ajouter un lien vers diaspora and co, s'il commencent à mettre des liens vers les réseaux débutants, ils ne sont pas sortis de l'auberge.
    Si ces réseaux veulent attirer du monde, il faut qu'ils mettent en avant autre chose que la protection des données, parce que quoi qu'on en dise, et quelque soit les bad buzz qui sortent, la masse s'en fout royalement.
  • DevTroglodyte
    Membre extrêmement actif
    Envoyé par Ryu2000
    Facebook attaquerait probablement l'état Français, de quel droit l'état pourrait censurer un site ?
    Si le site en question est condamné pour violation de la RGPD et refuse de payer 3% de son CA, par exemple ?
  • Marco46
    Expert éminent sénior
    Envoyé par pmithrandir
    Il y a deja pas mal d'exemples dans le monde ou facebook ne rentre pas.
    Ou d'autres reseaux sociaux.
    Linked in en russie, la plupart en chine, etc...

    Il y a donc bien des possibilités etatiques.
    Non ce n'est pas du tout comparable.

    D'abord, Facebook ne rentre pas dans des territoires, se sont les habitants de ces territoires qui vont chercher Facebook.

    Ensuite les "possibilités" étatiques que tu désignes ça a un nom ça s'appelle de la censure. Quand la Russie interdit LinkedIn, elle n'interdit pas à LinkedIn d'exercer en Russie car LinkedIn n'exerce pas en Russie ses serveurs sont ailleurs, elle interdit à ses propres citoyens d'utiliser le service c'est complètement différent.

    Et la Chine c'est encore pire.

    Il ne s'agit pas de "possibilités étatiques" acceptables pour nous, ou alors on tire un trait sur les libertés fondamentales.

    Envoyé par pmithrandir

    D'un point de vue légal, il y a plusieurs actions en justices contre les mastodontes dans le cadre de la GDPR, je ne serai pas étonné que ca débouche sur des amendes. On parlait encore recement aussi d'invalisation du traité de partage des données entre l'Europe et les Etats unis, qui s'il n'existent pas interdisent tout simplement au service de fonctionner sur terres americaine avec des données européennes.
    Pour moi tout ça relève du grand n'importe quoi. On fait des lois sur des réalités qui n'existent pas. Se sont les utilisateurs européens qui vont utiliser des services américains, situés sur le territoire américain, et relevant donc du droit américain. Je ne comprends pas comment une telle chose peut exister, ça revient à attaquer Nike pour non paiement des cotisations sociales sur des chaussures vendues en France et fabriquées en Chine. C'est vraiment du grand grand grand n'importe quoi.

    Mais comme personne ne comprend rien à internet et au numérique, ça passe crème.

    Envoyé par pmithrandir

    Et en dehors de ca, l'état a un pouvoir pour( lancer des sujets enormes. Si on nous rabache pendant 2 ans que openbook c'est l'avenir et qu'on doit tous etre dessus, que l'etat francais ferme tous ses compte facebook, change toutes ses références pour aller sur ce nouvel entrant, et envoie sur tous les médias possibles des signaux vers un nouvel opérateur... en en profitant pour sur mediatiser tous les problèmes de facebook, les vies brisées par la pertes de données, etc...
    Je ne m'inquiete pas du tout sur la capacité d'une population a aller chercher un outil similaire qui leur serait proposé.

    Surtout que la plupart des gens n'ont pas beaucoup de contacts extra territoriaux, et encore moins extra européen. Donc l'impact serait ultra faible.
    L'état ne comprend rien de rien à ces sujets. Il n'y a rien à attendre d'eux.

    @ymoreau

    C'est possible que je manque des usages dans la mesure où je n'ai pas de compte Facebook et n'en ai jamais eu. Je vois juste l'usage par le prisme de ma copine qui a un usage très léger mais maintenant que tu le dis il y a aussi ce côté canal de communication de groupe. Mais on peut vivre sans sans pour autant être exclu, j'ai connu le même phénomène que toi.
  • Pierre Louis Chevalier
    Expert éminent sénior
    Envoyé par AndMax
    J'ai deux questions.
    - Est-ce que Developpez.com est rémunéré pour mettre un lien vers facebook, google+ et vers twitter sur sa page d'accueil ?
    - Est-ce que Developpez.com va ajouter un lien vers Diaspora ou vers Openbook ? (ou faudra-t-il attendre que ces sites dépassent 2 milliards de comptes ?)
    C'est pas spécifique à developpez.com, les sites font ça pour relayer leurs news sur les réseaux sociaux et donc toucher plus de lecteurs avec leurs news. Je suppose que le choix des sites des réseaux sociaux relayés dépends effectivement du nombre d’inscrits. A ma connaissance les réseaux sociaux ne font pas leurs revenus avec ces liens, mais tout simplement avec de la pub quand tu es dans le réseau social en question (ou la vente/location des données des inscrits pour certains).
  • survivals
    Membre averti
    Envoyé par François DORIN

    Maintenant, les choses qui peuvent créer les conditions favorables à une migration massive :
    • le RGPD, et l'obligation de portabilité (migration en théorie facilité) ;
    • les polémiques ces derniers mois sur la vie privée, dont l'affaire Cambridge Analitica représente bien l'affaire.

    Je pense au contraire que le RGPD va être un frein pour les nouveaux qui n'auront pas de service juridique ou cybersécurité aussi puissant que FaceBook ...
    Il me semble qu'en cas d'exposition des données utilisateurs par défaut de sécurité peut te coûté cher avec le RGPD.

    Les gens s'en foutent que leurs données soient utilisées "l'affaire Cambridge Analitica", je rappel que ces personnes affichent leur vie privée sur Internet, c'est évident que ça servirait à sa, sinon quelle est l'utilité de la revente de ces données, que ce soit du marketing ou de la politique, le but est de mieux te connaitre pour te faire acheter ou voter tel produit.
  • Ryu2000
    Membre extrêmement actif
    Envoyé par Michael Guilloux
    Que pensez-vous de cette nouvelle initiative ? Quelles seront les difficultés de sa mise en œuvre ?
    C'est bien sympa d'avoir des idées, ça rappelle un peu Disapora, mais il est impossible de s'assurer le succès.
    Beaucoup de gens ont quitté Facebook pour aller sur Twitter.
    Avant les gens avaient quitté MySpace pour rejoindre Facebook.

    Google a essayé de faire son Facebook, ça s’appelait Google Plus et ça n'a pas fonctionné.
    Pourtant Google a déjà réussi à proposer des services qui sont devenu populaire.
    Bien-sûre qu'un jour Facebook sera aussi vide que MySpace et Google Plus, mais il faudra qu'autre chose soit proposé, que ça plaise au public, etc...
  • mm_71
    Membre chevronné
    Que pensez-vous de cette nouvelle initiative ?

    Que du bien.
    Quelles seront les difficultés de sa mise en œuvre ?
    Trouver du monde pour démarrer.
    Seriez-vous prêts à utiliser une telle alternative à Facebook ?
    Ayant toujours conchié facebook et consorts aussi grassement que faire se peut je vais me sentir obligé de lâcher quelque menue monnaie dans le crowfunding, ensuite on verra ce que ça donne mais pourquoi pas ? Un essai ne coûte rien.
    AndMax
    Je viens de rechercher "facebook" sur les sites "gouv.fr", et c'est consternant, plus de 2 millions de résultats:
    Et France Inter ? Depuis plus de 10 ans ils envoient leurs auditeurs sur leur page facebook tout en en évoquant les risques dans quelques émissions. Le meilleur c'est que le CSA interdit formellement de citer des marques sur les antennes nationales ( Exception faite des pubs autorisées ) et FB et twitter sont cités au moins 10 fois par jour. Cherchez l'erreur.
    survivals
    Et si au lieu de lancer des blog book à la skyblog, ils lançaient des Forums, chacun organisant son propre Forum, avec un peu de modernité, les Forums se lieraient les uns aux autres via des liens
    C'est tout le contraire, la multiplication des forums a déjà eu lieu avec tous les trucs forumactif, xooit, etc; , etc, etc... Les conséquences ont été qu'a chaque fois qu'un ou plusieurs contributeur(s) d'un des premiers forums sur un sujet quelconque a ( ont ) eu un différent avec leur admin ils ont monté leur propre forum en tentant de drainer un maximum de contributeurs du forum d'origine et le phénomène s'est répété jusqu'a ce qu'il n'y aie plus qu'une pléthore de forums morts ou agonisants avec 3/4 contributeurs et sans intérêt.