Ces enquêtes se sont élargies pour s’étendre essentiellement aux actions et déclarations de Facebook. Par ailleurs, l’on enregistre maintenant l’implication de plusieurs agences fédérales, y compris les représentants du FBI et de la SEC (Securities and Exchange Commission) qui rejoignent le ministère de la Justice et la FTC dans ces enquêtes sur les deux sociétés et le partage de données personnelles de 71 millions d'Américains, selon les déclarations de cinq personnes, qui ont préféré garder l’anonymat à cause des enquêtes qui sont en cours.
Les interrogations des enquêteurs fédéraux portent sur ce que Facebook savait il y a trois ans et pourquoi la société ne le révélait pas à ses utilisateurs ou investisseurs. En effet, c’est depuis 2015 que Facebook a découvert que le cabinet Cambridge Analytica, qui a ensuite travaillé pour la campagne Trump, avait obtenu des données Facebook pour créer des profils d'électeurs. Pourtant, il a choisi de garder l’information secrète.
Les enquêteurs se focalisent, également, sur le témoignage du Capitol Hill sur les responsables de Facebook, y compris le PDG Mark Zuckerberg, selon des personnes proches des enquêtes fédérales.
Facebook aurait confirmé, à Washington Post, les enquêtes en cours et aurait déclaré avoir reçu des questions des agences fédérales tout en assurant être disposé à partager l'information et à coopérer. « Nous coopérons avec des responsables aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et ailleurs », a déclaré le porte-parole de Facebook, Matt Steinfeld. « Nous avons fourni un témoignage public, répondu aux questions et nous sommes engagés à continuer notre aide alors que leur travail se poursuit. »
Capture d'écran de la vidéo de The Washington Post
Le ministère de justice et la FTC n’ont pas voulu répondre aux questions de The Washington Post. Quant au cabinet Cambridge Analytica, ses portes seraient fermées à tout commentaire depuis le début de l’affaire. Deux personnes de la SEC qui ont connaissance du dossier le qualifieraient de « The Facebook Matter ».
David Vladeck, ancien directeur du Bureau de la protection des consommateurs de la FTC et maintenant professeur de droit à Georgetown, a déclaré que « le fait que le ministère de la Justice, le FBI, la SEC et la FTC soient assis ensemble soulève de sérieuses préoccupations ». Il a dit n’avoir aucune connaissance directe de l'enquête, mais selon lui, la combinaison des agences impliquées « soulève toutes sortes de drapeaux rouges ».
Facebook est à peine sorti de deux années de scandale, à commencer par le rôle joué par sa plateforme dans la diffusion des efforts de désinformation russes pendant la campagne présidentielle de 2016, qu’il est pris dans l’étau d’une affaire dite de partage de données avec le cabinet d’analyse.
L’affaire en cours commence en 2015, lorsqu’Aleksandr Kogan, chercheur à l'Université de Cambridge, en collaboration avec Cambridge Analytica, a utilisé une application de quiz pour recueillir des données sur ceux qui ont répondu au sondage et sur leurs amis. Lorsque Facebook s’est rendu compte de cette collaboration de collecte de données entre le cabinet et Aleksandr Kogan, il l’a décriée comme une utilisation abusive parce qu'elle n'était pas utilisée à des fins académiques. Mais Cambridge Analytica et Kogan ont minimisé l’ampleur de leur acte en disant qu'ils n'avaient rien fait de mal et que beaucoup d'autres le font. Kogan a, par ailleurs, soutenu qu'il a obtenu la permission de partager les données dans le cadre d’un changement de contrat permettant une utilisation commerciale plus large. Il aurait également déclaré avoir informé Facebook de son nouveau contrat commercial.
Facebook aurait aussi initié une enquête sur Aleksandr Kogan et son partenaire dans ce cadre. Il leur aurait aussi ordonné de supprimer les données collectées et le cabinet aurait déclaré les avoir supprimées. Mais cela n’a pas été le cas.
En outre, en 2014 et 2015, Facebook aurait interrompu l’accès aux données utilisateur aux développeurs, mais des groupes de développeurs d’applications ainsi que des fabricants d’appareils et de logiciels tels qu’Apple, Amazon, Samsung et Huawei ont continué à utiliser ces données.
Depuis le scandale de Cambridge Analytica en mars, Facebook a conduit des efforts dans un audit des applications sur sa plateforme qui conduit à la suppression de 200 applications qui avaient accès aux données des utilisateurs. Il a également restreint l'accès aux données pour tous les développeurs utilisant Facebook et son service associé, Instagram.
Pour des raisons de l’enquête, de nombreux détails sur l'enquête fédérale demeurent inconnus. Cependant, selon The Washington Post, les enquêtes semblent particulièrement être concentrées sur les données que Facebook a permis de collecter à partir de sa plateforme et dans quelles conditions, ainsi que ce que Facebook a dit au public au moment du partage des données et lors des dernières audiences du Congrès. Les divergences dans les propos du PDG de Facebook seraient survenues lors des audiences de Zuckerberg au Capitol Hill en avril dernier. Le sénateur Richard Blumenthal a présenté une exposition avec les termes de service plus larges de Kogan et a demandé à Zuckerberg s'il les avait déjà vues. Mais Zuckerberg a répondu par un non.
Facebook risquerait une amende de l’ordre des milliards s’il s’avérait qu'il a effectivement violé un décret de consentement de 2011 dans ses pratiques de confidentialité.
Source : The Washington Post
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