L’affaire Cambridge Analytica a conduit Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, devant plusieurs institutions législatives pour témoigner des pratiques de confidentialité de son entreprise. Parmi ces institutions, il y a le Congrès américain qui a soumis Zuckerberg à 10h d’interrogation afin de comprendre la politique d’utilisation des données des utilisateurs. C’est ainsi que les législateurs ont soulevé plusieurs préoccupations auxquelles le patron de Facebook a promis de répondre d’où ce témoignage de 500 pages publié ce lundi.
Dans le document, Facebook, comme son PDG dans ses différents témoignages, a promis de mener une enquête pour éclaircir son éventuelle implication dans l’affaire Cambridge Analytica tout en continuant à améliorer ses pratiques de confidentialité. Cependant, de nombreuses questions des législateurs du Congrès sont restées sans réponses ou ont été survolées par Facebook dans sa tentative de réponse.
Tentatives de réponses aux questions du Congrès
Facebook a rassuré le comité judiciaire et le comité du commerce du Sénat qu’il était en train de passer en revue toutes les applications des développeurs disponibles sur sa plateforme et qui interagissent avec de grandes quantités de données utilisateurs. Par ailleurs, 200 applications suspectes ont déjà été suspendues à cet effet.
L’enquête dans le scandale Cambridge Analytica où les informations personnelles d'environ 87 millions d'utilisateurs du site social ont été mal utilisées par le cabinet de conseil politique est encore d’actualité, a déclaré Facebook. Facebook tient à faire la lumière sur cette affaire concernant le rôle joué par la société dans la fuite des données. L’affaire a suscité, également, l’ouverture d’une enquête par la FTC (Federal Trade Commission) qui pourrait infliger une lourde sanction à Facebook à l’allure où vont les choses.
Toutefois, Facebook a déclaré dans le document à propos de ses consultants intégrés dans les campagnes présidentielles de 2016, y compris l'équipe du président Trump, qu’il « n'a identifié aucun problème impliquant l'utilisation abusive de données Facebook au cours de leurs interactions avec Cambridge Analytica. » Par ailleurs, avait-il, dans un précédent échange, déclaré fournir « un soutien technique et des conseils sur les meilleures pratiques aux annonceurs, y compris Cambridge Analytica, sur l'utilisation des outils publicitaires de Facebook ».
Facebook a également brandi de nouveaux outils destinés à appuyer ses pratiques de confidentialité, notamment une fonctionnalité baptisée « Clear History » qui « permettra aux utilisateurs de voir les sites Web et les applications qui envoient des informations à Facebook lorsqu'ils les utilisent. La fonctionnalité permettra également aux utilisateurs de supprimer ces données de leurs comptes et de désactiver pareils échanges avec leurs comptes à l’avenir », a déclaré la société.
Esquive de plusieurs préoccupations soulevées par les législateurs
Mais le géant des réseaux sociaux a esquivé les questions et les préoccupations des législateurs dans certains cas, des omissions qui pourraient irriter certains membres du Congrès qui critiquaient auparavant Zuckerberg pour le manque de réponses concrètes dans son discours. Par ailleurs, ce comportement pourrait renforcer davantage les critiques du Congrès alors qu'ils continuent d'évaluer la nouvelle réglementation en réponse à une série de récents incidents, a écrit The Washington Post.
En effet, plusieurs questions ont été esquivées ou survolées dans les réponses qu’a fournies la société. Facebook avait pourtant promis au Congrès en avril qu'il répondrait aux questions écrites après que Zuckerberg a été soumis à l'interrogation du Congrès sur la question de la violation des données des utilisateurs.
A la question du sénateur Christopher A. Coons du Delaware de savoir si Facebook n’avait jamais appris qu'un développeur d'applications « transférait ou vendait des données d'utilisateur sans le consentement de l'utilisateur » et enfreignait les politiques de Facebook, la société a plutôt annoncé un engagement à « enquêter sur toutes les applications qui avaient accès à de grandes quantités de données ».
Dans une lettre de plus d’une page adressée à Facebook, le sénateur Ted Cruz du Texas a attaqué la société ainsi que ses homologues de la Silicon Valley en posant des questions sur les dons de Facebook à des groupes dits politiques. Le sénateur a même soulevé la critique en ligne de la récente chanson de Taylor Swift sur Earth, Wind and Fire qu’il a qualifié comme « discours de haine ». Mais Facebook n’a pas satisfait aux préoccupations du sénateur Ted Cruz.
Facebook n’a également pas répondu à la question du sénateur Patrick J. Leahy de Vermont. Il a voulu comprendre si la campagne d'Obama en 2012 avait violé « l'une quelconque des politiques de Facebook. » Le sénateur a cité des rapports sur l'équipe numérique d'Obama selon lesquels l’équipe avait recueilli des données sur les utilisateurs ainsi que leurs amis, une approche que Facebook avait permis à l'époque. Facebook s’est contenté d’écrire dans le document remis au Congrès que « les deux campagnes d’Obama et de Romney ont eu accès aux mêmes outils, et aucune campagne n'a reçu de traitement spécial de la part de Facebook ».
Et pour ne pas arranger la situation de Facebook, la société continue d’être mêlée à une série de faux pas qui augmentent le potentiel de sanctions sévères infligées par les régulateurs du monde entier.
Série de révélations de violations des données des utilisateurs
Facebook a confirmé, la semaine précédente, que les fabricants de téléphones tels que Samsung, Apple, HTC ainsi que Huawei utilisaient les données des utilisateurs dans le cadre d’un contrat de partage de données. Il défend, par ailleurs, la cause de ses partenaires de, seulement, utiliser ces données pour améliorer l’expérience utilisateur sur les terminaux comme les smartphones. Mais les experts en protection de la vie privée ne sont pas de cet avis. Ils affirment que les utilisateurs n'ont peut-être pas été pleinement conscients de la situation.
Un autre scandale reconnu par Facebook concerne 14 millions de ses utilisateurs. La société affirme que ces utilisateurs seraient victimes d’un problème qui a mis les paramètres par défaut pour tous les nouveaux messages publics, même si les utilisateurs avaient indiqué qu'ils voulaient que leurs mises à jour soient privées.
Une autre révélation controversée de la société, selon laquelle elle a donné accès aux données sur les amis des utilisateurs aux grandes marques telles que le constructeur automobile Nissan est rapportée par The Washington Post.
Source : The Washington Post
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Le témoignage de Facebook ne convainc pas les législateurs, selon The Washington Post. Ne serait-il pas convaincant en se focalisant sur des solutions techniques telles que la fonctionnalité « Clear History » ?
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Le , par Stan Adkens
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