
Jeanette Manfra, secrétaire adjointe pour la cybersécurité au Département de la sécurité intérieure (DHS), a déclaré que 94 % des 102 différentes agences gouvernementales US auraient participé à cette enquête visant à confirmer la suppression effective des produits de Kaspersky Lab. Par la suite, elle s’est exprimée devant la Chambre des Représentants des États-Unis en précisant que le DHS n’avait « actuellement aucun élément de preuve concluant » qui permettrait d’affirmer que l’ensemble du réseau ait été compromis à cause de l’utilisation du logiciel antivirus russe Kaspersky.
Cependant, elle n’a pas donné de détails concernant les agences qui disent avoir détecté les produits de Kaspersky Lab sur leurs systèmes ni sur celles qui sont encore en train d’auditer leurs systèmes. Elle a aussi rapporté aux législateurs qu’il était possible que les actions répressives contre Kaspersky Lab menées actuellement puissent conduire à un litige, sans pour autant préciser sa nature. Lorsqu’on lui a demandé si la société envisageait de poursuivre le gouvernement américain, une porte-parole de Kaspersky Lab avait, en effet, déclaré dans un communiqué que la société « continuait d’envisager toutes les options possibles ».
Pour rappel, au terme des investigations menées par le Federal Bureau of Investigation (FBI) et la prise de position du Sénat américain en faveur du bannissement des produits Kaspersky Lab de certaines institutions sensibles du pays, l’administration Trump a fini par annoncer au courant du mois de juillet dernier, l’éviction de l’entreprise Kaspersky Lab du répertoire des vendeurs agréés d’équipements technologiques pour les agences gouvernementales US. Par la suite, elle a ordonné en septembre dernier aux agences civiles américaines de retirer les solutions logicielles de l’entreprise Kaspersky Lab de leurs réseaux, après le vote d’une loi contraignante au Sénat.
Les responsables US se disaient extrêmement préoccupés par le fait que les logiciels de Kaspersky puissent être utilisés par les services de renseignement russes pour espionner le gouvernement américain. Le DHS a, d’ailleurs, adressé une directive à ses départements et agences de la branche exécutive fédérale afin qu’ils identifient, sous un délai de trente jours, l’ensemble des produits Kaspersky qui sont utilisés sur leurs systèmes et établissent un plan détaillé sur les deux mois à venir pour supprimer et ne plus utiliser ces produits dans un délai de 90 jours.
S’offusquant de cette série de prises de positions radicales des autorités américaines, Kaspersky Lab n’a pas manqué de signaler qu’il est inacceptable qu’elle soit aussi injustement accusée et traitée en l’absence de tout élément de preuve concret. L’entreprise a tenu à rappeler, à ce propos, qu’elle comptait déjà deux décennies d’activités ponctuées d’une éthique à laquelle il serait difficile de faire des reproches.
« Selon toute vraisemblance, Kaspersky Lab s’est retrouvée embarquée dans une querelle géopolitique où chaque camp s’emploie à utiliser notre entreprise comme un pion dans son jeu », avait déclaré la société moscovite spécialisée en cyberprotection. Cette dernière a, néanmoins, tenu à relativiser la situation en insistant sur le fait que « les ventes du gouvernement américain n’ont jamais constitué une part importante de l’activité de l’entreprise en Amérique du Nord », peu de temps avant que son fondateur n’annonce dans un tweet que « malgré les turbulences géopolitiques, nous restons dévoués à nos clients nord-américains. Trois bureaux régionaux seront ouverts courant 2018 ».
La société Kaspersky Lab a nié à plusieurs reprises avoir des liens avec n’importe quel gouvernement et martelé qu’elle n’aiderait jamais un gouvernement à mener des activités de cyberespionnage. De son côté, Moscou a rejeté toute implication de ses agences gouvernementales dans le processus des élections présidentielles américaines de 2016.
Dans un souci de transparence, l’éditeur d’antivirus russe Kaspersky a annoncé le mois dernier qu’il va demander à des entités indépendantes d’évaluer la sécurité de ses logiciels antivirus. Il sera dès lors possible que le code source de ses logiciels et futures mises à jour soit contrôlé par des experts de sécurité et des responsables gouvernementaux. Elle s’est aussi engagée à autoriser d’autres parties prenantes à évaluer d’autres aspects de la société, y compris le développement logiciel à compter du premier trimestre de l’année prochaine. Manfra a déclaré qu’une telle mesure ne serait « pas suffisante » pour répondre aux préoccupations du gouvernement américain, et ce, malgré tous les efforts de coopération déployés par Kaspersky Lab.
Source : Reuters
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