La rumeur qui alimente la controverse selon laquelle Kaspersky Lab, une entreprise technologique russe basée à Moscou et spécialisée dans la cybersécurité, serait en réalité un pion à la solde du Kremlin connait de nombreux développements depuis plusieurs semaines. À titre de rappel, le programme antivirus de Kaspersky est utilisé par plus de 400 millions de personnes à travers le monde.
D’après les dernières informations fournies par le média Wall Street Journal (WSJ), il semble que la société Kaspersky ait, en toute connaissance de cause, modifié son logiciel antivirus pour aider la Russie à voler les informations sensibles détenues par les États-Unis. Ces observations rapportées par WSJ découleraient d’expérimentations effectuées durant plusieurs mois sur Kaspersky AV par les services américains compétents.
Le logiciel antivirus de Kaspersky est censé détecter tous les éléments malveillants sur un ordinateur, mais il est aussi capable d’identifier d’autres types de données comme les « signatures silencieuses ». Ces dernières peuvent, par exemple, être exploitées pour rechercher des documents spécifiques en utilisant des mots clés ou des acronymes. En se basant sur cet aspect du fonctionnement normal de cet outil, de nouvelles études américaines tendent à prouver que Kaspersky AV peut exploiter des mécanismes de recherche faisant appel à des mots clés ou des acronymes tels que « top secret » à des fins de cyberespionnage.
Les sources de WSJ ayant requis l’anonymat qui soutiennent cette version justifient leur propos par le fait que certains mots clés et acronymes sont recherchés de manière automatique par le logiciel de Kaspersky Lab. Paradoxalement, certains documents de supervision personnels ou appartenant à différents services du gouvernement américain qui pourraient susciter le vif intérêt des services de renseignement étrangers peuvent comporter des éléments ciblés par ces techniques de recherche de Kaspersky AV.
Pour ces personnes, cette « particularité » est suffisante pour démontrer que Kaspersky Lab serait une composante majeure du dispositif d’espionnage à grande échelle des services de renseignement russes. Et comme l’a précisé une source du WSJ, « il est impossible que les responsables de Kaspersky n’aient pas connaissance de ce mode fonctionnement inhérent à leur logiciel. »
Pour rappel, le gouvernement russe aurait réussi à s’approprier de manière illégale des données sensibles qui appartiendraient à la NSA. Des « personnes proches de l’affaire » estiment que c’est le logiciel antivirus distribué par Kaspersky Lab qui aurait permis au Kremlin de réaliser cette opération qui rentre dans le cadre du cyberespionnage.
À l’origine de l’affaire, il y aurait un employé américain de la NSA qui travaillait avec le Tailored Access Operations, un groupe qui met au point des outils de piratage pour la NSA. En 2015, cet employé aurait ramené à son domicile un ordinateur portable comportant du code ainsi que d’autres documents classifiés et sur lequel était installé le logiciel antivirus Kaspersky. Ce dernier aurait identifié (à tort ou à raison) un élément comme étant malveillant sur la machine de l’employé et l’a transféré à Kaspersky pour analyse, une procédure on ne peut plus normale pour n’importe quel logiciel du même genre.
C’est la mise en quarantaine des éléments détectés comme malveillants par le logiciel de Kaspersky pour analyse qui aurait mis la puce à l’oreille à l’agence de renseignement de la Russie. Se rendant compte de la présence d’éléments top secret appartenant à la NSA, les services secrets russes auraient alors décidé de pirater entièrement la machine d’où provenaient les données sensibles afin de récupérer toutes les informations qui s’y trouvaient.
Malheureusement, aucun média n’a jusqu’à présent pris la peine de fournir des informations détaillées sur la manière dont l’ordinateur portable de l’employé incriminé aurait pu être piraté. De même, aucune source ne révèle pourquoi il a fallu attendre aussi longtemps (plus d’un an) avant que l’acte supposé de piratage ne soit divulgué.
De toute évidence, personne dans cette affaire ne semble chercher à savoir pourquoi cet employé, si tant est qu’il existe, a ramené des informations aussi sensibles à son domicile. De plus, si les données détectées comme des menaces par l’antivirus de Kaspersky étaient, par exemple, des outils de piratage développés la NSA, cela ne prouverait-il pas au moins que cet antivirus russe est plutôt efficace ;?
À ce propos, Eugène Kaspersky, le fondateur de cette entreprise technologique russe, a d’ailleurs déclaré : « Au regard de son statut d’entreprise privée, Kaspersky Lab n’entretient pas de relations inappropriées avec un quelconque gouvernement [...] Kaspersky Lab est simplement pris en étau, au beau milieu d’une lutte géopolitique acharnée. » La société russe de cybersécurité n’a pas manqué de rappeler qu’elle était prête à collaborer avec les autorités américaines afin de lever le doute sur l’intégrité de ses produits.
La position américaine, faut-il le rappeler, a connu une évolution rapide depuis l’échec du parti démocrate américain aux dernières élections US qui ont permis l’accession de Donald Trump à la magistrature suprême des États-Unis. Dès ce moment, les démocrates ont décidé d’attribuer leur contre-performance électorale à une longue opération de piratage informatique montée de toutes pièces par la Russie avec la complicité de Trump afin de déstabiliser les États-Unis. D’ailleurs, à plusieurs reprises déjà, de supposés liens de connivence entre Trump et Poutine ont été rapportés par des médias américains.
Plus récemment, c’est le Département américain de la sécurité intérieure (DHS) qui s’est démarqué en rendant effective la mesure visant à interdire l’usage du logiciel antivirus Kaspersky dans toutes les agences fédérales américaines. Depuis le mois de septembre, celles-ci disposent de 90 jours pour supprimer complètement le logiciel. Cette mesure représente en réalité les prémices d’un ensemble plus large d’actions menées par le gouvernement américain visant à bannir totalement le logiciel antivirus Kaspersky des entreprises et organisations américaines.
Source : WSJ, UKStar
Et vous ?
Est-ce vraiment important de savoir si Kaspersky travaille (directement, à son insu ou de son plein gré) ou non pour le Kremlin ?
L’origine russe d’un logiciel peut-elle être considérée comme une preuve suffisante de collusion entre l’entreprise et le Kremlin ?
Dès lors, que faudrait-il penser des autres antivirus comme Avast, AVG, Norton ou autres qui sont étrangers à la France ?
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Le , par Christian Olivier
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