Au mois de mars, un dénonciateur britannique a révélé comment son ancien employeur, Cambrigde Analytica, avait abusé des possibilités offertes par Facebook aux entreprises d'analyse de données pour collecter de manière illicite les données de 50 millions d'utilisateurs ; un nombre qui a d'ailleurs été revu à la hausse plus tard à plus de 87 millions. Ces données auraient été utilisées par la firme d’analyse Cambridge Analytica à des fins de profilage et de communication stratégique dans le cadre de la campagne de Donald Trump et pour influencer le vote du Brexit.
Facebook a été longtemps critiqué pour sa manière de gérer les données privées des utilisateurs, et l'affaire Cambridge Analytica a été un énième scandale de trop depuis le lancement du réseau social à l'international. En conséquence, on a vu les campagnes #deletefacebook prendre de l'ampleur sur Twitter, mais cela n'a rien changé à la popularité du réseau social. Au contraire, Facebook continue de gagner de nouveaux utilisateurs. Le nombre d'utilisateurs du réseau social a continué à augmenter, en atteignant 2,2 milliards d'utilisateurs actifs par mois au trimestre dernier. Cela veut-il dire que Facebook est un mal nécessaire ? Si c'est le cas, la bonne nouvelle est que Facebook pourrait avoir un concurrent tout aussi convivial, mais qui sera en plus respectueux de la vie privée.
Des pionniers de la cybersécurité et de la protection de la vie privée ont en effet décidé de lancer une campagne de crowdfunding pour créer une alternative à Facebook, dans l'espoir d'attirer les utilisateurs mécontents du réseau social après le scandale impliquant le cabinet Cambridge Analytica.
Joel Hernandez, fondateur et directeur général de la nouvelle plateforme, appelée Openbook, est un ingénieur en sécurité informatique qui a voulu créer une alternative à Facebook depuis des années. Mais il le fait maintenant en raison du contexte qui est plus favorable à cause de la prise de conscience croissante au sujet de la protection de la vie privée. Il est important de préciser que Joel Hernandez est soutenu, dans son initiative, par des experts tels que Philip Zimmermann, créateur du célèbre logiciel de chiffrement PGP (Pretty Good Privacy) et Jaya Baloo, responsable de la sécurité de l'information pour la société de télécommunications néerlandaise KPN Telecom. Openbook sera un site « open source, sans pistage, sans espionnage, sans publicité » et donnera 30 % de ses revenus à des causes caritatives.
A propos de cette nouvelle initiative, le créateur de PGP affirme qu'il est important de travailler sur l'abandon d'un modèle de revenu où le consommateur est le produit, car les modèles de confidentialité des entreprises comme Facebook sont intrinsèquement opposés au respect de la vie privée. Openbook promet des applications transparentes sur les données qu'elles collectent et assure qu'il y aura une équipe d'audit pour vérifier le travail de ses développeurs. Et puisqu'elle sera open source, n'importe qui pourra examiner la plateforme.
Si Openbook a décidé de renoncer à la publicité, la plateforme ne devrait pas cependant manquer de générer des revenus importants. Pour se financer, la plateforme a l'intention de lancer une place de marché et de prélever une partie du montant des transactions en ligne qui s'y feront.
« Il s'agit de construire un réseau social qui respecte la vie privée de ses utilisateurs, c'est le principal moteur pour moi », a déclaré M. Hernandez. « Mais nous avons réalisé que si nous voulions vraiment réussir, nous avions besoin d'apporter davantage, nous ne voulions pas seulement construire un clone Facebook », dit-il. En plus d'améliorer les contrôles de sécurité et de confidentialité, il veut donc que le produit soit « plus joyeux » que Facebook, avec plus de personnalisation et de nouvelles façons d'encourager les gens à se connecter. Openbook cherche encore à être moins addictif que Facebook, en réduisant le nombre de notifications.
La plateforme envisage d'utiliser les nouvelles règles de portabilité des données du règlement général européen sur la protection des données qui permettent aux utilisateurs européens de transférer leurs données depuis Facebook et Twitter. La société a choisi de lever ses fonds à travers une campagne sur Kickstarter, le site de crowdfunding, à partir de mardi. Les investisseurs recevront un accès anticipé à la version bêta du site, ainsi qu'à des gadgets à l'effigie d'Openbook.
Source : Financial Times (Paywall)
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Soutenu par des pionniers de la vie privée et de la cybersécurité
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Le , par Michael Guilloux
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