
Cela ne va-t-il pas encourager des alternatives à Play Store ?
La semaine passée, l'administration Trump a publié un décret qui place Huawei sur une liste noire, une décision qui contraint les entreprises américaines à ne plus faire affaire avec le géant chinois des télécoms, à moins d'avoir une autorisation officielle. Suite à cette décision, Google a décidé de ne plus fournir de logiciels, de matériel informatique ou service technique à Huawei à l’exception des services disponibles en open source. L'éditeur d'Android a toutefois assuré que Google Play et les protections de sécurité de Google Play Protect continueront de fonctionner sur les appareils Huawei existants.
En plus d’être coupé du système d’exploitation le plus vendu au monde, Huawei a vu certains des principaux concepteurs et fournisseurs de puces au monde suspendre également leurs relations commerciales jusqu’à nouvel ordre. Et ce mouvement ne s'est pas limité aux USA : le fabricant allemand de puces Infineon Technologies a déjà suspendu ses livraisons de composants à Huawei, tandis que d'autres entreprises de semi-conducteurs en Europe et en Asie étudient pour le moment les conséquences du décret de Trump pour leurs entreprises.
S'étant sans doute vite rendu compte de la sévérité du décret de Trump et de ses conséquences sur les USA eux-mêmes, Washington a réduit les restrictions commerciales imposées à Huawei. L'administration Trump a en effet délivré au géant chinois des télécoms une licence générale de 90 jours, valable du 20 mai au 19 août. Cette licence temporaire est selon le département US du Commerce nécessaire pour, entres autres, assurer la fourniture de support et certains services importants, y compris des mises à jour logicielles ou des correctifs, aux réseaux et équipements existants, mais aussi aux combinés Huawei existants et disponibles au public. Les USA autorisent donc Huawei à continuer à envoyer des mises à jour logicielles à ses téléphones Android pendant trois mois.

Huawei, qui s'y attendait, s'est préparé à cette éventualité et a développé son propre OS au cas où ses relations avec Google se dégradaient. Et comme le révèle le quotidien Bloomberg, Huawei est également en train de construire une alternative au Play Store de Google, avec sa galerie d'applications, présente depuis un certain temps sur les appareils Android Huawei et Honor.
Selon Bloomberg, Huawei a promis aux développeurs d’applications en 2018 de les aider à percer en Chine, le plus grand marché de smartphones du monde, s’ils construisaient des applications pour sa galerie. En passe de devenir le fabricant de smartphones le plus prolifique au monde cette année, Huawei a aussi assuré à des partenaires développeurs d’applications que 50 millions de personnes utiliseraient son app store en Europe en 2018. La société aurait également proposé de fournir « un outil simple permettant de modifier les applications écrites pour Play Store afin qu'elles fonctionnent avec App Gallery », sa boutique d'applications.
La galerie d’applications de Huawei pourrait ainsi servir de pont entre l’est et l’ouest, c'est-à-dire un moyen pour les développeurs de distribuer leurs applications à un public européen et asiatique, principalement chinois. Cela aurait pu constituer une alternative sérieuse au Play Store de Google. Toutefois, l’interdiction générale imposée par l’administration Trump pourrait réduire les chances de ce plan de galerie d'applications de porter ses fruits.
D'après Bloomberg, citant des documents dont il a eu connaissance, les plans de Huawei de créer une boutique d'applications alternative à Play Store reposaient en effet sur le fait que le Chinois se verrait dans l'impossibilité de faire affaire avec Google, pas l'impossibilité de traiter avec tous les fabricants et fournisseurs de logiciels américains. Or, être interdit de travailler avec toute société américaine signifie que Huawei ne pourra pas non plus compter sur Facebook ou Twitter entre autres éditeurs d'applications populaires, pour créer sa galerie d'applications mobiles.
Bien que Huawei ait anticipé une telle décision du gouvernement US, celle-ci reste un coup dur qui, pour certains observateurs, pourrait avoir de graves conséquences pour le géant des télécoms, et pas seulement dans le domaine mobile. Mais en Chine, les utilisateurs semblent moins inquiets. Considérant Huawei comme une « fierté nationale », les internautes chinois ont apporté un soutien ferme à l'entreprise après le retrait de sa licence Android par Google et autres restrictions annoncées par le gouvernement US.
Sur les réseaux sociaux chinois, nombreux sont ceux qui ont juré de ne pas abandonner l'entreprise alors que d'autres disent se préparer à rejoindre la grande famille d'utilisateurs d'appareils Huawei. La plupart des commentaires sur Weibo, le site chinois de microblogging, indique que les Chinois sont confiants que Huawei n'aura aucun problème à surmonter la sanction des USA. De nombreux internautes ont déclaré qu'ils attendaient avec impatience le système d'exploitation Huawei et prédisaient que l'une des conséquences potentielles de la guerre commerciale sino-américaine serait que tous les smartphones chinois basculent éventuellement vers un système d'exploitation chinois et utilisent des puces et des produits électroniques fabriqués en Chine.
Quand on sait que la Chine est le plus grand marché de smartphones au monde, on peut s'attendre à ce que Google soit beaucoup affecté par cette situation. D'autres initiatives contre la mainmise de Google dans le monde Android pourraient également en profiter pour intensifier leurs campagnes et promouvoir leurs propres versions d'Android. Rappelons déjà que la e Foundation s'apprête à lancer une gamme de smartphones à bas prix avec sa propre version d'Android. Mais jusque-là, développer sa propre version d'Android n'a pas été le véritable problème. Ce qui freine l'adoption de versions d'Android différentes de celle de Google est surtout les applications qui y seront proposées. Mais certains projets essaient de lever cette difficulté. C'est le cas du projet microG, qui propose une réimplémentation libre des applications et bibliothèques propriétaires (Google) de l’espace utilisateur Android.
Sources : Licence temporaire pour Huawei, Bloomberg, What's on Weibo
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