Les deux semaines passées ont été riches en émotion pour ceux qui ont suivi de près l’évolution de la monnaie cryptographique bitcoin. Après avoir atteint la valeur de 8000 dollars, la valeur de la monnaie numérique a rapidement progressé pour franchir la barre des 9000 dollars en l’espace de quelques jours. Loin de s’arrêter là, elle a encore progressé pour atteindre le seuil symbolique des 10 ;000 dollars. À partir de cette étape, de nombreux utilisateurs ont réagi en affirmant que cette étape marquait le signe de l’adoption du bitcoin par le public.
Quelques jours après ces enchaînements de records, le NASDAQ, deuxième plus important marché d’actions aux États-Unis, a annoncé qu’il offrirait des contrats à terme basés sur le bitcoin en 2018, ce qui en fait de lui le troisième opérateur d’échange à planifier des contrats américains dérivés liés à la monnaie numérique après le groupe CME de Chicago et CBOE Holding. Avec cette nouvelle annonce, il n’est nul doute que le bitcoin commencerait à rassurer les acteurs du monde financier traditionnel.
Alors que certaines entités commencent à faire le saut dans l’environnement Bitcoin, de nombreuses personnes ont flairé depuis longtemps les opportunités d’affaires liées à cette monnaie numérique. Entre autres personnes, nous avons les jumeaux Tyler et Cameron Winklevoss. Si vous ne les connaissez pas, sachez qu’il s’agit ni plus ni moins des jumeaux qui ont obtenu en 2008 la somme rondelette de 65 millions de dollars auprès de Facebook après avoir clamé haut et fort que Mark Zuckerberg avait volé leur idée connue aujourd’hui sous le nom de Facebook. En mars 2013, ces jumeaux ont utilisé 11 millions de dollars de leur compte pour acheter environ 1 % de l’offre mondiale en bitcoins, alors qu’un bitcoin valait environ 120 dollars. En tout, les jumeaux auraient acquis environ 100 ;000 bitcoins.
Avec la montée en flèche de la valeur de cette monnaie ces derniers jours, les jumeaux devraient maintenant disposer de plus d’un milliard de dollars dans leurs portefeuilles Bitcoin. Dans la communauté Bitcoin, seule une poignée de portefeuilles Bitcoin ont une valeur de plus de 1 milliard de dollars dans leur portefeuille. En plus des jumeaux Winklevoss, nous avons le mystérieux inventeur de la cryptomonnaie, qui n’a jamais été démasqué et n’est connu que sous le pseudonyme en ligne Satoshi Nakamoto. Selon un récent rapport de Chainanalysis, Satoshi Nakamoto détiendrait 1,04 million de bitcoins. En dollar, cela ferait beaucoup de zéro à aligner derrière le premier chiffre. Tyler Winklevoss, qui soutient que la valeur totale de la monnaie pourrait atteindre les trillions, a déclaré au Telegraph l’année dernière que le bitcoin était « ;comme une meilleure version de l’or ;».
Toutefois, tandis que Bitcoin fait des heureux dans sa communauté, et reçoit jour après jour de nouveaux convertis, d’autres personnes voient d’un mauvais œil la montée de cette monnaie et de sa technologie sous-jacente. La semaine dernière, Lloyd Blankfein, le PDG de Goldman Sachs, s’est joint à d’autres poids lourds du monde technologique et financier en qualifiant cette monnaie de moyen pour perpétrer de la fraude. Le gouverneur de la banque Fédérale, Randal Quarles, a également émis un avertissement en expliquant que cette monnaie pourrait constituer un risque pour la stabilité financière. « ;Bien que ces devises numériques ne posent pas de problèmes majeurs à leur niveau d’utilisation actuelle, des problèmes de stabilité financière plus graves peuvent survenir si elles sont utilisées à grande échelle ;», a souligné le gouverneur.
Alors que le gouverneur de la banque fédérale semble afficher une position plutôt modérée concernant cette monnaie, Joseph Stiglitz, économiste américain connu pour ses violentes critiques contre le FMI et la Banque mondiale en 2000 et récipiendaire du prix Nobel d’économie en 2001, est lui assez remonté quand il s’agit du bitcoin. Pour l’économiste, cette monnaie doit être purement et simplement proscrite. Robert Shiller, qui a remporté un prix Nobel pour son travail sur les bulles, aurait également déclaré que la monnaie attirait certains investisseurs parce qu’elle avait une « ;attitude antigouvernementale et antiréglementation ;». Le milliardaire Carl Icahn n’est pas resté non plus en retrait dans cette vague de déclarations contre le bitcoin et a soutenu que cette monnaie « ;ressemble à une bulle ;». JP Morgan et Jamie Dimon ont renchéri en qualifiant cette monnaie numérique de « ;fraude ;» qui « ;finirait par exploser ;». Warren Buffett quant à lui a averti les utilisateurs que cette monnaie est une « ;vraie bulle ;». Après les critiques de ces différents acteurs sur la toile la semaine dernière, l’on a constaté que la monnaie a perdu plus de 2000 dollars en 24 heures, rappelant brutalement son extrême volatilité.
Avec toutes ces dénonciations de fraudes portées au bitcoin, ce n’était qu’une question de temps avant que les forces de l’ordre commencent à s’immiscer dans cette affaire. Le 28 novembre dernier, le Comité de la Justice du Sénat des États-Unis a tenu une audience afin de statuer sur le projet de loi S.1241 qui à terme modifierait la définition « ;d’institution financière ;» dans le Code des États-Unis pour y inclure les monnaies numériques et les échanges numériques. À l’heure actuelle, la définition « ;d’institution financière ;» comprend les banques, les sociétés de fiducie, les coopératives de crédit, les bureaux de change, etc. Mais avec ce nouveau projet de loi, seront inclus dans la définition d’institution financière aux États-Unis, « ;un émetteur, un réducteur ou un caissier de dispositifs d’accès prépayés, de monnaie numérique ou tout autre échangeur numérique ;». En plus de cela, « ;le projet de loi criminalise la dissimulation intentionnelle de la propriété ou du contrôle d’un compte bancaire ;». Autrement dit, les utilisateurs devraient déclarer leurs comptes et leurs avoirs en bitcoins ou en toute autre monnaie numérique au risque de se voir taxés de criminel.
Nous rappelons que beaucoup de personnes associent le bitcoin à des activités criminelles, car en général, les acteurs malveillants utilisent le bitcoin comme moyen de paiement dans leurs activités illicites. Lorsque les ransomwares WannaCry et Petya ont fait parler d’eux cette année, les malfaiteurs cachés derrière ces malwares ont réclamé des paiements en bitcoins à leurs victimes pour déverrouiller les ordinateurs infectés par ces logiciels malveillants. Au-delà de ces auteurs, d’autres personnes utiliseraient le bitcoin pour acheter sur la toile des articles prohibés sans se faire prendre. En outre, du fait de l’anonymisation des transactions, d’autres individus encore utiliseraient le bitcoin pour introduire dans le circuit légal de l’argent obtenu frauduleusement. Enfin, des personnes rapportent que des fraudeurs utiliseraient le système de paiement Bitcoin pour cacher des fonds sur la toile afin de payer moins d’impôts.
Pour toutes ces raisons, le gouvernement britannique envisage, à l’instar du gouvernement américain, d’adopter de nouvelles règles afin de réprimer les utilisateurs qui feraient usage du bitcoin à des fins frauduleuses. Un porte-parole du Trésor britannique rapporte qu’il existe déjà des « ;règles fiscales claires ;» pour les utilisateurs légitimes de la cryptomonnaie. Mais le gouvernement britannique souhaite aller encore plus loin dans sa traque contre la fraude et a introduit un projet de loi devant le parlement. Selon le projet de loi toujours en cours de discussion, les commerçants ne seraient plus en mesure de travailler de manière anonyme. Pour ce faire, les autorités britanniques ont pour intention « ;de mettre à jour la réglementation afin d’intégrer les plateformes virtuelles d’échange de devises dans la lutte contre le blanchiment d’argent et la réglementation du financement du terrorisme ;».
Il faut noter que les États-Unis et le Royaume-Uni ne sont pas les premiers à légiférer sur la régulation du bitcoin. La Chine pour sa part a littéralement interdit les plateformes d’échanges ainsi que les ICO (levées de fonds en bitcoins) dans le pays. Des mesures similaires ont été prises au Vietnam, avec la State Bank of Vietnam qui a déclaré en octobre que les monnaies cryptographiques y compris le bitcoin ne sont pas des moyens de paiement légaux.
Alors que de nombreuses personnes se frottent les mains avec la montée du cours du bitcoin, d’autres personnes incluant de grands noms du monde technologique et financier appellent à sa régulation et d’autres à son interdiction. Selon vous, le bitcoin devrait-il être plus contrôlé ? Devrait-on interdire le bitcoin avant qu’une catastrophe ne survienne ;? Ou pensez-vous que ces accusations de fraude et autres sont exagérées et portées par des personnes qui n’ont pas su flairer la bonne opportunité d’affaires ;?
Source : Telegraph, CNN, BTC Manager, USA Congress, BBC
Et vous ?
Le bitcoin devrait-il être interdit ;?
Devrait-on plus contrôler le bitcoin pour éviter la catastrophe ;?
Ou pensez-vous que le bitcoin devrait fonctionner dans son état actuel sans intervention des autorités étatiques ;?
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Le , par Olivier Famien
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