Ces derniers mois s’annoncent très mal pour Uber qui, pour un temps, avait bénéficié de la faveur de la presse. L’an dernier, la société a dû s’expliquer devant la Commission européenne pour défendre son statut de société de service numérique qui fait débat en Europe. Les pertes financières s’accumulent, mais également les sanctions et les procès. En janvier dernier, c’était la Caisse nationale suisse d’assurance qui demandait à Uber de payer des cotisations sociales pour les chauffeurs à son service, estimant qu’ils doivent être considérés comme des salariés et non des travailleurs indépendants. Le même mois, l’entreprise s’est engagée à payer une amende de 20 millions $ à la Federal Trade Commission (FTC) des États-Unis, pour mettre fin à des poursuites allégeant qu’Uber avait trompé ses chauffeurs.
Juste le mois suivant, Uber était encore impliqué dans un autre scandale. Google a porté plainte contre la société pour vol de technologies de voiture connectée par l’un de ses responsables. Ensuite, a éclaté le scandale Greyball ; une situation, entre autres, qui a entrainé la démission du président d’Uber, Jeff Jones, au bout de six mois dans la société. Comme si ce n’était pas assez, on apprend encore ce mois d’avril qu’Uber aurait manipulé les données de navigation utilisées pour déterminer le tarif de la course à l'avance. Cela aurait permis à la société de facturer les clients pour un itinéraire plus long (donc plus coûteux) que celui qui devrait réellement être emprunté par les chauffeurs.
Uber doit encore répondre à une nouvelle poursuite après un recours collectif déposé par Michael Gonzales, un ancien chauffeur de Lyft. Cela fait suite aux dernières révélations relatives au programme Hell mis en place par Uber pour espionner son concurrent, entre 2014 et 2016. D’après la plainte, Uber a intentionnellement développé des logiciels espions qui lui ont permis d'obtenir un accès non autorisé aux systèmes informatiques gérés par Lyft. La société se serait également fait passer pour des clients Lyft dans le but de nuire à son concurrent, en ayant notamment recours à la création de faux comptes clients sur la plateforme de Lyft. En utilisant Hell, Uber aurait également pu accéder à l'emplacement des chauffeurs Lyft et obtenir leur identifiant unique ; ce qui a permis à Uber de suivre les emplacements des conducteurs de Lyft au fil du temps et cibler ceux qui travaillent également pour lui.
« Uber a utilisé les données de localisation pour déterminer quels chauffeurs Lyft travaillaient également pour lui en combinant les données obtenues de Hell avec ses enregistrements internes d'historiques de localisation de ses propres conducteurs », est-il expliqué dans la plainte déposée par Michael Gonzales. « En termes simples, Uber recherchait un chevauchement entre les données de localisation afin de pouvoir cibler les conducteurs travaillant pour les deux plateformes dans le but d'améliorer la plateforme Uber et de nuire à la plateforme Lyft. Uber a accompli cela en incitant les conducteurs travaillant sur les deux plateformes à travailler principalement pour lui, réduisant ainsi l'offre de conducteurs Lyft. Ce qui a entrainé des temps d'attente accrus pour les clients de Lyft et des gains réduits pour les conducteurs de Lyft. Uber n'a jamais reconnu publiquement l'utilisation de ces logiciels espions Hell, mais n'a pas nié son existence lorsqu'il a été invité à répondre aux révélations. »
Michael Gonzales a déposé cette plainte au nom des conducteurs de Lyft dont les communications électroniques et la localisation auraient été interceptées et surveillées par Uber. Ces derniers ont en effet été employés comme chauffeurs pour Lyft pendant la période au cours de laquelle Uber a déployé le logiciel espion. À travers le recours collectif, il cherche donc « des dommages et intérêts causés par l'invasion illégale de leur vie privée et l'interception de communications électroniques et d'images » en violation des lois fédérales.
Source : Plainte contre Uber
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Uber poursuivi en justice pour invasion illégale de la vie privée des chauffeurs de Lyft
Avec son programme de surveillance Hell
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Le , par Michael Guilloux
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