En 2014, Facebook a annoncé son intention de racheter l’application de messagerie WhatsApp pour un montant de 19 milliards de dollars. Mais finalement, l’application a été rachetée à 21,8 milliards de dollars. À l’époque, il avait été précisé que rien n’allait changer pour WhatsApp. L’application n’allait pas comporter de publicité et resterait indépendante. Cela sous-entend que les comptes des utilisateurs de Facebook n’allaient pas être associés à ceux de WhatsApp.
Dans les premiers mois après l’annonce de l’intention de racheter WhatsApp par Facebook, des groupes de défense de la vie privée ont déposé un recours afin de freiner le rachat jusqu’à ce que l’usage des données des utilisateurs de WhatsApp soit clairement défini par Facebook. Il faut souligner que les fondateurs de WhatsApp avaient réussi à attirer les utilisateurs en les rassurant sur le fait que leurs données personnelles n’allaient jamais être vendues. Pour rentabiliser l’application, ses fondateurs donnaient aux utilisateurs une année gratuite d’utilisation après quoi il fallait payer un abonnement d’un dollar. Or il se trouve que le modèle économique de Facebook qui s’appuie sur la publicité basée sur les informations personnelles est diamétralement opposé à celui de WhatsApp.
Certains régulateurs et particulièrement ceux de l’Union européenne (UE) qui se sont penchés sur cette question alors les démarches de l’acquisition avaient cours ont eu comme éléments de réponse de la part de Facebook que la fusion de comptes des deux plateformes ne pourrait se faire automatiquement et de manière fiable. Seulement, deux ans plus tard, une mise à jour de WhatsApp relative à ses conditions générales d’utilisation a annoncé la fusion des informations entre les deux comptes des utilisateurs de WhatsApp et Facebook Messenger. Plusieurs régulateurs se sont sentis floués, car Facebook a clairement expliqué lors de l’opération de rachat que les deux plateformes resteraient indépendantes.
En réponse, l’autorité de protection des données de l’Allemagne a demandé à Facebook de suspendre le partage des données avec WhatsApp. Celles de la Grande-Bretagne et de la France ont fait de même. Et pour aller encore plus loin, l’UE a condamné Facebook à une amende de 110 millions d’euros. Mais toutes ces mesures n’ont pas réussi à empêcher Facebook de fusionner les données des utilisateurs avec celles de WhatsApp.
Il y a quelques jours, Reuters s’est entretenue avec Isabelle de Silva, présidente de l’Autorité de la concurrence en France sur l’acquisition de WhatsApp par Facebook. Selon Isabelle de Silva, « ;des accords tels que la fusion Facebook/WhatsApp n’auraient probablement pas dû être autorisés ;». La présidente de l’Autorité de la concurrence continue en expliquant que « ;l’une des choses que nous voyons plus clairement maintenant qu’il y a quelques années est comment la capacité de collecter et d’exploiter des données est un avantage majeur. C’est ce qui permet aux acteurs comme Facebook et Google de créer leur valeur aujourd’hui ;». De Silva ajoute que « ;ce qui fait le succès de Facebook aujourd’hui, ce n’est pas seulement le fait d’avoir acheté WhatsApp et Instagram... mais aussi d’avoir pu agréger les communautés de ces utilisateurs en fusionnant les trois communautés qui étaient auparavant séparées ;».
Avec l’acquisition de toutes ces entreprises, l’on pourrait se demander à juste titre si cette situation ne finirait pas donner lieu à un monopole qui pourrait occasionner des abus de position dominante. À ce sujet, de Silva soutient qu’être « ;dominant n’est pas en soi illégal ;». Elle estime qu’il est « ;douteux qu’une entreprise déjà dominante puisse acquérir toutes les entreprises de son écosystème et qu’aucun rival ne puisse émerger ;». Ainsi ce qu’elle retient de l’expérience de Facebook/WhatsApp, c’est qu’au lieu de chercher à dissoudre cette entreprise et par-delà les grandes entreprises technologiques américaines, elle suggère qu’il faudrait renforcer les contrôles sur les grandes entreprises technologiques qui avalent des startups innovantes ;!
Source : Reuters
Et vous ?
Que pensez-vous des leçons tirées par Isabelle de Silva ;?
Selon vous, les régulateurs ont-ils suffisamment fait pour empêcher la fusion des données des utilisateurs de WhatsApp et Facebook Messenger ;?
Les régulateurs n’auraient-ils pas pu interdire la fusion de Facebook et WhatsApp, en dépit du rachat qui avait déjà eu lieu ;?
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« Le rachat de WhatsApp par Facebook n'aurait pas dû être autorisé », déclare Isabelle de Silva, présidente de l'Autorité de la concurrence,
Après avoir tiré plusieurs leçons suite à cette fusion
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Le , par Olivier Famien
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