Contrat JEDI avec le Pentagone : Amazon veut porter plainte contre le gouvernement US suite à son attribution à Microsoft
Et dénonce un « parti pris incontestable »
Le 2019-11-15 14:34:52, par Stéphane le calme, Chroniqueur Actualités
Le 25 octobre dernier, le Pentagone a accordé à Microsoft le contrat sur le programme JEDI (Joint Enterprise Defense Infrastructure) qui couvrira toutes les branches de l’Armée US créant un environnement de cloud standard au sein du département de la Défense. Le contrat de 10 milliards de dollars devrait s’étendre sur une période de 10 ans.
Dans un communiqué attribuant le contrat à Microsoft, le ministère de la Défense a déclaré : « le processus d'acquisition s'est déroulé conformément aux lois et règlements en vigueur ». « Toutes les (offres) ont été traitées équitablement et évaluées conformément aux critères d'évaluation énoncés dans la demande de soumissions. Avant l'attribution du prix, le ministère s'est entretenu avec l'inspecteur général du ministère de la Défense, qui a éclairé la décision d'aller de l'avant », a ajouté le ministère.
Ce contrat est d'une importance capitale, car il est au cœur des efforts du Pentagone pour moderniser sa technologie. Une grande partie de l'armée utilise des systèmes informatiques des années 1980 et 1990, et le ministère de la Défense a dépensé des milliards de dollars pour essayer de les moderniser, a rapporté Reuters. Selon le quotidien, les fonctionnaires se sont plaints d'avoir des systèmes informatiques désuets et d'être incapables d'accéder aux dossiers ou de partager l'information aussi rapidement que cela se fait dans le secteur privé.
L'unification de l'information dans le cloud présente, par conséquent, des avantages évidents pour le Pentagone à mesure que les militaires utilisent davantage les capteurs à distance, les armes semi-autonomes et l'intelligence artificielle. Selon Reuters, le Pentagone a déclaré qu'il avait accordé plus de 11 milliards de dollars dans le cadre de 10 contrats de cloud distincts au cours des deux dernières années. « Alors que nous poursuivons l'exécution de la stratégie cloud du DoD, d'autres contrats sont prévus pour les services cloud et les solutions complémentaires de migration et d'intégration nécessaires à une adoption efficace du Cloud », a déclaré le Pentagone.
La Défense avait lancé un appel d’offres en juillet 2018 et les finalistes désignés par le ministère américain de la Défense étaient Microsoft et Amazon.
Mais la décision d’attribution de JEDI à Microsoft devant Amazon a surpris plus d’un. Car, d’une part, AWS avait été considérée comme le chef de file pour avoir construit des services de cloud computing pour la Central Intelligence Agency, et d’autre part, parce qu’Amazon avait été certifiée au plus haut niveau d'habilitation de sécurité existant, tandis que Microsoft s'efforçait de rattraper son retard dans le cloud computing, selon le News York Times. Il faut noter également que le processus d’attribution, qui a duré longtemps que prévu, a aussi été émaillé par des intrusions de la Maison-Blanche, le président Trump devenant parfois publiquement hostile à Jeff Bezos, PDG d’Amazon. Bezos possède également le Washington Post qui n’hésite pas à critiquer l’administration Trump. JEDI a aussi fait l’objet de critiques dès le départ par les employés de certains fournisseurs.
Selon le NYT, l'attribution à Microsoft est susceptible d'alimenter les soupçons que Trump aurait pu jouer un rôle important en privé aussi bien qu'en public pour éliminer Amazon. Rapportant les déclarations d'experts en passation de marchés fédéraux, le quotidien a souligné qu'il serait tout à fait inapproprié qu'un président intervienne dans l'attribution d'un marché. Pour rappel, en août dernier, Trump a déclaré que son administration examinait l'offre d'Amazon à la suite de plaintes déposées par d'autres entreprises.
Amazon veut faire appel de cette décision
Amazon a décidé de poursuivre le Pentagone en justice. La société allègue un « parti pris incontestable » de la part du gouvernement lors de l'attribution d'un contrat de grande envergure dans le domaine de la technologie militaire à Microsoft.
Dans une déclaration publiée jeudi, l'unité cloud d'Amazon a déclaré que « de nombreux aspects du processus d'évaluation de JEDI comportaient des lacunes, des erreurs et des préjugés évidents - et qu'il était important que ces problèmes soient examinés et corrigés ». La société a déclaré qu'elle ferait appel de l'attribution du contrat devant la Cour américaine des réclamations fédérales.
Le porte-parole d'Amazon Web Services a déclaré que la société était « particulièrement expérimentée et qualifiée » pour le poste, ajoutant : « Nous pensons également qu'il est essentiel pour notre pays que le gouvernement et ses dirigeants élus gèrent les achats de manière objective et sans influence politique ».
Lors de l'appel d'offres lancé sur JEDI en 2018, Amazon était considéré comme la seule société à posséder les qualifications requises. Son rival, Oracle, a mené une campagne de lobbying qui accusait le Pentagone et Amazon de s’établir dans une relation intime, en montrant les employés du Département de la Défense qui avaient travaillé pour AWS. L'entreprise a également choisi de déposer une plainte auprès du gouvernement américain pour protester contre l'idée d’attribuer le contrat JEDI du Pentagone à un seul fournisseur. Pour Oracle, cela pourrait nuire à l'innovation, à la concurrence et à la sécurité. Mais en juillet, un juge a définitivement écarté Oracle de la compétition en rejetant sa plainte.
Source : Reuters
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Dans un communiqué attribuant le contrat à Microsoft, le ministère de la Défense a déclaré : « le processus d'acquisition s'est déroulé conformément aux lois et règlements en vigueur ». « Toutes les (offres) ont été traitées équitablement et évaluées conformément aux critères d'évaluation énoncés dans la demande de soumissions. Avant l'attribution du prix, le ministère s'est entretenu avec l'inspecteur général du ministère de la Défense, qui a éclairé la décision d'aller de l'avant », a ajouté le ministère.
Ce contrat est d'une importance capitale, car il est au cœur des efforts du Pentagone pour moderniser sa technologie. Une grande partie de l'armée utilise des systèmes informatiques des années 1980 et 1990, et le ministère de la Défense a dépensé des milliards de dollars pour essayer de les moderniser, a rapporté Reuters. Selon le quotidien, les fonctionnaires se sont plaints d'avoir des systèmes informatiques désuets et d'être incapables d'accéder aux dossiers ou de partager l'information aussi rapidement que cela se fait dans le secteur privé.
L'unification de l'information dans le cloud présente, par conséquent, des avantages évidents pour le Pentagone à mesure que les militaires utilisent davantage les capteurs à distance, les armes semi-autonomes et l'intelligence artificielle. Selon Reuters, le Pentagone a déclaré qu'il avait accordé plus de 11 milliards de dollars dans le cadre de 10 contrats de cloud distincts au cours des deux dernières années. « Alors que nous poursuivons l'exécution de la stratégie cloud du DoD, d'autres contrats sont prévus pour les services cloud et les solutions complémentaires de migration et d'intégration nécessaires à une adoption efficace du Cloud », a déclaré le Pentagone.
La Défense avait lancé un appel d’offres en juillet 2018 et les finalistes désignés par le ministère américain de la Défense étaient Microsoft et Amazon.
Mais la décision d’attribution de JEDI à Microsoft devant Amazon a surpris plus d’un. Car, d’une part, AWS avait été considérée comme le chef de file pour avoir construit des services de cloud computing pour la Central Intelligence Agency, et d’autre part, parce qu’Amazon avait été certifiée au plus haut niveau d'habilitation de sécurité existant, tandis que Microsoft s'efforçait de rattraper son retard dans le cloud computing, selon le News York Times. Il faut noter également que le processus d’attribution, qui a duré longtemps que prévu, a aussi été émaillé par des intrusions de la Maison-Blanche, le président Trump devenant parfois publiquement hostile à Jeff Bezos, PDG d’Amazon. Bezos possède également le Washington Post qui n’hésite pas à critiquer l’administration Trump. JEDI a aussi fait l’objet de critiques dès le départ par les employés de certains fournisseurs.
Selon le NYT, l'attribution à Microsoft est susceptible d'alimenter les soupçons que Trump aurait pu jouer un rôle important en privé aussi bien qu'en public pour éliminer Amazon. Rapportant les déclarations d'experts en passation de marchés fédéraux, le quotidien a souligné qu'il serait tout à fait inapproprié qu'un président intervienne dans l'attribution d'un marché. Pour rappel, en août dernier, Trump a déclaré que son administration examinait l'offre d'Amazon à la suite de plaintes déposées par d'autres entreprises.
Amazon veut faire appel de cette décision
Amazon a décidé de poursuivre le Pentagone en justice. La société allègue un « parti pris incontestable » de la part du gouvernement lors de l'attribution d'un contrat de grande envergure dans le domaine de la technologie militaire à Microsoft.
Dans une déclaration publiée jeudi, l'unité cloud d'Amazon a déclaré que « de nombreux aspects du processus d'évaluation de JEDI comportaient des lacunes, des erreurs et des préjugés évidents - et qu'il était important que ces problèmes soient examinés et corrigés ». La société a déclaré qu'elle ferait appel de l'attribution du contrat devant la Cour américaine des réclamations fédérales.
Le porte-parole d'Amazon Web Services a déclaré que la société était « particulièrement expérimentée et qualifiée » pour le poste, ajoutant : « Nous pensons également qu'il est essentiel pour notre pays que le gouvernement et ses dirigeants élus gèrent les achats de manière objective et sans influence politique ».
Lors de l'appel d'offres lancé sur JEDI en 2018, Amazon était considéré comme la seule société à posséder les qualifications requises. Son rival, Oracle, a mené une campagne de lobbying qui accusait le Pentagone et Amazon de s’établir dans une relation intime, en montrant les employés du Département de la Défense qui avaient travaillé pour AWS. L'entreprise a également choisi de déposer une plainte auprès du gouvernement américain pour protester contre l'idée d’attribuer le contrat JEDI du Pentagone à un seul fournisseur. Pour Oracle, cela pourrait nuire à l'innovation, à la concurrence et à la sécurité. Mais en juillet, un juge a définitivement écarté Oracle de la compétition en rejetant sa plainte.
Source : Reuters
Et vous ?
Voir aussi :
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Nous sommes les gentils.mais voulez-vous une défense nationale forte ou pas ?
C'est fou cette planète avec autant de génies incompris et qui participent autant à transformer continuellement cette planète en enfer par n'importe quel moyen.
Juste une question, est-ce que toutes les personnes qui travaillent pour amazon ont une vie formidable ? C'est comme les super-marchés, on est passé de milliers de commerçants gagnant correctement leur vie à des milliers de smicards traité comme de la merde sans valeurle 10/12/2019 à 6:46 -
MaximeChMembre éprouvéSelon vous, quel est le plus triste dans cette dépêche ?
A - Trump est président des USA
B - Microsoft a remporté un contrat de dix milliards
C - La société de Bezos fait chier le monde parce qu'elle est lésée
D - La réponse Dle 12/02/2020 à 0:13 -
Bon, on savait tous qu'Alibaba Cloud n'avait aucune chanceToutefois, lors d'un récent témoignage devant le Congrès Dana Deasy, un haut responsable de la technologie du Pentagone, a nié que Trump ou la Maison-Blanche aient influencé le processus de sélection du JEDI.
Misère de riches quoi
Ce que je trouve ahurissant, c'est qu'AWS qui a déjà une belle part du gâteau porte plainte pour en avoir une plus grosse (part de gâteau hein, commencez pas). Et s'ils ont gain de cause, je verrais bien M$FT contre-attaquer avec une plainte pour concurrence déloyale. Histoire de faire tourner tous les potos juristes parce que là on est quand même dans des montants à 11 digits
-VXle 10/12/2019 à 10:33 -
SQLproRédacteurIl est clair qu'aucune entreprise ou collectivité d'importance ne passe de l'informatique "on premise" à l'infonuagique en un claquement de doigt. Or Amazon n'existe pas en tant qu'informatique "on premise"....
Et la fiabilité et le professionnalisme de Microsoft sont largement supérieures à celles d'AWS qui s'adresse plus à la masse qu'à l'élite.
A +le 17/01/2020 à 17:15 -
defZeroMembre extrêmement actifQue pensez-vous de la plainte d’Amazon ?
Légitime dans le contexte.
Amazon a appelé à une réévaluation des propositions soumises au Pentagone et à une nouvelle décision d'attribution Cloud . Pensez-vous qu’il obtiendra cela ?
Non ...Enfin, l'évaluation peut-être, mais le résultat sera le même.
Une fois qu'on a assimilé qu'Oracle & MS ont les faveurs de Donald, tout est dit.
Je vous rappel que nous parlons d'un gars qui sans connaitre aucune des loi de sont pays, arrivent à toutes les enfreindre.
Il est à lui tout seule le résumé d'une étude du comportement chez les jeunes enfants.
Le mec est pris la main dans le sac, la bouche pleine et bien il sera capable de te soutenir qu'il n'en a pas manger, en te regardant droit dans les yeux et en trouvant injuste d'être accusé, forcement à tord.
On est d'accord qu'au temps de l’ancien code, saurait était une bonne tarte dans ça gueule, privé de repas et au lit.
Heureusement pour lui, on est la génération qui doit dire merci à l'enfant pour avoir fait preuve d'autant d'imagination.le 10/12/2019 à 16:43 -
Ryu2000Membre extrêmement actifSi les grosses entreprises US collaborent de plus en plus avec leur armée, les chinois ont peut-être raison de vouloir s'émanciper un peu des solutions US.
L'ambiance guerre froide s'accentue, on dirait qu'on se rapproche un peu de la troisième guerre mondiale. Le milieu de la technologie collabore beaucoup avec l'armée.le 10/12/2019 à 9:14 -
darklinuxMembre extrêmement actifQu ' Amazon et le reste de la Silicon Valley vont lâcher des Himalaya de dollars sur les démocratesle 10/12/2019 à 12:21
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Superzest 76Membre confirméle 16/01/2020 à 15:10
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rawsrcExpert éminent séniorA ce niveau de négociation, tu épuises toutes les cartouches avant d'abdiquer.
Tu ne signes pas un contrat à 10 milliards tous les jours, sans compter la dépendance que cela va créer : une fois les données hébergées sur l'infrastructure du prestataire, tu penses sérieusement qu'il sera possible d'en changer ? Ce n'est pas 10 ans la vraie échéance mais plutôt 30 ou 40 ans. Donc tu t'accroches, même si tu ne récupères qu'une part du gâteau... Et après, vive les avenants...le 15/11/2019 à 17:57 -
redcurveMembre extrêmement actifEn fait il s'agit de private cloud, et de cloud hybride du genre Azure Arc l'armée US ne va pas mettre ses données dans le cloud au sens classique l'infra reste chez eux mais ils ajoutent la scalabilité etc. Des trucs genre Azure databox, Arc, Azure sphère etc. Mais chez eux. Un truc comme Arc permet de créer tes propres régions avec ton propre matos, Databox te permet de chiffrer tes données avec tes certifs etc. puis de synchroniser ça avec tes propres régions etc. Rien qu'avec Arc et Databox t'es bien de chez bien. Tu peux implémenter de la sécurité "edge" avec sphère en utilisant du matos simple mais éprouvé genre raspberry et en plus l'os est opensource, pareil pour SONiC et tout le toutim.le 15/11/2019 à 19:02