Un nouveau rapport, qui fournit une analyse de la campagne de désinformation menée par la Russie lors des l'élection présidentielles américaines de 2016, révèle que toutes les grandes plateformes de médias sociaux ont été utilisées pour diffuser des mots, des images et des vidéos dans le but d'influencer les électeurs pour favoriser l'élection du président Donald Trump et le soutenir dans l'exercice de ses fonctions. Ce rapport est la suite d'une recherche menée par le Computational Propaganda Project de l’Université d’Oxford et Graphika, une entreprise d’analyse de réseaux sociaux. Le rapport, dont le quotidien américain The Washington Post a obtenu un brouillon, est le premier à analyser les millions de postes fournis par les grandes entreprises de technologie au Comité du renseignement du Sénat dirigé par le sénateur républicain Richard Burr, qui en est le son président, et le sénateur démocrate Mark Warner. Le Sénat n'a pas précisé s'il approuvait les conclusions de ce rapport et prévoit de le rendre publique plus tard cette semaine.
Le rapport offre de nouveaux détails sur la manière dont les Russes travaillant à l’Internet Research Agency auraient influencé les Américains lors des élections présidentielles de 2016 avec des infox. Les données utilisés par les chercheurs pour cette analyse ont été fournis par Facebook, Twitter et Google et couvraient plusieurs années jusqu'à mi-2017, lorsque les sociétés de médias sociaux ont réprimé les comptes russes connus. Précisons que le rapport, qui a également analysé les données fournies séparément aux membres du Comité du renseignement de la Chambre, ne contient aucune information sur des événements politiques plus récents, tels que les élections de mi-mandat de novembre dernier par exemple.
Le rapport présente certaines des premières analyses détaillées du rôle joué par YouTube et Instagram dans la campagne russe, ainsi que des anecdotes sur la manière dont les Russes utilisaient d'autres plates-formes de médias sociaux à savoir Google+, Tumblr et Pinterest, dont on a très peu parler. Les Russes auraient également utilisé des comptes de messagerie provenant de Yahoo, du service Hotmail de Microsoft et de Gmail de Google. Les chercheurs, bien qu'ils se sont basés sur les données fournies par les sociétés de technologie, ont également souligné dans le rapport la « réponse tardive et non coordonnée » des sociétés à la campagne de désinformation et, une fois découvert, leur échec à en partager davantage les informations avec les enquêteurs.
Facebook a fourni au Sénat des copies des publications de 81 pages Facebook et des informations sur 76 comptes utilisés pour acheter des publicités, mais n'a pas partagé les publications d'autres comptes d'utilisateurs gérés par l'IRA, indique le rapport. Twitter, quant à lui, rend difficile pour les chercheurs extérieurs la collecte et l’analyse de données sur sa plateforme via son flux public, ont indiqué les chercheurs. Google a soumis les informations d'une manière particulièrement difficile à gérer pour les chercheurs, en proposant des contenus tels que des vidéos YouTube, mais pas les données associées qui auraient permis une analyse plus complète. Car les informations sur YouTube étaient si difficiles à étudier pour les chercheurs, ont-ils écrit.
« Les médias sociaux sont devenus l’infrastructure naturelle de partage des revendications collectives et de coordination de l’engagement civique pour devenir un outil informatique de contrôle social, manipulé par des consultants politiques avisés et à la disposition des politiciens des démocraties et des dictatures », indique le rapport. Au cours des trois années couvertes par le rapport, les publications russes sur Instagram auraient généré 185 millions de « like » et 4 millions de commentaires d'utilisateurs.
Bien que les chercheurs aient eu du mal à interpréter les données YouTube soumises par Google, ils ont pu suivre les liens d'autres sites vers YouTube pour comprendre le rôle joué par la plateforme vidéo. « L'utilisation intensive par l'IRA de liens vers des vidéos YouTube ne laisse aucun doute sur son intérêt à tirer parti de la plateforme vidéo de Google pour cibler et manipuler le public américain », indique le rapport. L'utilisation de YouTube, à l'instar des autres plateformes, semble avoir augmenté après l'élection de Trump. Selon les données, les liens Twitter vers des vidéos YouTube ont augmenté de 84 % au cours des six mois qui ont suivi l'élection.
Le rapport montre que les Russes ont travaillé astucieusement sur plusieurs plates-formes afin d'affiner leur tactique visant des groupes particuliers, en affichant des liens entre comptes et sites afin de renforcer le succès de l'opération d'influence sur chacune d'elles. "Black Matters US", un des sites indexés par le rapport, avait des comptes sur Twitter, Facebook, Instagram, YouTube, Google+, Tumblr et PayPal, selon les chercheurs. En reliant les postes sur ces plateformes, les agents russes ont pu solliciter des dons, organiser des manifestations et des rassemblements dans le monde réel et diriger le trafic en ligne vers un site Web contrôlé par les Russes.
Les chercheurs ont constaté que lorsque Facebook a fermé sa page en août 2016, un nouveau site appelé « BM » est apparu avec beaucoup plus de messages culturels et moins de messages politiques. Selon le rapport, des agents ont également commencé à acheter des publicités Google pour promouvoir le site Web « Black Matters US » avec des messages provocateurs tels que « les flics tuent des enfants noirs. Etes-vous sûr que votre fils ne sera pas le prochain ? ». Le compte Twitter associé s'est plaint de la suspension de la page Facebook, accusant la société de technologie de « soutenir la suprématie blanche ».
Rappelons que depuis 2016, les rumeurs selon lesquelles les pirates russes auraient influencé les élections présidentielles américaines par des attaques informatiques ne cessent de s’amplifier. Hillary Clinton aurait même perdu les élections à cause de ces attaques informatiques et du piratage de ses mails, d'après les démocrates US. Et c'est la Russie qui a été le plus souvent pointée du doigt par les autorités américaines pour ces attaques observées lors des élections présidentielles américaines de 2016. Le directeur du renseignement américain, James Clapper, dans un communiqué commun avec le département de la sécurité intérieure avait en effet déclaré en 2016 que « L’USIC (U.S. Intelligence Community) est certaine que le gouvernement russe a dirigé les récentes fuites d’emails de citoyens et institutions américains, incluant des organisations politiques.
Les publications des emails piratés sur des sites comme DCLeaks.com et Wikileaks et par Guccifer 2.0 sont conformes aux méthodes et aux motivations d’efforts russes. Ces vols et ces piratages ont pour but d’interférer dans le processus électoral américain ». La CIA aurait même intercepté les « instructions spécifiques » de Poutine pour pirater les élections présidentielles de 2016. Il y a quelques mois, le Procureur général des États-Unis Jeff Sessions a mis en place une équipe pour enquêter sur les cyberingérences suite à ces inquiétudes. Et comme on pouvait s'y attendre, le département américain de la Justice a déposé ce vendredi, des accusations criminelles qui accusent 12 officiers des renseignements russes d'avoir exécuté les attaques de 2016 contre le Comité national démocrate et la campagne d'Hillary Clinton.
Source : The Washington Post
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