France : l'AN suffisamment qualifiée pour comprendre et traiter les problématiques liées au numérique ?
Éléments de réponse avec une étude
Le 2018-12-03 08:01:57, par Stéphane le calme, Chroniqueur Actualités
L’Assemblée nationale est-elle suffisamment qualifiée pour comprendre et traiter les problématiques liées au développement du numérique ? C’est à cette question que l’Institut Montaigne a cherché à répondre, fin novembre. Les 577 députés élus (ou réélus) à l’issue des élections législatives de 2017 sont ainsi passés au crible.
Pour apporter des éléments de réponse, l’Institut Montaigne a réalisé une évaluation des compétences en numérique des députés français élus lors des élections législatives du 18 juin 2017. Les résultats de cette étude montrent que, parmi les députés, 5,37 % sont classés comme experts, 10,23 % comme connaisseurs, 12,65 % comme amateurs et 71,75 % comme non-experts. En clair, il en ressort que l'essentiel des députés n'y connait pas grand chose.
Compétences en numérique des députés (tous députés confondus - 577 au total)
Paula Forteza, députée de l'assemblée nationale, y va de son commentaire
Envoyé par Paula Forteza
Méthodologie
La méthodologie repose sur un barème de points attribués à chaque député en fonction de son investissement dans le domaine du numérique. Le nombre d’années passées dans ce secteur ou son environnement proche, la diversité des sujets numériques traités, ou encore le nombre de travaux parlementaires ou non-parlementaires réalisés sur ces enjeux sont pris en compte. Par exemple, un député se verra attribuer 15 points par travail parlementaire réalisé sur le numérique. Le total de points de chaque député permet de les classer dans une de nos 3 catégories (« amateur », « connaisseur », et « expert »), qui correspondent à un niveau de points donné. Par exemple, un député devra cumuler au moins 110 points pour être considéré comme un « expert » du numérique.
L’on objectera toutefois que ces points reflètent avant tout l’activité parlementaire de personnes s’intéressant sans doute au numérique, plutôt qu’une réelle compétence dans ce domaine.
Cependant, les trois autres critères illustrent mieux le niveau des élus : 20 points sont donnés par année passée dans le secteur du numérique, 10 points par expérience annuelle liée au numérique (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) et 5 points par diplôme correspondant aux domaines des sciences, des mathématiques, de l’ingénierie et des technologies.
Au-dessus de la catégorie des « non-experts », trois groupes existent : les « amateurs » (c’est-à-dire les députés ayant obtenu entre 20 et 49 points), les « connaisseurs » (entre 50 et 109 points) et les « experts » (au-delà de 110 points).
Barème de notation
Gilles Babinet, conseiller sur les questions numériques, souligne que
Envoyé par Gilles Babinet
Liste des experts (par ordre alphabétique)
Députés ayant obtenu plus de 110 points - voir barème
Mentions
À la question de savoir s'il y a suffisamment de députés experts sur les sujets du numérique et s'il faut espérer que plus de députés aient un bagage numérique, Gilles Babinet note que cela fait maintenant sept ans qu'il est en interaction avec les pouvoirs publics pour aider ceux-ci à mieux appréhender ces sujets. « Je me souviens combien j’ai été au début frappé par le manque d’expertise évident sur ces enjeux, à tous niveaux du corps politique et de l’administration. Il me semble que c’est là une des explications du retard pris par notre pays », regrette-il.
Envoyé par Gilles Babinet
Répartition des compétences numériques par parti (cas des experts)
Il faut noter que sur ces 31 députés experts, la très grande majorité occupe en général un ou plusieurs postes à responsabilité dans les groupes d’études relatifs au numérique (présidence, vice-présidence ou secrétariat), même si leur répartition est inégale : tous les postes-clés du groupe d’études sur « la cybersécurité et la souveraineté numérique » leur sont revenus, mais pas pour celui sur « les startups, PME et ETI ».
Dans la plupart des cas, ces députés, outre des postes à responsabilité dans ces groupes d’études, peuvent aussi avoir un simple statut de membre. Attention : cela ne veut pas dire que les autres parlementaires ne sont pas qualifiés : certains d’entre eux figurent peut-être dans les catégories « amateurs » ou « connaisseurs ». Les 31 élus que l’Institut Montaigne met en avant sont juste ceux ayant eu la meilleure notation.
Seuls trois parlementaires « experts » n’apparaissent pas dans l’un de ces groupes.
Il s’agit de Moetai Brotherson, que l’on retrouve dans une mission d’information sur la blockchain et dans un groupe de travail sur la démocratie numérique et les nouvelles formes de participation citoyenne, Franck Riester, qui est entré au gouvernement à la mi-octobre et qui a un certain passif sur ces sujets, et Cédric Villani, dont l’expertise vient d’un parcours brillant en mathématiques et par un rapport sur l’IA.
Envoyé par Paula Forteza
Source : Institut Montaigne
Et vous ?
Que pensez-vous de cette méthodologie ? Vous semble-t-elle fiable ?
L’Assemblée nationale vous semble-t-elle suffisamment qualifiée pour comprendre et traiter les problématiques liées au développement du numérique ?
Voir aussi :
La France dévoile son plan sur l'Intelligence artificielle pour 665 millions d'euros, quelles en sont les grandes lignes ?
France : les régulateurs tirent la sonnette d'alarme contre le projet de vente de « coupons » de bitcoin dans les bureaux de tabac dès 2019
France : dès 2019, les bureaux de tabac pourront vendre des « coupons » de bitcoin permettant de créditer des portefeuilles électroniques
France : les députés LR proposent une loi visant à introduire une taxation de 5 % sur le chiffre d'affaires des opérateurs de plateformes numériques
France : la loi contre les infox est définitivement adoptée par les députés et les sénateurs ont déposé un recours devant le Conseil constitutionnel
Pour apporter des éléments de réponse, l’Institut Montaigne a réalisé une évaluation des compétences en numérique des députés français élus lors des élections législatives du 18 juin 2017. Les résultats de cette étude montrent que, parmi les députés, 5,37 % sont classés comme experts, 10,23 % comme connaisseurs, 12,65 % comme amateurs et 71,75 % comme non-experts. En clair, il en ressort que l'essentiel des députés n'y connait pas grand chose.
Compétences en numérique des députés (tous députés confondus - 577 au total)
Paula Forteza, députée de l'assemblée nationale, y va de son commentaire
La méthodologie repose sur un barème de points attribués à chaque député en fonction de son investissement dans le domaine du numérique. Le nombre d’années passées dans ce secteur ou son environnement proche, la diversité des sujets numériques traités, ou encore le nombre de travaux parlementaires ou non-parlementaires réalisés sur ces enjeux sont pris en compte. Par exemple, un député se verra attribuer 15 points par travail parlementaire réalisé sur le numérique. Le total de points de chaque député permet de les classer dans une de nos 3 catégories (« amateur », « connaisseur », et « expert »), qui correspondent à un niveau de points donné. Par exemple, un député devra cumuler au moins 110 points pour être considéré comme un « expert » du numérique.
L’on objectera toutefois que ces points reflètent avant tout l’activité parlementaire de personnes s’intéressant sans doute au numérique, plutôt qu’une réelle compétence dans ce domaine.
Cependant, les trois autres critères illustrent mieux le niveau des élus : 20 points sont donnés par année passée dans le secteur du numérique, 10 points par expérience annuelle liée au numérique (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) et 5 points par diplôme correspondant aux domaines des sciences, des mathématiques, de l’ingénierie et des technologies.
Au-dessus de la catégorie des « non-experts », trois groupes existent : les « amateurs » (c’est-à-dire les députés ayant obtenu entre 20 et 49 points), les « connaisseurs » (entre 50 et 109 points) et les « experts » (au-delà de 110 points).
Barème de notation
Gilles Babinet, conseiller sur les questions numériques, souligne que
Députés ayant obtenu plus de 110 points - voir barème
- Florian Bachelier
- Ugo Bernalicis
- Bruno Bonnell
- Éric Bothorel
- Moetai Brotherson
- Jean-René Cazeneuve
- Anthony Cellier
- Olivier Dassault
- Christophe Di Pompeo
- Virginie Duby-Muller
- Paula Forteza
- Albane Gaillot
- Thomas Gassilloud
- Philippe Gosselin
- Olivia Grégoire
- Christine Hennion
- Danièle Hérin
- Sébastien Huyghe
- Marietta Karamanli
- Amélia Lakrafi
- Jean-Luc Lagleize
- Constance Le Grip
- Sylvain Maillard
- Denis Masséglia
- Jean-Michel Mis
- Franck Riester
- Pierre-Alain Raphan
- Laure de la Raudière
- Hervé Saulignac
- Vincent Thiébaut
- Cédric Villani
Mentions
À la question de savoir s'il y a suffisamment de députés experts sur les sujets du numérique et s'il faut espérer que plus de députés aient un bagage numérique, Gilles Babinet note que cela fait maintenant sept ans qu'il est en interaction avec les pouvoirs publics pour aider ceux-ci à mieux appréhender ces sujets. « Je me souviens combien j’ai été au début frappé par le manque d’expertise évident sur ces enjeux, à tous niveaux du corps politique et de l’administration. Il me semble que c’est là une des explications du retard pris par notre pays », regrette-il.
Répartition des compétences numériques par parti (cas des experts)
Il faut noter que sur ces 31 députés experts, la très grande majorité occupe en général un ou plusieurs postes à responsabilité dans les groupes d’études relatifs au numérique (présidence, vice-présidence ou secrétariat), même si leur répartition est inégale : tous les postes-clés du groupe d’études sur « la cybersécurité et la souveraineté numérique » leur sont revenus, mais pas pour celui sur « les startups, PME et ETI ».
Dans la plupart des cas, ces députés, outre des postes à responsabilité dans ces groupes d’études, peuvent aussi avoir un simple statut de membre. Attention : cela ne veut pas dire que les autres parlementaires ne sont pas qualifiés : certains d’entre eux figurent peut-être dans les catégories « amateurs » ou « connaisseurs ». Les 31 élus que l’Institut Montaigne met en avant sont juste ceux ayant eu la meilleure notation.
Seuls trois parlementaires « experts » n’apparaissent pas dans l’un de ces groupes.
Il s’agit de Moetai Brotherson, que l’on retrouve dans une mission d’information sur la blockchain et dans un groupe de travail sur la démocratie numérique et les nouvelles formes de participation citoyenne, Franck Riester, qui est entré au gouvernement à la mi-octobre et qui a un certain passif sur ces sujets, et Cédric Villani, dont l’expertise vient d’un parcours brillant en mathématiques et par un rapport sur l’IA.
Et vous ?
Voir aussi :
-
Ecthelion2Membre extrêmement actifQue travailler sur un rapport sur une question précise sur le domaine du numérique, les 3/4 du travail ayant été fait par des petites mains, ne fait pas de vous un "expert" dans le domaine.
Non
Non
Pas besoin d'une étude pour être conscient de cela. Au mieux cela montrera peut-être aux gens (mais tout le monde s'en moque), qu'ils n'y connaissent rien, les gens du domaine étant déjà au courant depuis longtemps.le 03/12/2018 à 9:41 -
JeanMorletMembre régulierOn ne peut pas demander aux députés d'être expert dans tous les domaines. Ce ne serait pas possible, ni même crédible. Tout ce que je leur demande c'est de savoir s'entourer des bonnes personnes pour obtenir des conseils de bonne qualité. Après, que certains donnent leurs opinions sans comprendre de quoi ils parlent, c'est à peine surprenant mais bien triste.le 03/12/2018 à 13:25
-
marsupialExpert éminentEdifiant.
Cela n'a guère évolué depuis le firewall d'Open Office. Comment s'inscrire dans le monde d'aujourd'hui pour notre pays si les élus ne le comprennent pas ?le 03/12/2018 à 9:04 -
Ecthelion2Membre extrêmement actifMalheureusement, même ça ils n'y arrivent pas (ou font exprès de ne pas y arriver).
Leurs assistants sont souvent les mêmes peu importe le sujet, et ce sont eux qui font le plus gros du travail, et ils ne peuvent s'y connaitre partout non plus, et surtout, vu qu'il faut toujours faire tout passer en vitesse, pour faire plaisir aux lobbys et autres amis fortunés, on n'a pas le temps de consulter des vrais experts qui vous diront que ce que vous voulez mettre en place prendra des années ou est impossible, car ce n'est pas ce qu'ils veulent entendre, sans parler des sujets où les experts ne sont pas d'accord entre eux, ou des sujets sur lequel on aura une vision différente en fonction de sa couleur politique... (car si c'est pour consulter des experts qui votent pour votre parti, sans contradicteur en face, cela ne vaut guère mieux que pas d'experts du tout).
Et ce problème ne concerne pas que l'Assemblée ou le Sénat, c'est pareil avec les ministres, qui au long de leur carrière vont passer de l'intérieur, à la finance, puis à l'éducation ou la santé, et par le ministère des chaussettes rouges portées le dimanche. Ils ne s'y connaissent pas en tout non plus, et effectivement, ce n'est pas ce qu'on leur demande, tout ce que leur demande (enfin les dirigeants), c'est d'avoir suffisamment de bagou et de prestance pour pouvoir vendre des lunettes à un aveugle (et le pire c'est que cela fonctionne). le 03/12/2018 à 14:18 -
Ecthelion2Membre extrêmement actifPossible d'avoir un bref résumé de ce qu'il dit, car les vidéos au boulot, je ne peux pas trop, et comme il n'y a pas de sous-tires pour éventuellement regarder sans le son... (Enfin sinon je regarderais ce soir si j'y pense)le 03/12/2018 à 15:11
-
Ryu2000Membre extrêmement actifPremièrement le gagnant d'une élection c'est généralement l’abstentionnisme.
Beaucoup de Français ne se sentent représenté par aucun candidat.
Après le problème c'est le "vote utile", les gens qui se disent "je vais voter pour un des favoris ça ne sert à rien de voter pour quelqu'un qui va faire moins de 1%" et je trouve ça anti démocratique, les sondages ne devraient pas exister et les candidats devraient bénéficier du même temps d'écoute. (à la dernière élection Macron était beaucoup plus présent que les autres, les médias parlaient aussi de Fillon mais pour d'autres raisons...)
Je crois qu'il y a eu un débat à la TV sans tous les candidats... (si il n'y avait pas assez de place il ne fallait pas inviter les favoris vu qu'on sait déjà ce qu'ils proposent)
Au second tour on vote généralement contre :
2002 => Je déteste Jean-Marie je vais voter Chirac
2012 => Je déteste Sarkozy je vais voter Hollande
2017 => Je déteste Marine je vais voter Macron
Il faudrait changer notre démocratie, car elle ne fonctionne pas.
Regardez Macron, au bout de 18 ans c'est déjà le gros bordel.
Il a déjà battu le record d'impopularité de Sarkozy, combien de temps il va mettre à battre celui d'Hollande ? Est-ce qu'il va réussir à tenir 5 ans ?
Hollande a mis la barre incroyablement haute :
4% : l’incroyable record d’impopularité du président Hollandele 04/12/2018 à 8:19 -
SteinvikelMembre expertune contre-réponse d'un expert du domaine, le lien démarre à la séquence concerné, ce sont les 7 dernières minutes :
https://youtu.be/88PwKlaFOv8?t=4874
Malheureusement ce type de sensibilisation, d'instruction, d'éducation...bah ça prends du temps. :/le 03/12/2018 à 14:48 -
SteinvikelMembre expertBonne remarque Ryu2000, l'élection sert à élire celui qui nous plait le plus, et non le plus compétant.
En gros, les 7min exposent dans 2 exemples concrets et récents, comment un sujet peu arriver dans un processus législatif, malgré l'inculture du sujet par l'ensemble du congrès. Il expose aussi comment un travail abouti peu résulter de ce processus, malgré l'incompétence des députés pour un sujet donné.
Je recommande chaudement ces 7 dernières minutes, c'est à la fois rassurant, porteur d'espoir, et permet de voir la fameuse "théorie du complot" servir à un autre desseins que celui de censure , de destruction et compagnie.le 03/12/2018 à 19:53 -
Ryu2000Membre extrêmement actifLes députés ne sont pas suffisamment qualifiée pour comprendre et traiter les problématiques liées à quoi que ce soit...
Il y a une infinité de sujets et il est impossible d'être expert en tout.
Donc ils sont tous expert en rien comme ça il n'y a pas de problème...
Ils maîtrisent peu de sujet (le vol en fait partie), mais de toute façon ce n'est pas un critère lors des élections.
Qui a déjà dit "Je vais voter pour elle, elle est compétente dans plein de domaines" ?
On bat des records d'abstention lors des élections législatives françaises. (57,4 % en 2017 et on s'est retrouvé avec des députés LREM encore plus incompétent que ceux du PS ou de l'UMP...)
Au début il y avait de l'espoir, les gens se disaient "les députés LREM n'y connaissent rien en politique, ils seront certainement moins pourri que les autres", manque de bol, ils sont aussi nul dans les autres domaines qu'en politique.
Couacs à répétitions pour les députés novices LREM à l'Assemblée : "c'est très vexant", reconnaît Jean-Baptiste Djebbari (Haute-Vienne)
COUACS - Pas facile pour les nouveaux députés de s'habituer aux us et coutumes du Palais Bourbon, à ses codes et à son règlement. Ces dernières semaines, les approximations, hésitations et flottements sont devenus quotidiens, au point que les "vieux de la vieille" n'hésitent plus à multiplier les "rappels au règlement".
La République en Marche l'avait annoncé : il y aurait un vent de renouveau dans l'hémicycle. Une promesse de "fraîcheur" qui ne s'est pas fait attendre. Sur les 306 députés LREM, neuf sur dix sont en effet des novices en politique. Des petits nouveaux qui réalisent leurs premiers pas à l'Assemblée Nationale … et ça se voit !
Il parait que Bohort dans KAAMELOTT dit : «Mais c'est ça justement gouverner : y'a un problème, on le règle, même si on n'y connaît rien».
Ça devait parler de la sécurité, du budget, du protocole, de l’armement et de la pêche.le 03/12/2018 à 15:49