Accusé d’avoir favorisé son service de comparaison de prix (Google Shopping) dans ses résultats de recherche, Google a été lourdement sanctionné en juin 2017 par le régulateur européen de la concurrence. La Commission a infligé une amende de 2,4 milliards d’euros au géant de la recherche en ligne, soit plus du double de l’amende record de l'époque de 1,06 milliard prononcée pour Intel.
En prononçant sa décision, la Commission avait donné un délai de 90 jours à Google pour lui faire des propositions visant à mettre fin aux pratiques dénoncées et les mettre en œuvre. Google a fait appel de l'amende de la Commission européenne, mais a accepté de mettre au point un système qui, selon lui, rend les achats plus équitables. Et comme solution, Google a proposé et mis en place, après approbation de la Commission, un système d'enchères aux comparateurs de prix concurrents. Concrètement, il s'agit pour Google de ne plus afficher uniquement les annonces Google Shopping en haut des résultats de recherche. La firme va donner la possibilité aux comparateurs de prix concurrents d'avoir des annonces à cet endroit privilégié, mais les places étant limitées, elles seront vendues aux plus offrants.
Google a également décidé de traiter son service Shopping au même titre que les concurrents. Pour cela, Google a accepté de séparer son service de comparaison de prix de la société principale et de s’assurer qu’il fonctionne de manière indépendante. Cela veut dire que Google Shopping va participer à la vente aux enchères de la même manière et dans les mêmes conditions que tous les autres. Et les emplacements publicitaires qui seront vendus aux enchères à Google Shopping ne seraient pas subventionnés par les revenus de l'activité principale de publicité de Google. Mais plus d'un an après, Google n'est toujours pas conforme aux exigences européennes en matière de recherche de produits plus équitable, d'après les comparateurs de prix rivaux.
Dans une lettre ouverte adressée à la commissaire à la concurrence de l'UE, 14 services de comparaison de prix européens ont déclaré que les mesures mises en place par le géant de la recherche pour améliorer les choses ne font, au contraire, que les aggraver. Et ils exhortent donc la commission à exiger de Google un nouveau remède. Les rivaux estiment en effet que le processus de vente aux enchères n'est « ni conforme ni efficace ».
« Cela fait maintenant plus d'un an que Google a mis en place son "remède" basé sur une enchère et les dommages à la concurrence, aux consommateurs et à l'innovation causés par le comportement illégal de Google se sont poursuivis sans relâche », lit-on dans la lettre. La principale préoccupation des concurrents est que le système d'enchère les oblige à racheter des espaces publicitaires avec « la grande majorité de leurs bénéfices ». Pendant ce temps, Google Shopping n'est nullement affecté financièrement par les enchères, puisque c'est de l'argent qui se déplace au sein d’une même société.
Parlant de Google Shopping, les rivaux déclarent en effet que « ses offres sont juste une comptabilité interne dénuée de sens, payée d'une poche de Google à une autre ». Ils estiment également que « tant que le placement est déterminé par les enchères plutôt que par la pertinence, le fait que les concurrents n’occupent aucun, quelques-uns ou même la totalité des espaces disponibles n’a guère d'importance. Dans tous les cas, Google est le principal bénéficiaire des revenus générés par ces entrées et les consommateurs sont les principaux perdants. »
« Les internautes attendent de Google qu'ils leur fournissent les résultats de recherche les plus pertinents, mais la vérité est que Google exploite cette confiance et leur montre les résultats des annonceurs qui paient le prix le plus élevé », ajoute Shivaun Raff, directeur général du plaignant principal Foundem. Mais en réponse à cette lettre ouverte, le géant de la recherche en ligne estime pour sa part qu'il permet à tous les services de comparaison de se faire une concurrence juste pour afficher les annonces de produits des marchands sur la page de résultats de recherche de Google.
Les concurrents accusent également Google d'encourager les agences de publicité à « se faire passer » pour des sites de comparaison de prix. « Réalisant qu'il ne sera jamais possible d'alimenter sa nouvelle enchère avec suffisamment de services de comparaison de prix pour créer même l'apparence d'un remède qui fonctionne, Google a maintenant entrepris de le remplir avec des faux [services de comparaison] », peut-on lire encore dans la lettre. Mme Vestager, la commissaire européenne à la concurrence dit d'ailleurs avoir « remarqué la pratique ». La Commission se demande déjà si le système d'enchères de Google est vraiment une solution équitable. Le dossier n'est donc pas clos. S'il s'avère que Google continue ses pratiques illégales, la Commission européenne peut annuler la solution mise en place par le géant de la recherche et l'obliger à trouver un nouveau remède.
Sources : BBC, Lettre ouverte
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Et demandent à la Commission d'exiger un nouveau remède
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Le , par Michael Guilloux
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