
S'invitant dans le débat, Ellen Ruppel Shell, professeur de journalisme scientifique et auteur du livre "The job: work and its future in a time of radical change", affirme avec plus de certitude que l'IA et l'automatisation vont remplacer la plupart des travailleurs humains, c'est-à-dire à une plus grande échelle qu'on le pense. Si les économistes sont sceptiques quant à la possibilité que les robots puissent remplacer les humains à grande échelle, elle estime qu'on peut s'apercevoir qu'ils ont tort, juste en regardant ce qui se passe pour les emplois dans le commerce de détail ; un secteur dans lequel Amazon pousse à l'extrême l’automatisation depuis ses entrepôts jusqu'aux magasins sans caisse.
Les analystes prévoient qu’en 2020, un cinquième du marché de plusieurs milliards de dollars de la vente au détail aux États-Unis aura été transféré sur le Web et que, à lui seul, Amazon détiendra les deux tiers de cette prime. La société capte déjà un dollar sur deux que les Américains dépensent en ligne et est de loin le plus gros vendeur de livres, de musique, de jeux vidéo, de téléphones portables, d'appareils électroniques, de petits appareils ménagers, de jouets, d'abonnements à des magazines, entre autres. La société fabrique également des milliers de produits et possède des marques connues telles que Zappos, Shopbop, IMDb, Audible et Twitch.

Entrepôt Amazon
Pour Ellen Ruppel Shell, si Amazon est si efficace, ce n'est pas seulement grâce à un « modèle économique qui tue », mais c'est aussi grâce à l’automatisation. Dans le monde entier, l'entreprise utilise déjà plus de 100 000 robots pour travailler dans ce qu'elle appelle une « symbiose parfaite » avec les humains dans ses entrepôts. Et Amazon prévoit d’en utiliser plusieurs milliers d’autres. Bien que cette symbiose parfaite ne soit pas clairement définie, les robots feraient économiser 22 millions de dollars par an, par entrepôt. Et la société compte aller plus loin dans l'automatisation en livrant des produits par drones et véhicules autonomes.
L'automatisation permet donc d'accroitre la productivité, et peut permettre aussi de faire beaucoup d'économie (y compris en réduisant le coût de l'emploi humain), deux avantages pleinement expérimentés par Amazon, le géant US de l'e-commerce. Outre ces avantages qui poussent les entreprises à l'automatisation, Ellen Ruppel Shell rappelle que les travailleurs humains sont compliqués et difficiles à gérer. Nous sommes sujets à la fatigue, la faim, la distraction, la colère, entre autres sentiments. Nous commettons également des erreurs, parfois graves, alors que l'erreur humaine peut être évitée par la précision robotique. Les robots peuvent en effet être très précis, en particulier pour les tâches de routine. Ils sont en plus dépourvus de nos faiblesses et préjugés. Sans oublier que les machines peuvent conserver et traiter les données avec beaucoup plus de précision que nous le pouvons, et ces données connaissent une croissance exponentielle. Ce sont, selon la journaliste, des éléments qui jouent en faveur de l'IA et l'automatisation.
Beaucoup disent également ne pas craindre que les robots et l'IA remplacent les humains à grande échelle, parce qu'ils sont loin de la perfection. Mais ce serait une erreur de penser ainsi. En effet, comme l'explique Ellen Ruppel, les robots et l'IA ne doivent pas nécessairement être parfaits pour nous remplacer. Ils ont juste besoin d'être aussi bons ou juste un peu meilleurs que les humains qui sont compliqués et coûteux. Et les technologues travaillent d'arrache-pied pour les rendre un peu meilleurs. Sur cette base, elle pense que l'IA et l'automatisation remplaceront la plupart des travailleurs humains.
On peut bien sûr trouver des limites à son analyse, comme le fait qu'elle se base sur le secteur du commerce au détail, connu comme l'un des plus exposés à l'automatisation. Cette analyse peut-elle être généralisée à l'ensemble des secteurs d'activités ? Aussi, dire que l'IA a juste besoin d'être meilleure que l'homme pour le remplacer, sans être parfaite, peut susciter de sérieuses questions. Cela veut dire par exemple qu'à partir du moment où les voitures autonomes font moins d'accidents que les humains, elles devraient être largement déployées sans attendre que le risque d'accident provoquée par la voiture elle-même tende vers zéro.
Source : Ellen Ruppel Shell
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