
Pour certains, oui. C'est le cas par exemple d'Eric Schimdt, le PCA de Google, qui a soutenu que si des emplois seront indéniablement perdus à cause de l'automatisation, de nouveaux emplois seront finalement créés pour les remplacer. Mais d'autres pensent plutôt qu'il n'y aura pas suffisamment de nouveaux emplois créés par l'automatisation pour compenser ceux qui ont été détruits. Quoi qu'il en soit, l'automatisation est déjà lancée et est en train de s'accélérer dans de nombreux pays. Une étude réalisée l'année dernière par McKingsley Globale Institute a révélé que la France dispose d'un des plus faibles potentiels d'automatisation d'emploi en Europe. Mais cela ne veut pas dire qu'il y aura très peu d'emplois détruits.
En effet, près de 2,1 millions d'emplois pourraient être détruits par l'automatisation en France. C'est ce que révèle une étude de l'Institut Sapiens, un organisme indépendant à but non lucratif qui dit avoir « vocation à définir le rôle de l’humain dans une société bouleversée par le numérique » et qui revendique des adhérents intéressés par le débat touchant aux grands enjeux actuels.
Les estimations de l’Institut Sapiens se basent sur les données de l'INSEE et de la DARES et se concentrent sur les cinq métiers qui ont une forte probabilité de voir leurs emplois disparaître dans les prochaines années. Les métiers retenus sont ceux qui sont à la fois directement remis en question par une technologie et qui ont vu leurs effectifs diminuer depuis 30 ans : manutentionnaires ; secrétaires bureautiques et de direction ; employés de comptabilité ; employés de la banque et de l’assurance ; et caissiers et employés de libre-service.
« La vague numérique qui engloutira de nombreux emplois risque d’être socialement néfaste si elle n’est pas anticipée », explique Erwann Tison, macro-économiste et directeur des études de l’Institut Sapiens, mais également auteur de l'étude. « Ne pas prévoir les métiers qui vont disparaître, c’est risquer une aggravation du taux de chômage et donc un déséquilibre critique de nos comptes sociaux », dit-il.
La fausse bonne nouvelle, c'est que l'automation pourrait créer beaucoup plus d'emplois qu'elle va en détruire. Oui, c'est une fausse bonne nouvelle, parce qu'il n'est pas certain que les choses de déroulent de cette manière. Erwann Tison se base en effet sur la théorie de la destruction créatrice du célèbre économiste Joseph Schumpeter ; laquelle stipule que la diffusion d’une innovation dans une économie provoque la disparition de certains métiers et en fait émerger de nouveaux.
« Face à ce constat alarmant [la destruction de plus de 2 millions d'emplois, NDLR], il est nécessaire de rappeler que dans le processus schumpetérien de destruction créatrice, il y a bien évidemment un volet création d’emplois qui pourrait être plus puissant que celui entraînant la disparition des métiers. C’est un exercice très difficile que d’imaginer des métiers qui n’existent pas encore, un exercice qui nécessite de faire preuve d’une imagination prospective importante. Néanmoins, certains se sont essayés à cet exercice pour déterminer les contours du marché du travail de demain », écrit Erwann Tison dans la création de son rapport. Ce n'est donc pas assez rassurant comme réponse à la question de savoir si, en France, l'automatisation va créer plus d'emplois qu'elle va en détruire.
Source : Rapport de l'étude
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