Avec le développement rapide de l’IA, de plus en plus d’économistes s’intéressent à l’impact de l’automatisation sur l’emploi et les études concernant ce sujet se multiplient.
Voir des robots remplacer des humains n’est plus une science-fiction. En 2013, Carl Benedikt Frey et Michael Osborne de l’université d’Oxford ont utilisé un algorithme d’apprentissage-machine pour savoir quels sont les métiers qui sont les plus susceptibles de facilement disparaître à cause de l’automatisation, pour cette raison, ils ont évalué 702 jobs différents aux États-Unis. Les chercheurs ont conclu que l'IA pourrait faire disparaître 47 % des emplois aux États-Unis durant les deux prochaines décennies et accentuer davantage l'inégalité des revenus durant les deux prochaines décennies.
Selon une autre étude de McKinsey de 2014 citée par le Guardian, il est actuellement possible d'automatiser 20 % du travail d'un PDG et 80 % de celui d'un caissier. D’ailleurs, ce phénomène est observable avec les caisses automatiques dans les supermarchés. Au Japon par exemple, le robot caissier a été testé.
Même son de cloche du côté des États-Unis où Amazon a lancé la phase de test de son premier magasin sans caissier où les employés sont remplacés par des capteurs combinés à de l'intelligence artificielle permettant aux ordinateurs de « voir » et d'apprendre, des technologies qui sont du même type que celles utilisées dans les voitures autonomes.
Alors qu’il existe actuellement un débat houleux entre partisans et opposants au recours massif à l’automatisation, l’OCDE, un groupe constitué principalement de pays riches a publié une nouvelle étude employant la même approche que l’étude de M. Osborne et M. Frey, mais qui explore les économies d’autres pays développés. Ce qui différencie cette étude, c’est qu’elle évalue l’automatisation de chaque tâche au niveau d’un job donné, en se basant sur un sondage sur les compétences mené en 2015.
Selon cette étude, dans les 32 pays de l’OCDE, 14 % des jobs sont hautement vulnérables avec au moins 70 % de chances d’être automatisés. Une autre 32 % est moins menacée avec une probabilité oscillant entre 50 % et 70 %. Si l’on prend en considération les taux actuels d’emploi, cette étude met 210 millions de jobs en risque de disparaître.
L’étude met l’accent aussi sur la disparité entre les pays puisque les effets ne sont pas les mêmes : les emplois en Slovaquie sont deux fois plus vulnérables que ceux de la Norvège. En général, les employés dans les pays riches apparaissent comme étant moins menacés que ceux des pays avec un revenu moyen, mais un écart important existe même entre des pays avec un niveau de richesse similaire.
Un autre facteur à prendre en compte est la structure organisationnelle et surtout la composition industrielle. En Corée du Sud par exemple, 30 % des emplois sont dans l’industrie manufacturière, comparé à 22 % au Canada. Toutefois, les emplois coréens sont plus difficiles à automatiser que ceux des Canadiens. Cela peut s’expliquer par le fait que les employeurs coréens ont trouvé de meilleurs moyens pour combiner dans le même job des tâches à la fois de routine et celles nécessitant une touche sociale et créative, en conséquence, il est difficile d’automatiser ces jobs avec des ordinateurs ou des robots. Une autre explication donnée parle du « survivor bias » : que les emplois qui restent encore disponibles en Corée du Sud apparaissent plus difficiles à automatiser, car les firmes coréennes ont déjà remplacé des humains par des machines dans tous les jobs facilement automatisables.
Cette étude rejoint un autre rapport de la Banque mondiale qui a trouvé que deux tiers des emplois dans les pays émergents seront automatisés et vont disparaître, néanmoins on ne connait pas le rythme de ce changement qui dépend en premier lieu des avancées technologiques. De plus, le rapport indique que les pays émergents seront les plus touchés par la robotisation, puisque les emplois concernés sont déjà disparus dans les pays développés.
Face à la multiplication d’études de ce type, certains s’alarment et préconisent déjà de mettre en place des mesures comme un revenu universel de base susceptible de réduire l’effet de l’automatisation. En même temps, d’autres personnes plus optimistes pensent que cette transition ne diffère pas de la situation que les pays développés ont connue il y a un siècle : aux États-Unis par exemple, 95 % de la main-d’œuvre travaillait encore dans l’agriculture. Mais l’essor rapide de l’industrie a favorisé l’émergence de nouveaux emplois malgré le déclin du premier secteur. Par analogie, certains espèrent que les jobs actuels seront automatisés pour aider les gens à trouver de nouveaux emplois à exercer.
Source : The Economist
Et vous ?
Pensez-vous que l'automatisation massive des emplois va favoriser l'émergence de nouveaux jobs ?
Ou bien il faudra instaurer des mesures (comme le revenu universel de base) pour limiter les dégâts ?
Voir aussi :
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Une nouvelle étude a trouvé que l'automatisation pourrait mettre en péril la moitié des emplois
Dans les pays riches de l'OCDE
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Le , par Coriolan
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