Les tensions se font vives au sein de l’entreprise américaine de services technologiques, Google, depuis la révélation soudaine faite par le groupe de presse The New York Times la semaine dernière. Ce quotidien rapporte que Google aurait versé des millions de dollars en plans de départ volontaire à des cadres accusés de harcèlement et aurait gardé le silence sur les transactions effectuées, ce que dément Google qui déclare avoir licencié au cours des deux dernières années 48 personnes pour raison de harcèlement sexuel et aucun parmi eux n’en aurait reçu. Une vague d’indignation s’est ainsi levée face à ce fait parmi les 150 000 employés de la société mère basée à San Francisco dont plus de 1500 d’entre eux essentiellement des femmes menacent de quitter l'entreprise en guise de protestation.
En effet comme le déclare Claire Stapleton, 33 ans et responsable du marketing produit chez Youtube, les employés ressentent le sentiment d’être « inégaux » ou « de ne pas être respectés ». « Google est célèbre pour sa culture. Mais en réalité, nous ne recevons pas les mêmes bases du respect, de la justice et de l’équité pour chaque personne ici », a-t-elle ajouté. Malgré les nombreuses mesures prises par la société pour calmer ses employés l’insatisfaction de ceux-ci n’est pour autant pas apaisée. Les excuses présentées par les dirigeants, à leurs dires, « n’étaient pas suffisantes ». L’un des dirigeants employés par la société accusé de harcèlement a démissionné sans obtenir de la part de celle-ci un plan de départ volontaire.
The New York Times a cependant annoncé que Google avait payé à Andy Rubin, le créateur du système d'exploitation mobile Android, un plan de départ de 90 millions de dollars même après que la société eut conclue qu’une plainte pour harcèlement sexuel était crédible, ce que continue de démentir Rubin qui déclare que le récit de son indemnisation était une « exagération sauvage ». Google aurait également versé des millions de dollars dans un plan de départ à un autre dirigeant accusé de harcèlement et continuerait d’employer un autre. Ce fait a eu l’effet de scandaliser les employés de la société qui s’interrogent sur la manière dont est abordée la question du harcèlement sexuel dans la société. Claire déclare ensuite qu’elle a créé une liste de diffusion interne pour organiser un débrayage.
Le week-end dernier, plus de 200 employés ont rejoint le mouvement dont le nombre est estimé à plus de 1500, a-t-elle ajoutée. Notons que le traitement des employés est un sujet particulièrement chargée chez Google. Sur sa main d’œuvre mondiale, 26 % de ses cadres sont des femmes. La société fait également l’objet de poursuite par d’anciens travailleurs qui prétendent en plus que ces femmes sont sous payées. De plus, des incidents révélés par les employés ont soulevés des questions sur l’attitude de la compagnie américaine à l’égard des femmes qui se justifient par l’affirmation de James Damore, un ingénieur qui avait déclaré dans un document interne, que les femmes étaient biologiquement moins douées en ingénierie et que les « différences de personnalité » expliquaient la pénurie de femmes dirigeantes dans l’entreprise.
Il a donc fustigé les initiatives de diversité que son employeur essaie de mettre en place pour ne plus être dans le viseur des régulateurs américains. Dans son texte de dix pages, il indiquait avant tout que la diversité et l’inclusion sont importantes à ses yeux et qu’il ne nie pas non plus que le sexisme existe. Mais James Damore disait qu’il faut « arrêter de prétendre que la différence de salaire implique forcément du sexisme. » L’ex-ingénieur de Google affirme que « les choix et les capacités des hommes et des femmes divergent, en grande partie, en raison de causes biologiques et que ces différences pourraient expliquer pourquoi les femmes ne sont pas représentées de manière égale dans la Tech et [aux postes de responsabilité]. »
Rappelons qu'une étude réalisée en septembre dernier a montré cependant que les hommes ne sont pas meilleurs que les femmes en maths et science. Se servant d’une méthode co-developpée par l’un d’eux, les chercheurs à l’origine de cette étude ont examiné les notes attribuées à plus de 1,6 million d’écoliers entre 1931 et 2013. Pour chacun des groupes d’écoliers, ils ont calculé la différence entre la moyenne des notes des filles et celle des garçons. Ils ont également tenu compte de la variabilité (ici, la différence entre la valeur maximale et la valeur minimale) des différentes notes. Ils en sont arrivés à la conclusion que les notes dans les matières scientifiques des femmes et des hommes étaient assez proches. Ils ont toutefois remarqué que la variabilité des notes des garçons était de 7,6 % plus que celle des filles dans ces matières.
Pour revenir à la question du débrayage organisée par Madame Stapleton, un courrier électronique d’excuses fut envoyé par Pichai, directeur général de Google, disant soutenir la manifestation. Les employés à l’origine du débrayage demandent par ailleurs à Google de mettre fin à l’arbitrage privé obligeant les travailleurs à renoncer à leur droit de poursuite en justice.
Source : NYT
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Le , par Bill Fassinou
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