
Pour divulgation d’un rapport sur les cyberattaques attribuées aux Russes
La sentence est tombée hier dans l’État de Georgie. Reality Winner, une ancienne sous-traitante (linguiste) de l’Agence nationale pour la sécurité (NSA), écope de plus de 5 ans de prison – 63 mois pour être précis. Ci-dessous une vidéo de son arrivée à la cour fédérale d’Augusta.
La jeune femme de 26 ans est la première personne à écoper d’une sentence conformément aux prescriptions de l’Espionnage Act – une loi de l'époque de la Première Guerre mondiale qui criminalisait la divulgation de secrets pouvant servir à nuire aux États-Unis ou à aider un adversaire étranger – depuis l’entrée en fonction de Donald Trump comme président des États-Unis. Elle hérite de la sanction la plus lourde jamais prononcée contre un tiers responsable de la divulgation d’un rapport top secret. Avant elle, un ancien agent du FBI a écopé de 43 mois pour divulgation d’un rapport classé top secret à l’éditeur The Associated Press ; l’affaire remonte à 2013.
Winner encourait jusqu’à 10 ans d’emprisonnement conformément aux lignes directrices fédérales. Toutefois, les procureurs en charge de l’affaire ont convenu d’une peine de 63 mois pour éviter un procès qui nécessiterait de discuter de rapports classifiés et de techniques de collecte de renseignements en audience publique. Les procureurs ont soutenu (dans un mémoire sur la détermination de la peine déposé cette semaine) qu'un tel procès aggraverait le préjudice exceptionnellement grave à la sécurité nationale déjà causé par l'accusé et que l'entente relative au plaidoyer reflète une résolution équitable de la culpabilité criminelle de l'accusé. La peine imposée à Reality Winner tient également compte de ses états de service irréprochables dans l’armée américaine, ainsi que de la présentation d’un casier judiciaire vierge. Le juge a simplement appliqué la sanction requise par les procureurs en charge de l’affaire.
Reality Winner : une dent contre l’Amérique ?
La divulgation du rapport sur les cyberattaques attribuées aux Russes émane de la probable dent que Reality Winner a contre son pays. En audience, les procureurs ont rapporté qu’elle a répondu oui à sa sœur lorsque cette dernière lui a posé la question de savoir si elle déteste réellement les États-Unis. « Nous avons inventé le capitalisme, la pire des choses sur la planète », aurait-elle déclaré dans un entretien avec sa sœur sur Facebook. Les procureurs n’ont pas manqué de souligner qu’il s’agit de convictions politiques de nature à amener un tiers à violer les restrictions de sécurité.
Acte de bravoure ou erreur ?
The Intercept – le média qui a reçu le rapport – a contribué financièrement à la défense de cette dernière. « La vulnérabilité du système électoral américain est un sujet national d'une immense gravité, mais il a fallu l'acte de bravoure de Winner pour attirer l'attention du public sur les détails clés d'une tentative de compromettre le processus démocratique en 2016 », a déclaré Besty Reed – éditeur en chef du média The Intercept. Et d’ajouter : « au lieu d'être reconnu comme un dénonciateur consciencieux dont la divulgation a aidé à protéger les élections aux États-Unis, Winner a été poursuivi avec une détermination vicieuse. »
En audience, Reality Winner a pour sa part déclaré qu’elle endosse l’entière responsabilité de « l’indéniable erreur qu’elle a commise. »
Source : NYT
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