La technologie étant maintenant au centre de la puissance économique, sociale et même militaire, son impact dans le monde réel est désormais indiscutable. Cela veut dire que les géants de la technologie peuvent aujourd'hui à eux seuls résoudre de nombreux problèmes que connaît notre société. Pour cette raison, ils sont de plus en plus sollicités par les gouvernements et les parlementaires dans leurs différents combats.
Mais les affaires ou projets pour lesquels sont sollicités les géants de la tech peuvent parfois poser des problèmes d'éthique ou de sécurité pour les utilisateurs. C'est le cas par exemple lorsque les agences fédérales ou parlementaires de certains pays demandent l'introduction de portes dérobées dans les produits high-tech, ou encore lorsque la Chine demande à ces entreprises de s'adonner à la censure si elles veulent exercer leurs activités dans l'Empire du Milieu. Sur certaines questions, les entreprises technologiques américaines tiennent tête encore, mais sur d'autres, elles ont tendu la main d'association à leurs solliciteurs. C'est le cas par exemple du projet d'IA militaire Maven sur lequel Google travaille avec le Pentagone. Un autre exemple typique est le cas d'Amazon qui a mis sa technologie de reconnaissance faciale au service des forces de l'ordre US ; une technologie qui présente d'ailleurs un biais au détriment des personnes de couleur. En dehors de succomber à la tentation venant des gouvernements, certains comme Facebook, dans la quête de plus de revenus publicitaires, sont critiqués pour avoir recours de leur propre gré à des pratiques qui ont tendance à sacrifier la vie privée des utilisateurs.
Ces problèmes d'éthique dans lesquels sont impliqués certains géants de la technologie ont suscité des contestations en interne par leurs employés. Ces protestations ne se limitent toutefois pas aux employés actuels de ces entreprises, mais semblent s'étendre également à certains talents courtisés par celles-ci. C'est en tout cas ce que rapporte l'IEEE, la plus grande association mondiale de professionnels techniques, en citant certains ingénieurs de la Silicon Valley.
Même s'ils ne semblent pas nombreux à le faire, des ingénieurs rejettent les offres de certains recruteurs de la Silicon Valley, en évoquant des préoccupations éthiques concernant les valeurs de leur entreprise.
Anna Geiduschek, ingénieur logiciel chez Dropbox, a récemment refusé une offre d’un recruteur d’Amazon Web Services en citant son opposition personnelle au rôle d’Amazon dans l'hébergement d'un service d'une autre société technologique américaine - Palantir ; lequel service est utilisé par des agents du gouvernement américain pour cibler les immigrants clandestins afin de les mettre en détention et les expulser.
« Je suis sûr que vous travaillez sur des problèmes techniques très excitants là-bas chez AWS [Amazon Web Services], cependant, je n'envisagerais jamais de travailler pour Amazon tant que vous n'abandonnerez pas votre contrat AWS avec Palantir », a écrit Geiduschek dans la réponse qu'elle a envoyée au recruteur d'AWS et partagée sur Twitter.
Jackie Luo, ingénieur logiciel chez Square, a adopté une position similaire avec un recruteur de Google. Le recruteur a contacté Luo alors qu'elle venait de lire l'actualité à propos du plan de Google pour réintégrer le marché chinois avec une version censurée de son moteur de recherche.
« Je n'envisagerai pas un travail chez Google, maintenant ou à l'avenir, à moins de repenser sérieusement la manière dont il opère en faisant passer les droits de l'Homme avant le profit », a répondu Luo au recruteur dans un email qu'elle a également partagé sur Twitter. Elle a décrit les plans des moteurs de recherche chinois comme un « énorme problème » pour elle, mais ne s'est pas arrêtée là. Elle a exprimé d'autres préoccupations concernant le contrat de Google avec le Pentagone et l'environnement de travail de l'entreprise pour « les femmes, minorités sous-représentées, personnes transgenres, etc. »
Cette manière de protester contre les valeurs d'une entreprise technologique n'est pas nouvelle, car déjà l'année dernière, beaucoup de femmes avaient rejeté des offres de recrutement d'Uber, alors que l'entreprise était au sommet de ses scandales. Mais ces initiatives individuelles peuvent-elles vraiment être dissuasives même si les entreprises de la tech se battent pour embaucher les meilleurs ingénieurs ?
Sources : IEEE, Anna Geiduschek (Twitter), Jackie Luo (Twitter)
Et vous ?
Qu'en pensez-vous ?
Seriez-vous prêt à rejeter une offre de Google, Facebook et al, juste parce que vous ne partagez pas leurs valeurs ?
Voir aussi :
57 % des travailleurs dans l'industrie technologique dans la Silicon Valley ont déclaré être en burn out, d'après une enquête
La bulle technologique de la Silicon Valley est plus grande qu'elle ne l'était en 2000, mais sa fin approche selon des analystes
La Silicon Valley premier eldorado des informaticiens ? Issus du Canada ou de la France, ils n'auraient d'yeux que pour les States
Les chercheurs en intelligence artificielle peuvent-ils gagner jusqu'à 1 million $ par an dans la Silicon Valley ? Un aperçu des salaires
Victime de son propre succès, la Silicon Valley serait désormais en déclin, et les entreprises technologiques préfèreraient s'installer ailleurs
USA : des ingénieurs rejettent les offres des recruteurs de la Silicon Valley
à cause des problèmes d'éthique impliquant les géants de la tech
USA : des ingénieurs rejettent les offres des recruteurs de la Silicon Valley
à cause des problèmes d'éthique impliquant les géants de la tech
Le , par Michael Guilloux
62 % | ||
29 % | ||
10 % | ||
0 % |
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !