Le Canada compte Vancouver – une ville portuaire de Colombie-Britannique – dans le top 10 des cités qui offrent les meilleures infrastructures pour retenir les grosses têtes de l’univers de la Tech d’après des statistiques de la firme Expert Market. Toutefois, selon une étude de l’université de Toronto relayée par le quotidien de langue anglaise The Globe and Mail, le pays ferait face à une fuite criarde de cerveaux au profit du voisin étasunien.
L’étude de la Munk School of Global Affairs a porté sur un public de 3162 diplômés en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STEM) de trois des meilleures universités du pays (Colombie-Britannique, Waterloo et Toronto) en 2015 et 2016 – données extraites de profils LinkedIn. Il en ressort que 25 % des participants à l’enquête ont choisi de travailler à l’extérieur du Canada et que les États-Unis ont absorbé la plus grosse proportion (81,51 %) de ce lot de personnes. Les chercheurs de la Munk School of Global Affairs rapportent à ce propos que d’après des études universitaires, dès que la barre de 20 % du flux migratoire des cerveaux est dépassée, le pays d’origine est en pôle position pour subir des effets négatifs.
L’équipe universitaire a ensuite opéré sur un échantillon plus restreint de 671 individus dont les profils collent avec une douzaine de spécialités STEM dont 3 liées à l’informatique (qui regroupent à elles seules près de 65 % de cet effectif). Les statistiques publiées font état de ce qu’en génie logiciel seulement, les USA monopolisent 40 des 60 profils concernés, soit 66 %. Le chiffre n’est pas aussi élevé en ingénierie informatique orientée hardware – computer engineering en anglais, mais atteint 30 % (40 des 135 profils détectés par les chercheurs). Avec une tendance similaire dans la filière recherche en informatique (30%), la conclusion chatouille les lèvres.
En France, un article du quotidien La Croix paru en février 2018 déblaie le chemin avec un titre qui en dit long sur la tendance : le pays est en panne d’informaticiens. « Quand je recrute un développeur, c’est moi qui passe l’entretien d’embauche ! Salaire, horaire, ambiance forcément cool … je dois faire l’article pour attirer ces jeunes qui ont le choix entre dix offres d’emploi », déclare Hugues Salord, directeur général de Santévet, une PME lyonnaise qui vend des produits d’assurance santé pour chiens et chats.
« Partout en France, quel que soit le secteur d’activité, le recrutement d’informaticiens relève du parcours du combattant. Les développeurs en particulier – ceux qui écrivent les logiciels – sont devenus les rois du marché du travail », écrit le quotidien. « Les candidats sont en position de force et ils le savent très bien », rapporte-t-il des propos de Julien Weyrich, directeur senior du cabinet de recrutement Page Personnel.
Au-delà de multiples facteurs – évoqués par le quotidien La Croix – et censés expliquer pourquoi l’offre ne suit pas la demande : définition imprécise des besoins en termes de compétences et de volume, formation initiale inadéquate dans le contexte actuel, obsolescence des connaissances des informaticiens des années ‘90, etc. il y a très probablement le facteur gain qui compte pour beaucoup. Julien Weyrich le mentionne d’ailleurs : les jeunes pousses demandent un bon salaire.
Dans un monde connecté où on est au courant de l’évolution globale, les incitatifs financiers proposés sous d’autres cieux peuvent suffire pour polariser fortement la décision de rester ou pas de ceux qui possèdent les compétences requises. Il n’y a qu’à voir avec les salaires offerts aux chercheurs en intelligence artificielle aux États-Unis : entre 300 000 et 500 000 dollars par an. Hors de la sphère de l’IA, aux USA le salaire annuel moyen tourne autour de 100 000 $ pour un employé de la Tech. En comparaison, il est de 73 000 $ annuel au Canada et de 56 000 $ en France, d’après l’étude de la Munk School of Global Affairs.
Les États-Unis, destination privilégiée des informaticiens français ? Sur la base des contenus de l’article du quotidien La Croix uniquement, pas aisé de trancher. Toutefois, si l’on s’en tient à des développements du Sénat français à ce sujet, les USA comptent pour beaucoup dans les départs des informaticiens de France et même d’Europe.
Sources : Enquête (format PDF), Sénat, La Croix
Et vous ?
Que pensez-vous de la tendance canadienne publiée par la Munk School of Global Affairs ?
Pensez-vous que les USA trônent comme premier eldorado des informaticiens du monde entier ? Sinon, quel pays offre de meilleures rémunérations et conditions de travail d’après vous ?
Avez-vous eu des expériences de travail aux USA et dans d’autres pays du monde ? Si oui, quelles comparaisons faites-vous avec la France sur le plan salarial et des conditions ?
Le salaire proposé pour votre actuel emploi de développeur en France vous satisfait-il ? Sinon, pourriez-vous dresser une liste de pays vers lesquels vous envisagez de partir et expliquer vos motivations au cas par cas ?
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Le , par Patrick Ruiz
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