La Silicon Valley est une région située dans la partie sud de la baie de San Francisco, aux environs de San José, la plus grande ville de la côte ouest des États-Unis. Un nombre important d’investisseurs et d’entreprises évoluant dans les technologies de pointe y sont implantés. On y trouve également deux établissements d’enseignement supérieur prestigieux, à savoir l’université de Stanford et l’université de Berkeley.
La Silicon Valley est connue comme le lieu par excellence où tout est mis en œuvre pour favoriser le développement rapide de nouvelles entreprises : plus de dix startups y seraient créées chaque jour. Elle est actuellement considérée comme le berceau de la high-tech, un temple et une vitrine de l’industrie technologique qui a inspiré bon nombre de technopoles en Europe (Sophia Antipolis, le cluster Paris-Saclay, EuraTechnologie, Aerospace Valley, Inovallée…) et ailleurs dans le monde. Cette réputation a toutefois son lot d’inconvénients.
Au cours des derniers mois, un nombre croissant de chefs d’entreprises installés dans la Silicon Valley ont flirté avec l’idée de quitter cette région. Pour justifier cette envie d’aller voir ailleurs, certains ont évoqué le coût exorbitant de la vie, l’immobilier hors de prix et les impôts élevés qui caractérisent San Francisco et sa banlieue. Dans cette région, il serait facile de rencontrer des travailleurs avec un salaire avoisinant le million de dollars, mais qui appartiennent pourtant toujours à la classe moyenne. À titre d'exemple, signalons que la location d’un véhicule de transport pour un aller simple de San Jose à Las Vegas coûte environ 2000 USD, alors qu’il faut débourser 100 USD seulement pour bénéficier du même service, mais dans la direction opposée.
D’autres chefs d’entreprises disent ne plus se reconnaitre dans les valeurs prônées au sein de la Silicon Valley. Pour ces derniers, elle serait devenue un espace qui a perdu son « ;côté cool ;» d’autrefois, un lieu où la recherche du profit, l’optimisation fiscale, les mauvaises mentalités et l’oppression en milieu professionnel auraient pris l’ascendant sur le reste. Certaines études tendent même à prouver que la Silicon Valley perd plus de résidents que n’importe quelle autre ville des États-Unis et que dans le même temps, elle attire de moins en moins de monde.
En outre, il serait de plus en plus difficile de justifier les salaires pharaoniques et les avantages demandés par les ingénieurs IT de la Silicon Valley (jusqu’à 200 ;000 USD par an pour un ingénieur IT débutant chez Facebook ou Google), alors que leurs homologues qui sont installés dans d’autres villes peinent à gagner 50 ;000 USD par an.
Peter Thiel, un membre du conseil d’administration de Facebook, a estimé que la culture qui anime la Silicon Valley est actuellement « ;toxique ;». C’est pourquoi il a délocalisé une partie de ses activités vers une autre ville. « ;C’est tellement cher, c’est tellement encombré, et franchement, vous voyez aussi des opportunités dans d’autres endroits, ;» a pour sa part déclaré Patrick McKenna, le fondateur de High Ridge Venture Partners.
Les critiques de Thiel ont été reprises par Michael Moritz, le fondateur de Sequoia Capital. Aveuglée par les succès engrangés, la Silicon Valley serait désormais « ;en perte de vitesse et trop gâtée ;» a déploré ce dernier. Il est convaincu que l’attention inutilement accordée aux débats politiques et à l’injustice sociale a détourné les entreprises technologiques de leur raison d’être : le travail et l’innovation.
Mais le commentaire le moins flatteur vient peut-être d’un membre du Congrès qui a confié que « ;certains ingénieurs de la vallée ont les plus grands égos connus de l’humanité ;». « ;S’ils n’ont pas leur café, leur petit-déjeuner et leur nettoyage à sec, ils préfèrent aller voir ailleurs, alors qu’ici, des gens ont faim ;», a-t-il ajouté.
Des acteurs majeurs de la Silicon Valley tels que Google, Facebook ont commencé à ouvrir des bureaux dans des villes situées en dehors de la Californie, des lieux où le succès de l’industrie technologique est encore considéré comme un événement à célébrer et où les effets pervers de leur implantation (hausse du prix du logement, congestion du trafic…) sont peu connus.
En parallèle, la forte demande en ingénieurs dans des domaines tels que l’intelligence artificielle ou les véhicules autonomes obligerait désormais ces grands groupes à étendre leur présence à proximité des universités. Ils espèrent ainsi attirer de nouveaux talents et répondre aux demandes des employés qui souhaitent déménager ailleurs.
Source : New York Times
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Le , par Christian Olivier
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