Les chefs d’entreprises de la Silicon Valley n’ont pas tardé à réagir et à se démarquer de la position du gouvernement américain sur cette affaire. Plusieurs centaines de patrons d’entreprises américaines, parmi lesquels Mark Zuckerberg de Facebook, Tim Cook d’Apple, Sundar Pichai de Google, Satya Nadella de Microsoft ou encore Jeff Bezos d’Amazon, ont exhorté le président américain à ne pas toucher au programme de protection qui garantit un avenir meilleur à des milliers de jeunes sur le sol américain.
« ;En tant que leaders du monde des affaires, nous sommes inquiets par les derniers développements sur la politique migratoire parce qu’ils menacent l’avenir des jeunes « ;sans-papiers » ayant grandi aux États-Unis ;», écrivent-ils dans une lettre ouverte au président américain. « ;97 % d’entre eux vont à l’école ou travaillent, 5 % ont lancé une entreprise, 65 % ont acheté un véhicule et 16 % un bien immobilier. Au moins 72 % des 25 premières entreprises du classement Fortune 500 comptent des bénéficiaires du programme DACA dans leurs rangs ;», ont-ils précisé.
Sur sa page Facebook, Mark Zuckerberg a déclaré : « ;ces jeunes représentent le futur de notre pays et de notre économie. Ce sont nos amis et des membres de nos familles, des étudiants et des jeunes « leaders » dans nos communautés. J’espère que vous joindrez vos voix aux nôtres ;». Chez Microsoft, au moins 27 employés sont bénéficiaires de la DACA, a déclaré le directeur des affaires juridiques de Microsoft, Brad Smith, dans un article de blog. Ce sont des ingénieurs logiciels, des professionnels des finances et des détaillants et vendeurs. La fin du programme, a-t-il dit, serait « ;un pas en arrière pour notre nation entière ;».
Le Development, Relief, and Education for Alien Minors Act abrégé « ;DREAM ;» fait référence à un projet de loi qui a failli être adopté sous le mandat de l’administration Obama en 2010. Ce projet de loi devait statuer sur le sort des migrants « illégaux » arrivés sur le territoire américain alors qu’ils n’étaient encore que des enfants. C’est cet acronyme (Dream) qui a conduit les personnes concernées à se reconnaitre sous l’appellation « ;Dreamers ;». À défaut de réussir à régulariser la situation de ces personnes, l’ancien président américain Barack Obama avait fait adopter un décret en 2012 baptisé Deferred Action for Childhood Arrivals (DACA), qui octroie un statut particulier à ces jeunes clandestins et empêche leur expulsion hors du territoire américain.
La DACA concerne actuellement près de 800 ;000 résidents en situation irrégulière sur les onze millions de clandestins que compteraient les États-Unis. La DACA protège une petite partie de ces migrants en leur permettant de rester vivre aux États-Unis sous certaines conditions :
- ils doivent être arrivés sur le sol américain avant l’âge de 16 ans ;;
- ils doivent être âgés d’au moins 15 ans et avoir moins de 31 ans en 2012 ;;
- ils doivent avoir un casier judiciaire vierge ;;
- ils doivent avoir résidé de façon permanente aux États-Unis depuis 2007 ;;
- ils doivent avoir bénéficié d’une éducation scolaire.
Les conservateurs du parti des républicains qui sont issus de la même branche politique que l'actuel président en exercice des États-Unis veulent en finir avec les personnes en situation irrégulière et réclament leur expulsion pure et simple au motif que ces personnes représentent une menace pour l’emploi des Américains. Donald Trump a toujours clairement affiché son opposition à l’immigration clandestine. Il est d’ailleurs le fervent défenseur d’un projet qui vise à construire un mur de séparation le long de la frontière sud de son pays afin d’isoler le Mexique des États-Unis. Pendant la campagne électorale de 2016, Donald Trump avait aussi promis de s’attaquer au statut DACA « ;dès le premier jour ;» de sa présidence.
Dans une interview accordée durant le mois d’avril à un média américain, Donald Trump avait déclaré que les personnes qui étaient protégées par la DACA ne devraient avoir aucune inquiétude à se faire par rapport à leur statut. Il a insisté sur le fait que son administration n’avait rien contre les Dreamers, mais qu’elle s’évertuait simplement à protéger le pays des criminels venus d’ailleurs.
Les Dreamers ont passé la plus grande partie de leur vie aux États-Unis et payent régulièrement leurs impôts comme n’importe quel citoyen américain. On estime à un quart la proportion de ces jeunes à majorité hispaniques qui résident dans l’État de la Californie. Certains travailleraient même au sein de grandes entreprises de la Silicon Valley. Selon leurs défenseurs, l’expulsion des « ;Dreamers ;» représenterait une perte de 460,3 milliards USD pour les États-Unis.
Ce n’est pas la première fois que la Silicon Valley et la Donald Trump sont en désaccord. Une bonne partie des grandes entreprises technologiques américaines avaient regretté et dénoncé l’adoption du décret anti-immigration signé par le président américain. Ils avaient également exprimé de manière quasi unanime leur désapprobation au moment de l'annonce du retrait des États-Unis des accords de Paris sur le climat après la volte-face de Donald Trump.
Source : The New York Times, The Washington Post
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