Ce syndrome est parfois accompagné d’un sentiment d’échec et une perte de confiance en soi, car le travailleur n’arrive plus à gérer les différentes pressions au travail et à faire face aux exigences de son employeur.
Dans le domaine IT, la pression est quasi permanente lorsqu’il s’agit d’achever les projets dans des délais serrés, de respecter le cahier des charges du client, d’intégrer les nouvelles exigences qui n’avaient pas été définies au départ toujours en respectant les contraintes d’avant-projet.
Une tendance que vient souligner une enquête menée auprès des employés des entreprises technologiques de pointe de Silicon Valley qui a révélé que plus de 57 % des personnes interrogées souffrent d'épuisement professionnel.
L'enquête a été réalisée par l'équipe de Blind, une application de revue anonyme des conditions de travail et de messagerie instantanée utilisée par les employés de nombreuses entreprises technologiques telles que Microsoft (40K + utilisateurs), Amazon (25K + utilisateurs), Google (utilisateurs 10K +), Uber (7K + utilisateurs), LinkedIn (5K + utilisateurs) et Facebook (utilisateurs 5K +).
Du 12 au 21 mai, l'équipe de Blind a posé une question anonyme aux utilisateurs de l'application pour savoir s'ils souffraient actuellement d'épuisement professionnel.
Selon Blind, 11 487 utilisateurs ont répondu à la question, et 57,16% ont répondu par l’affirmative.
La compagnie ayant le taux le plus élevé d'épuisement des employés était Credit Karma, avec un taux impressionnant de 70,73%, suivie de Twitch (68,75%), Nvidia (65,38%), Expedia (65,00%) et Oath (63,03%, l’ancien Yahoo qui a été racheté par Verizon en juillet 2017).
À l'autre extrémité du spectre, Netflix se classait avec le taux d'épuisement le plus faible de seulement 38,89%, suivi de PayPal (41,82%), Twitter (43,90%), Facebook (48,97%) et Uber (49,52%).
Voici les commentaires de l’équipe Blind :
« Les résultats de Netflix et Credit Karma semblent refléter ce que les utilisateurs disent de ces sociétés à Blind. Netflix est surtout décrit comme un lieu de travail idéal pour travailler avec une rémunération élevée, des heures équilibrées et des collègues de soutien - des conditions qui réduisent le risque d'épuisement professionnel. Le commentaire le plus négatif que vous trouverez probablement est que Netflix a une culture définie qui peut être désuète, mais vous trouverez rarement un post disant que l'entreprise est toxique.
« Crédit Karma a des avis plus mitigés et polarisés: Certains employés disent que Credit Karma est l'une des meilleures entreprises pour lesquelles ils ont travaillé, avec des équipes soudées et un nombre de femmes supérieur à la moyenne dans des postes de direction. Ensuite, il y en a d'autres qui accusent l'entreprise de discrimination, de harcèlement et de politique sur le lieu de travail - une recette pour un milieu de travail toxique, qui peut augmenter le risque de connaître de l'insatisfaction et de l'épuisement professionnel.
« Les résultats de notre enquête nous montrent juste un aperçu de ce qui se passe dans la technologie et cette fois, nous avons appris qu'un grand nombre de techniciens sont épuisés. La question est maintenant, pourquoi ? Et comment abordons-nous l'épuisement professionnel, tant sur le plan technologique que national ? Avec un tel pourcentage de professionnels souffrant d'épuisement professionnel, ce sont des discussions qui valent la peine d'être menées ».
Le burn out peut se caractériser par plusieurs symptômes :
- Troubles du sommeil : Insomnies fréquentes, addiction aux somnifères…
- Difficultés à se concentrer : Le manque de sommeil et le stress ont un impact sur la qualité du travail. Les personnes touchées par le burn out ont bien souvent des difficultés à se concentrer.
- Problèmes digestifs : Le burn out a bien souvent des conséquences sur le nerf vagal ce qui peut entraîner constipations, diarrhées, mauvaise haleine fréquente…
- Douleurs musculaires : Les douleurs aux cervicales, les troubles musculo squelettiques (TMS) voire une boule au ventre liée à un stress musculaire font partie des signes qui peuvent révéler le syndrome d'épuisement professionnel.
- Problèmes de peau : Lors d'un burn out, les nerfs sont mis à rude épreuve ce qui peut avoir des conséquences sur la peau. Infections cutanées, mycozes et eczéma sont des symptômes à prendre en compte.
- Variation de poids : Le stress lié au burn out pompe énormément d'énergie. Conséquence, les personnes touchées par le syndrome mangent beaucoup plus. Mais certaines peuvent également être touchées par la perte d'appétit. Dans tous les cas, la variation de poids est un bien mauvais signal.
- Problèmes cardiaques : Le cœur ne sort pas toujours intact d'un burn out. Pouls élevé et hypertension artérielle sont des éléments qui peuvent mettre la puce à l'oreille.
- Addiction : Comme toute situation de mal-être, le burn out est une situation propice à la dépendance (cigarette, alcool, nourriture, sport…).
- Détérioration du rapport aux autres : Collègues et proches peuvent être en première ligne lors d'un burn out. Celui-ci se manifeste par une capacité à s'énerver rapidement, à faire preuve de cynisme et de pessimisme. Inversement une personne en situation professionnelle peut ressentir un sentiment d'impuissance, d'abattement et d'apathie.
- Situation de déni : Le burn out est souvent vu comme un mal honteux. La personne touchée peut se sentir coupable ce qui peut entraîner un déni sur sa situation.
Des solutions à ce mal ?
Un développeur du nom de Karolis Ramanauskas, qui en a déjà fait l'expérience à plusieurs reprises, a voulu apporter sa contribution en donnant des conseils afin de permettre aux développeurs et au grand public de ne pas tomber dans cette situation ou pour d’autres de sortir de cet étau.
Les solutions adressées au grand public
- Ramanauskas recommande en premier point de bien manger. Cela sous-entend boire de l’eau au lieu de soda, manger régulièrement et intégrer des légumes et hydrates de carbone dans le régime alimentaire.
- En second point, il recommande de bien dormir. Le développeur recommande d’avoir une quantité et une qualité suffisante de sommeil. Aussi, pour ne pas être absorbé dans son travail et passer les heures de sommeil, Ramanauskas conseille l’installation de l’application Flux qui adapte la couleur de l’écran aux différentes heures de la journée.
- En troisième point, ne vous surmenez pas. Même s’il est vrai que la durée légale de travail journalier s’élève à 7 heures dans certains pays et 8 heures maximum dans d’autres pays, il est également démontré qu’après 4 heures de travail, la productivité décroit fortement. À long terme, cela devient insoutenable pour le développeur qui doit fournir des efforts de réflexion au quotidien.
- En quatrième point, utilisez la technique Pomodoro. Elle consiste à déterminer le temps imparti pour effectuer un travail et à faire des pauses régulières après une durée définie. Par exemple, pour 25 minutes de travail, il est recommandé d’avoir 5 minutes de pauses. Cela permet d’évacuer le stress tout en restant concentré sur l’objectif à atteindre et le temps réservé pour le travail.
- En cinquième point, restez actif. Il n’est nul besoin de se lancer dans un programme de gymnastique que vous ne pourrez pas continuer à long terme. Il suffit juste de changer quelques habitudes. Au lieu d’utiliser l’ascenseur, prenez les escaliers. Au lieu d’utiliser la voiture, utilisez le vélo pour vous rendre au travail, si bien entendu la distance vous le permet. Soyez inventif en intégrant des activités sportives dans votre quotidien.
Les solutions destinées aux développeurs
- En général, il est recommandé de faire ce que l’on sait faire le mieux. Ce à quoi vous prenez le plus plaisir doit-être la chose avec laquelle vous occupez votre temps. Mais à faire la même chose tous les jours, il est facile de tomber dans la routine et de ne plus y prendre plaisir. C’est pourquoi, si vous développez des logiciels, consacrez 20 % de votre temps à faire tout et n’importe quoi avec d’autres technologies. Cela sous-entend de tester de nouvelles bibliothèques, de créer quelque chose de drôle qui n’a rien à voir avec votre travail, ou encore d'utiliser votre temps pour apprendre quelque chose que vous ne maitrisez pas, tel que la programmation fonctionnelle.
- La programmation étant un métier qui peut entrainer la solitude, il est conseillé de prendre part à des rencontres, des conférences afin de rencontrer du monde ou encore d'écouter l’expérience d’autres développeurs à travers les podcasts afin de pouvoir surmonter ses propres difficultés.
- Ne lésinez pas sur vos moyens pour acquérir un bon environnement de travail. Il va falloir mettre la main à la poche pour obtenir un bon PC qui ne rame pas, mais obéit au moindre clic afin de ne pas perdre du temps précieux à attendre gratuitement la fin d’une longue compilation. Si vous travaillez dans un environnement où il y a beaucoup de bruits, achetez un casque de haute qualité afin de vous isoler des bruits extérieurs. Par ailleurs, assurez-vous de disposer d’un fauteuil confortable, d’une table et de moniteurs bien positionnés.
- Domptez vos outils de travail. Acquérir de bons outils est une chose, mais les maitriser est encore mieux. Si vous avez l’occasion de maitriser les raccourcis de vos outils à savoir votre EDI, votre éditeur de texte, des lignes de commande pour votre système d’exploitation, n’hésitez pas à le faire. En outre, si vous pouvez automatiser les tâches banales ou rébarbatives, faites-le. Cela vous fera avancer bien plus rapidement en cas de pépin et vous permettra d’éloigner le burnout assez loin de vous.
- Donnez-vous du temps pour d’autres choses que la programmation. Sinon un jour vous vous réveillerez de votre sommeil et certainement vous vous haïrez de n’avoir pas eu de vie autre que la programmation. Prenez donc part à des manifestations culturelles, sportives, à la pêche, à la photographie, etc. En le faisant, vous pouvez même avoir des lumières sur des aspects de votre travail sur lequel vous butez depuis belle lurette simplement parce que vous avez le nez trop plongé dans votre code.
- Si le travail de développeur que vous avez n’est pas motivant, pensez à changer de carrière en explorant d’autres horizons tels que l’administration systèmes, ou encore l’architecture d’information, etc. Peut-être, vous vous découvrirez une nouvelle passion dans ces différents emplois explorés.
- Enfin, exécuter les tâches quotidiennes connues comme pouvant vous procurer une sensation de bien-être. Par exemple, achever les activités de tests de code, d’écriture de commentaires, d’amélioration des noms de variables dégagera des endorphines qui aideront à restaurer l’acte de travail. « Ceci est une astuce courte, mais très précieuse, car elle donne à notre cerveau un sentiment plus positif sur le travail que nous effectuons », a conclu Ramanauskas.
Source : Blind
Et vous ?
Avez-vous déjà vécu cette situation ? Quel pouvait, selon-vous, en être la cause ?
Comment cela se manifeste-t-il dans votre cas ?
Comment pouvez-vous expliquer une telle présence du burn out dans les milieux technologiques ?
Que pensez-vous des solutions proposées par Karolis ? Y en a-t-il que vous ne trouvez pas pertinentes ? En avez-vous d'autres ?
Aujourd'hui, pensez-vous plus ou moins vivre cette situation ? Si moins, comment avez-vous fait pour vous en éloigner ?
Voir aussi :
Votre sentiment d'échec vous a-t-il déjà conduit au syndrome d'épuisement professionnel ? Un développeur donne sa recette pour éviter cette situation
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