Plutôt que de jeter l’éponge, la société Broadcom qui développe des semi-conducteurs utilisés dans divers équipements de télécommunications a réaffirmé son intention de mener cette OPA hostile sur Qualcomm à son terme, quitte à augmenter les enchères.
D’après les informations fournies par la CNBC, il semblerait que Google, Microsoft et plusieurs autres entreprises technologiques estiment que Broadcom agit pour le compte d’Apple et qu’en réalité, c’est la firme de Cupertino qui tire les ficelles dans l’ombre. Conspiration, simple hypothèse ou accusation fondée ;?
Le moins que l'on puisse dire, c'est que le rachat de Qualcomm par une entreprise proche d’Apple représenterait une menace pour Google. En effet, de nombreux fabricants de smartphones, tablettes et autres appareils mobiles s’appuyant sur le système d’exploitation Android de Google utilisent des processeurs Qualcomm. Une partie de ces dispositifs entrent en compétition directe avec les iPhone et iPad de la marque à la pomme.
Microsoft, de son côté, vient d’annoncer le lancement des premiers PC ARM tournant sous Windows 10 qui utilisent des puces conçues par le géant Qualcomm. La firme de Redmond pourrait continuer à développer ces ordinateurs portables convertibles et ces tablettes 2-en-1 moins énergivores que les PC traditionnels à base de CPU x86 d’AMD ou d’Intel. Ces nouveaux appareils pourraient entrer en concurrence directe avec les iPad et certains MacBook d’Apple.
D’un point de vue stratégique, ce serait une catastrophe aussi bien pour la firme de Mountain View que pour la firme de Redmond si un concurrent de la trempe d'Apple parvenait à influer sur leurs circuits d’approvisionnement ou sur le développement des technologies qui sous-tendent la réussite de la commercialisation de leurs produits respectifs. L’entreprise Qualcomm servirait mieux les intérêts de Microsoft et Google dans l’état actuel des choses. Son rachat par la société Broadcom réputée proche d’Apple constituerait plutôt une menace pour leurs intérêts respectifs.
Il faut préciser que la firme d’Irvine fait partie des plus grands fournisseurs d’Apple au même titre qu’Intel, Samsung, Foxconn ou Qualcomm. Broadcom fournit notamment au fabricant d’iPhone de nombreux circuits radiofréquences ainsi que des composants de connectivité. De plus, les relations entre Broadcom et la firme de Cupertino semblent être au beau fixe, alors qu’on pourrait difficilement en dire autant en ce qui concerne Apple et son fournisseur historique de modems cellulaires Qualcomm.
En effet, depuis le début de cette année, les relations entre Apple et Qualcomm se sont sérieusement dégradées, les deux firmes s’accusant mutuellement de violation de brevets et d’abus de position dominante. Cette situation aurait notamment poussé la marque à la pomme à suspendre le paiement des royalties qu’elle devait à Qualcomm pour l’exploitation de ses technologies et de ses brevets. Toutefois, malgré ses démêlés judiciaires avec Apple et l’arrêt des paiements, le fabricant de puces Snapdragon avait précisé qu’il continuerait de livrer à la firme de Cupertino les composants clés dont elle a besoin pour ses futurs iPhone.
Par rapport à cette situation conflictuelle, le directeur général de la firme d’Irvine, Hock Tan, aurait exprimé en privé son optimisme quant au règlement des litiges qui opposent actuellement Apple à Qualcomm si Broadcom parvenait à acquérir le géant des semi-conducteurs américain, selon une source proche du dossier. On pourrait se demander d'où il tire une telle assurance.
Il faut souligner que la firme de Cupertino aurait pour habitude de privilégier, autant que faire se peut, le développement de technologies propriétaires ou, à défaut, le rachat d’autres groupes pour, ne serait-ce que, assurer la pérennité de ses approvisionnements. Cette politique lui permet également d’éviter d’être trop dépendant vis-à-vis de fournisseurs tiers qui la ravitaillent en composants essentiels.
Apple pourrait donc résoudre ses problèmes éventuels d’approvisionnements (si tant est qu’ils existent) en ce qui concerne les composants essentiels fournis par Qualcomm en développant elle-même les éléments dont elle a besoin. Elle pourrait aussi faire plus simple en optant carrément pour le rachat de son fournisseur indélicat.
La première solution serait difficilement envisageable puisque la firme de San Diego dispose d’une avance technologique suffisamment confortable (grâce à ses nombreux brevets) pour rester incontournable sur le marché des modems. Elle est d’ailleurs considérée comme le leader mondial des modems (50 % des parts de marché).
Reste la deuxième option : le rachat. Une solution qui ne devrait pas poser trop de problèmes à la marque à la pomme, sur le plan financier du moins, au vu de la montagne de cash sur laquelle elle est assise et qui reste bien dissimulée à l'abri des regards indiscrets du fisc des États-Unis. Pour éviter de s’impliquer directement, la firme de Cupertino pourrait presser directement ou indirectement l’un de ses fournisseurs clés afin que ce dernier agisse dans ses intérêts.
Au final, le rachat de Qualcomm par Broadcom devrait permettre de clore définitivement les différends qui existent entre Apple et Qualcomm. La marque à la pomme pourrait renégocier les accords de licence passés avec la firme de San Diego en s’appuyant sur un partenaire plus conciliant. Broadcom, de son côté, pourrait prendre possession de l’activité qu’il convoite le plus chez Qualcomm : les modems.
Pour le moment, le fabricant de puces Snapdragon aurait demandé à Microsoft, Google et aux autres entreprises partageant les mêmes inquiétudes de ne faire aucune déclaration publique pour signifier leur opposition à un cette OPA, ont indiqué les sources proches du dossier. Dans un premier temps, Qualcomm voudrait savoir si Broadcom est capable d’augmenter de manière significative son offre initiale de 70 USD par action avant de prendre les mesures qui s’imposent, a déclaré le groupe.
Source : CNBC
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