
en réponse à la taxe sur les liens
En novembre dernier, un responsable de Google a déclaré dans une interview que la firme de Mountain View envisageait très sérieusement de fermer son service Google Actualités, à cause de la directive européenne sur le droit d'auteur et la taxe sur les liens (article 11). Dans une nouvelle interview accordée au quotidien Bloomberg, la société a confirmé qu'elle envisage de retirer son service Google News de l'Europe alors que les régulateurs s'orientent vers une loi controversée sur le droit d'auteur.
La directive de l’Union européenne sur le droit d’auteur donnera aux éditeurs le droit de demander de l’argent à Alphabet (Google), Facebook et à d’autres plateformes Web lorsque des fragments de leurs articles apparaissent dans les résultats de recherche ou sont partagés par les utilisateurs. Lorsque la Commission européenne a dévoilé pour la première fois le projet de loi, elle a proposé de laisser les éditeurs renoncer à leur droit d'exiger un paiement des services d'agrégation de nouvelles. Mais l’année dernière, le Parlement européen a introduit une disposition qui fait craindre à certains petits éditeurs qu’ils ne pourront pas laisser Google distribuer leur contenu en ligne gratuitement.
La loi devait être finalisée cette semaine, mais a été retardée par un désaccord entre les États membres. « Le Conseil a besoin de plus de temps pour réfléchir afin de prendre une position ferme » sur la directive, a déclaré un représentant de la Roumanie, qui assure actuellement la présidence du Conseil européen, qui représente les 28 pays membres. Malgré le retard, un accord est possible dans les prochains mois, ont déclaré deux responsables de l'UE. S’il n’y a pas d’accord au printemps, lors de la tenue des élections au Parlement européen, le processus serait reporté à plus tard cette année.
Selon Jennifer Bernal, responsable des politiques publiques de Google pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique, Google Actualités pourrait quitter le continent européen en réponse à la directive. La société Internet dispose de plusieurs options y compris celle de fermer son service en Europe. Mais cette dernière option sera choisie si l'UE ne se montre pas plus flexible.
Google dit en effet ne pas gagner d'argent avec son service Actualités. Il est donc peu probable que la société soit affectée sur le plan financier si elle le ferme en Europe. La société explique aussi que les nouvelles lois européennes l'obligeraient à choisir les éditeurs auxquels il faut payer des licences. Autrement dit, le géant de l'Internet devrait choisir les gagnants et les perdants, s'il décide de ne pas fermer son service. Mais étant donné que les grands éditeurs proposent généralement une gamme plus large de contenus populaires, les plus petits concurrents risquent de perdre. Ce qui laisse d'ailleurs croire que l'article a été commandité par les grands éditeurs de presse.

Selon Ray Corrigan, un informaticien britannique, la taxe sur les liens est une alternative à la publicité pour financer les médias en ligne. L'idée de cet article est que tous ceux qui créent des liens et utilisent des extraits d'articles de presse devraient d'abord payer l'éditeur pour obtenir une licence. Pour Corrigan, « c'est une tentative bien intentionnée de créer un avenir durable pour les agences de presse, maintenant que le business model des recettes publicitaires, qui a permis de financer le journalisme pendant longtemps, a été usurpé par les titans commerciaux de l'ère Internet, comme Facebook et Google. » Mais cela ne pourra pas fonctionner et empêchera probablement la diffusion de nouvelles, ce qui affectera négativement les sites d'actualités, dit-il.
« Les éditeurs de presse estiment que si l'UE met en œuvre l'article 11, cela leur donne une base plus solide pour résister aux efforts de Google, jusqu'ici couronnés de succès, pour les "éliminer" pays par pays », a déclaré M. Corrigan. « J'admire leur optimisme, mais je ne le partage pas. Les éditeurs, la Commission européenne ou le Conseil ou les députés de la commission JURI qui ont voté pour la directive n'ont fourni aucune preuve que le nouvel article 11 inverserait ou stopperait la baisse des revenus de la publicité et de la souscription aux journaux. Étant donné qu'il s'agit d'une modification substantielle de la loi, ceux qui la proposent devraient démontrer qu'elle est nécessaire, proportionnée et a une probabilité supérieure à la moyenne d'atteindre les objectifs souhaités, sans causer d'effets préjudiciables plus importants. »
Pour étayer ses propos, Ray Corrigan rappelle l'échec de lois similaires en Allemagne et en Espagne. En Allemagne, une loi similaire, le jour même de son entrée en vigueur, a eu une réponse de Google. Le géant de l'Internet a introduit une politique selon laquelle les sites d'actualités allemands devaient accepter explicitement que leurs contenus soient affichés dans Google Actualités ; ce que la plupart des grands éditeurs allemands ont accepté de faire. Pour cela, Google a été poursuivi en justice devant un tribunal de Berlin par une société allemande de gestion des droits d'auteur. Mais le tribunal s'est contenté de renvoyer l'affaire devant la Cour européenne de justice. En Espagne, comme nous le savons, cela a entrainé la fermeture de Google Actualités dans le pays. Ce qui indique que le géant de l'Internet ne sera pas prêt à rémunérer les médias pour diffuser leurs contenus. Il s'en est également suivi une baisse importante du trafic de nombreux sites d'actualités.
Si certains éditeurs affirment que le retrait de Google n'a pas eu beaucoup d'impact sur leur chiffre d'affaires, pour d'autres c'était le contraire. La loi espagnole a en effet conduit les petits éditeurs à perdre environ 13 % de leur trafic Web, selon une étude de 2017 publiée par l'Association espagnole des éditeurs de publications périodiques. Cela se traduit par un coût d'au moins 9 millions d'euros, selon l'étude. Qu'adviendra-t-il alors lorsque la directive Copyright sera finalisée ? Google Actualités va-t-il fermer en Europe ou rester, mais en choisissant les éditeurs qu'il doit payer pour obtenir une licence ? Dans tous les cas, les petits éditeurs risquent d'être perdants.
Source : Bloomberg
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