Les premiers avantages d’un tel dispositif commencent à se faire voir dans le domaine médical. À court terme, Neuralink a pour objectif de concevoir des dispositifs pour apporter des solutions aux maladies cérébrales et aux lésions cérébrales graves. L’entreprise n’est pas dans un îlot isolé en la matière. Avec les avancées de la technologie, des tiers se sont fait implanter des électrodes dans le cerveau. Celles-ci leur permettent de déplacer un curseur et de sélectionner des lettres sur un écran. En 2019, des chercheurs de l’institut de neurosciences Wu Tsai de l'université de Stanford ont rapporté une nouvelle expérience qui accélère le processus.
Ces derniers ont annoncé avoir mis au point une intelligence artificielle capable de reconnaître les caractères et ensuite lire les phrases imaginées par une personne. Dans leurs nouvelles expériences, un volontaire paralysé du cou aux pieds est invité à s'imaginer bouger son bras pour écrire chaque lettre de l'alphabet. Cette activité cérébrale a permis de former et d’entraîner un réseau neuronal pour interpréter les commandes, traçant la trajectoire prévue de la pointe de son stylo imaginaire pour créer des lettres.
Le procédé consiste en un système d'écriture manuscrite géré par l’intelligence artificielle. En effet, au lieu de taper avec un curseur, qui est plafonné à environ 39 caractères par minute, les patients imaginent utiliser un stylo pour écrire à la main. Un réseau neuronal interprète la commande, traçant la trajectoire prévue du stylo imaginaire pour former des lettres et des mots. D’après les chercheurs, l'ordinateur a pu lire les phrases imaginées par le volontaire avec une précision d'environ 95 % à une vitesse d'environ 66 caractères par minute.
Chez Neuralink, l’on a de même testé une puce sans fil sur le cerveau d'un singe qui lui permet de jouer à des jeux vidéo. Dans une interview sur Clubhouse, Musk explique que le singe qui joue au jeu vidéo s'est vu implanter une puce sans fil qui lui permet de contrôler une interface électronique uniquement avec son esprit. La même expérience devrait donc être reproductible sur le premier cobaye humain maintenant que la pose du premier implant a été effectuée.
Sur le long terme, Neuralink projette de développer des implants cérébraux susceptibles d’augmenter les capacités des êtres humains pour rivaliser avec l’intelligence artificielle. En des termes simples, cela voudrait dire s’appuyer sur l’intelligence artificielle pour mettre l’humain en capacité de rivaliser avec les robots. Cela s’entend transformer l’humain en une espèce de dispositif connecté à Internet et ce, malgré la menace de piratage.
L’un des débats les plus importants lorsqu’on parle des dispositifs connectés à Internet est celui de leur utilité face aux risques liés à leur utilisation, notamment, le piratage et l’intrusion dans la vie privée de leurs possesseurs. Avec une puce cérébrale dans le cerveau qui le connecte à Internet, l’homme deviendra lui-même la cible des actes perpétrés par des tiers malveillants. Et la sortie d’Eugène Kaspersky résonnera alors avec encore plus d’emphase : « L’Internet des objets pourrait rapidement devenir l’Internet des menaces. »
Chez la start-up suédoise Epicenter, on a de quoi conforter Elon Musk dans ses projets futuristes. En effet, dans les locaux d’Epicenter, portes, imprimantes, etc. sont actionnées d’un geste de la main par un employé. Il leur est même aussi possible d’ordonner l’achat d’une friandise simplement d’un geste de la main. Epicenter emploierait-elle des mutants ? Que non. La start-up elle-même propose à ses employés et à ses membres de se faire implanter des puces électroniques permettant de réaliser toutes ces actions.
Les puces électroniques d’Epicenter sont injectées entre le pouce et l’index. Il s’agirait de bornes de communication en champ proche (CCP ou NFC en anglais) de la taille d’un grain de riz. Pour rappel, la technologie CCP permet des communications de proximité (quelques centimètres) entre un lecteur et n’importe quel terminal mobile (tag CCP), ou entre les terminaux eux-mêmes, et ce, à un débit de 424 kbits à la seconde. Concrètement, le tag CCP qui désormais est l’humain peut communiquer avec un terminal par le biais d’un champ magnétique. Les bureaux d’Epicenter seraient donc équipés de lecteurs à proximité desquels les employés (tag CCP) esquissent des gestes qui provoquent les actions déjà mentionnées.
Patrick Mesterton, cofondateur et CEO d’Epicenter, avoue avoir émis des doutes à la seule pensée de voir des individus se faire injecter des corps étrangers de cette nature. Seulement, depuis 2015 qu’il fait poser ces dispositifs à ses employés, il n’y voit que des avantages. L’un des principaux est, selon lui, de s’affranchir de l’encombrement de plein d’outils usuels comme les cartes de crédit et autres clés ou dispositifs de communication. Son entreprise est d’ailleurs devenue l’une des rares dans le monde à avoir étendu l’usage de cette technologie à l’homme. Ses employés assistent régulièrement à des présentations censées motiver les réticents à rejoindre les rangs de ceux qui estiment « faire partie du futur ». À date, 150 employés sur les 2000 que compte l’entreprise sont déjà « taggés ». Il faut préciser que l'entreprise suédoise expérimentait déjà cette technologie en 2015, pour permettre à ses employés d'accéder à leurs bureaux et photocopieurs.
Se faire transformer en terminal de communication CCP pour faire partie du futur ? Chacun a son avis sur la question. Il faudrait néanmoins rappeler que l’application de cette technologie à l’homme a également son lot d’inconvénients comme c’est le cas pour toute œuvre humaine. Au rang de ceux-ci figurent des atteintes à la vie privée et à la sécurité. En effet, les données générées par ces dispositifs permettraient à un employeur d’effectuer un monitoring complet de l’activité d’un employé sur le lieu de service (achats effectués, heures d’arrivée au travail, etc.). Au-delà, il y a la possibilité pour les hackers d’avoir accès à des informations sensibles comme votre état de santé, vos horaires de travail, et donc de s’en servir pour mieux vous nuire.
Et vous ?
Qu’en pensez-vous ?
Quels dangers (induits par l’adoption massive de ces implants) entrevoyez-vous sur le long terme ?
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