
Tesla a lancé Steam dans ses véhicules avec des milliers de jeux au terme de l’année précédente. La manœuvre avait relancé le débat sur l’utilisation du terme Autopilot. En effet, elle renforçait l’idée du « Ne vous inquiétez pas, vous pouvez même jouer au volant, Tesla s'occupe de tout, vous n'avez rien à gérer et vous n'avez à penser à rien d'autre qu'au divertissement avant tout. » C’est, couplé à l’utilisation du terme Autopilot, le type de possibilités de nature à laisser penser au conducteur que la voiture est dotée de complète autonomie. En la matière, Mercedes-Benz est connu comme la première entreprise à obtenir un certificat de conformité pour véhicules autonomes de niveau 3. C’est deux cases en dessous de celui de complète autonomie.
En effet, l’autonomie des véhicules se définit selon des niveaux :
- niveau 0 : c’est l’automobiliste reste maître à bord ;
- niveau 1 : l’ordinateur peut intervenir pour gérer la vitesse ou la direction (régulateur de vitesse, alerte distance de sécurité) mais le conducteur garde le contrôle du véhicule ;
- niveau 2 : la voiture peut « se conduire » temporairement, en se garant toute seule par exemple (park assist). Le conducteur reste responsable de la conduite ;
- niveau 3 : le conducteur peut déléguer la conduite à l’ordinateur dans certaines situations comme les bouchons. La fonction embouteillage du XC 90 de Volvo illustre parfaitement ce niveau ;
- niveau 4 : plus besoin du conducteur dans certains cas prédéfinis ; le véhicule dépose son conducteur, se gare seul et revient chercher son propriétaire ;
- niveau 5 : la voiture est totalement autonome et contrôle toutes les fonctions du véhicule. Le conducteur peut être présent ou non.
Tesla même souligne pourtant en contradiction au terme Autopilot que « le conducteur doit être pleinement attentif, avec les mains sur le volant et toujours prêt à prendre le relais. » En d’autres termes, il s’agit au stade actuel de son évolution d’un système d’aide à la conduite classé au niveau 2. Toutes choses qui ont amené des observateurs à insister sur le fait que le nom Autopilot peut conduire les conducteurs à surestimer les capacités réelles des véhicules Tesla et à en demander la modification.
Une enquête de l'Institut d'assurance pour la sécurité routière fournit des données précieuses utiles à ce débat. Le groupe a posé des questions aux conducteurs sur les capacités de cinq systèmes avancés d'assistance au conducteur (ADAS - advanced driver-assistance systems). Ils ont identifié les produits uniquement par leur marque : Autopilot (utilisé par Tesla), Traffic Jam Assist (Audi et Acura), Super Cruise (Cadillac), Driving Assistant Plus (BMW) et ProPilot Assist (Nissan). Les participants à l'enquête ne savaient pas quel constructeur fabriquait chaque produit et ils n'en connaissaient pas les capacités. Il y avait 2 000 répondants au total, mais chacun n'a été interrogé que sur deux systèmes sur cinq, donnant lieu à quelques centaines de réponses pour chaque produit.
Pour chaque système ADAS, les conducteurs ont été interrogés sur la sécurité de diverses activités qui ne sont pas recommandées par les constructeurs automobiles (de l’acte consistant à enlever ses mains du volant à la sieste pendant la conduite). Un plus grand nombre de participants ont estimé que poser chacun de ces actes était sans conséquence avec Autopilot activé plutôt qu'avec l'un des quatre autres systèmes ADAS.
Par exemple, 48 % des personnes interrogées ont déclaré qu’il était sans danger pour un conducteur d’enlever ses mains du volant quand Autopilot était activé, contre environ 33 % pour ProPilot Assist et moins de 30 % pour les autres systèmes nommés. Six pour cent des conducteurs ont déclaré qu'il était sans danger de faire la sieste dans une voiture avec Autopilot activé, tandis que seulement trois pour cent ont déclaré la même chose pour les autres systèmes ADAS.
Ces comportements induits par la politique publicitaire de certains constructeurs sont susceptibles d’expliquer les accidents qui impliquent ces véhicules dits autonomes. Dans les chiffres, la National Highway Traffic Safety Administration a enquêté sur 35 accidents depuis 2016 et il en est ressorti que le système "Full Self-Driving" ou "Autopilot" de Tesla était utilisé dans 16 cas.
Le tableau relance les questionnements sur la perspective de l’atteinte de l’autonomie de niveau 5. Kyle Vogt, PDG de Cruise, indique que « même dans des décennies vous n’obtiendrez pas de véhicules autonomes à 100 %. » Ce dernier est d’avis que l’assistance à distance va rester sur le long terme.
Source : rapport de police
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