Parler a retiré sa plainte antitrust contre Amazon, mettant ainsi fin à ses deux mois d'efforts pour obliger légalement AWS à rétablir son compte d'hébergement. L’application de médias sociaux populaire auprès des utilisateurs de la droite américaine a abandonné sa plainte, comme le montre des documents judiciaires qui datent du 2 mars dernier. En effet, Parler accusait la filiale d’Amazon spécialisée dans l’hébergement en ligne et l’informatique à distance d’avoir coupé ses services d'hébergement web. Parallèlement, Parler vient de lancer un nouveau procès contre Amazon, alléguant la rupture de contrat, la diffamation et d'autres chefs d'accusation.
Parler a pris la décision d'abandonner le procès fédéral, dans le cadre d'une motion déposée mardi soir devant la cour fédérale du district ouest de Washington. L'entreprise n'a donné aucune explication à cette requête, mais s'est réservé le droit de la réintroduire pour des raisons similaires à l'avenir. Il est à noter que la décision de retrait est intervenue le jour même où Parler devait déposer une plainte modifiée dans cette affaire. Parler n'avait pas respecté la date limite de dépôt du 16 février et a reçu une prolongation de deux semaines du tribunal. Mais avec le retrait de l'affaire, cette date limite est maintenant sans objet.
Dans le même temps, Parler a engagé un nouveau procès contre Amazon devant le tribunal de l'État de Washington, en présentant un ensemble différent de demandes. D'abord signalée par NPR, la nouvelle action en justice allègue la diffamation et la rupture de contrat par Amazon, en citant spécifiquement une disposition qui donne aux clients 30 jours pour remédier à toute violation matérielle du contrat avant que le service ne soit interrompu. « Obtenir 30 jours pour remédier ou trouver un autre hôte est absolument essentiel… Parler n'aurait pas signé avec AWS sans cette protection », affirme la plainte.
Amazon a suspendu pour la première fois le service du Parler le 9 janvier, à la suite d'une attaque collective sans précédent contre le bâtiment de la capitale. Parler avait cherché à utiliser la loi antitrust pour forcer Amazon à rétablir le service, mais il a dû faire face à une bataille difficile devant le tribunal. La filiale d’Amazon spécialisée dans l’hébergement en ligne et l’informatique à distance a pris la décision de couper les ponts avec son client, à cause d’une absence de modération suffisante pour contenir les incitations à la violence. En effet, dans une réponse déposée, Amazon a révélé plus de 100 menaces violentes que la société avait signalées à Parler dans les semaines précédant sa fermeture, dont une qui disait à Jack Dorsey : « vous allez mourir d'une mort sanglante ». Parler avait refusé de modérer le contenu, en invoquant sa politique de liberté d'expression.
Le 21 janvier, la cour fédérale a rejeté une motion préliminaire ordonnant à Amazon de rétablir le compte d'hébergement de Parler, qualifiant les preuves présentées de "légères". Parler a rétabli le service web le 15 février, en utilisant une série de petits services d'hébergement et d'enregistrement comme alternative à Amazon. Parler a pu en effet replier chez un autre hébergeur, Epik. Compte tenu du profil de cette entreprise, cela n’a rien de surprenant : Epik est considéré comme un refuge pour l’extrême droite aux USA.
Le retour complet de Parler sur la toile aura toutefois nécessité quelques semaines de plus. Ce n’est qu’à la mi-février que la plateforme s’est remise à fonctionner normalement. « Nous ne dépendons plus des grosses plateformes, alors on peut considérer que notre futur est sécurisé », se félicitait alors le nouveau patron par intérim, puisque le PDG de Parler a été écarté par le conseil d’administration.
Le contenu publié avant l'interdiction a toutefois été perdu et l'application Parler reste indisponible sur les boutiques d'applications iOS ou Google Play. Parler a cité le succès des réseaux dans la restauration du service comme une raison de prolonger le délai de dépôt, en prédisant que cela "aurait un impact matériel sur la façon dont Parler plaide la plainte modifiée".
Sources : Documents juridiques (1, 2)
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Le , par Nancy Rey
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