Parler est au centre de la controverse depuis qu'Amazon Web Services, Apple et Google ont déconnecté le réseau social le mois dernier pour son manque de modération du contenu lié à l'émeute du Capitole du 6 janvier. Malgré le fait que l’application mobile favorisée par les conservateurs américains est restée non fonctionnelle pendant des semaines, le PDG de la société John Matze a exprimé sa volonté de ramener la plateforme en ligne. Mais il ne pourra plus continuer ce combat. Le conseil d'administration de l'entreprise Parler, soutenue par la donatrice du Parti républicain Rebekah Mercer, a licencié Matze de son poste de PDG, a déclaré ce dernier mercredi sur LinkedIn.
« Je tiens à remercier tout le monde chez Parler, les partisans de Parler et surtout les employés extraordinaires de Parler qui ont travaillé sans relâche pour soutenir notre vision commune. Ce n'est pas un adieu. Juste un si long moment pour l'instant », a-t-il écrit sur son compte LinkedIn.
Matze a envoyé un mémo au personnel de la société dans lequel il a déclaré que le conseil d'administration de la société, contrôlée par Mercer, l'a licencié vendredi dernier. Il ajoute qu’il n'a pas participé à la décision, et que la raison du licenciement reste inconnue. « Le 29 janvier 2021, le conseil d'administration de Parler, contrôlé par Rebekah Mercer, a décidé de mettre immédiatement fin à mon poste de PDG de Parler. Je n'ai pas participé à cette décision », a déclaré Matze dans son mémo.
« Au cours des derniers mois, j'ai rencontré une résistance constante à ma vision du produit, à ma forte conviction en la liberté d'expression et à mon point de vue sur la façon dont le site Parler devrait être géré », a-t-il écrit. « Par exemple, j'ai plaidé pour une plus grande stabilité des produits et ce que je crois être une approche plus efficace de la modération du contenu ». « J'ai travaillé des heures interminables et mené des batailles constantes pour faire fonctionner le site Parler, mais à ce stade, l'avenir de Parler n'est plus entre mes mains », a ajouté Matze.
Matze a déclaré à Reuters que Parler a maintenant un "comité exécutif" composé de Matthew Richardson et Mark Meckler. Mercer, Richardson, Meckler et Parler n'ont pas répondu immédiatement aux demandes de commentaires de l’agence de presse. Selon celui qui est devenu l’ex-PDG de Parler, ceux qui ont maintenant la direction de la société ont semé la confusion chez les employés.
« Je comprends que ceux qui contrôlent maintenant la société ont fait certaines communications aux employés et à d'autres tiers qui ont malheureusement créé la confusion et m'ont incité à faire cette déclaration publique », lit-on dans le mémo adressé au personnel. « Je tiens à remercier les employés de Parler, les personnes sur Parler et les supporters de Parler pour leur travail inlassable et leur dévouement à la société. Ils forment un groupe extraordinaire de personnes diverses, travailleuses et talentueuses, et j'ai le plus grand respect pour eux. Beaucoup d'entre eux sont devenus ma deuxième famille ».
L’application Parler a été largement adoptée par les partisans de l’ancien président Donald Trump parce qu'elle favorisait la liberté d'expression, et a vu un pic d'utilisateurs à la suite de la suspension du président Trump par Twitter, Facebook et d’autres plateformes de médias sociaux comme YouTube. Les conservateurs américains, qui ne sont pas d'accord avec les règles relatives au contenu des sites de médias sociaux comme Facebook Inc et Twitter Inc, se sont rués vers Parler pour continuer à diffuser les informations liées à la prise d’assaut du Capitole.
Google et Apple ont suspendu l’application de leurs app stores en citant les antécédents de Parler en matière de contrôle des contenus violents, après que des groupes d'extrême droite ont diffusé des discours violents sur la plateforme avant les troubles à Washington. Parler a été totalement déconnecté lorsque Amazon Web Services l'a supprimée de ses services d’hébergement Web. L’affaire est allée en justice lorsque la société a décidé de poursuivre Amazon.
Un insider de Parler a déclaré à Fox News que la plateforme allait revenir avant le début du mois de février, mais les choses ont été retardées. Selon lui, le retard était dû à une nouvelle stratégie de marque et à des changements survenus au sein de l'entreprise pour des raisons de stabilité. Le site Web est partiellement réapparu en ligne le 15 janvier, avec le soutien de Ddos-Guard, une entreprise technologique russe. Avant cette date, Matze a déclaré le 13 janvier que Parler pourrait être hors ligne pour de bon.
Matze est devenu une star des médias conservateurs au milieu du chaos qui entoure le retrait de sa société des services d’Amazon, faisant régulièrement des apparitions pour défendre la liberté d'expression. Après son licenciement, Matze a déclaré à son personnel qu'il prendrait quelques semaines de congé avant de se mettre à la recherche d'une nouvelle entreprise.
« Après cela, je chercherai de nouvelles opportunités où mon sens technique, ma vision et les causes qui me passionnent seront requis et respectés », a-t-il écrit. « Je tiens à remercier tous les gens de Parler qui m'ont soutenu, moi et la plateforme. Ce fut le véritable rêve américain : une idée qui est passée du salon à une entreprise d'une valeur considérable ».
Il sera intéressant de voir qui remplacera Matze, et si cette personne pourra réaliser ce en quoi le conseil pense que le cofondateur de la plateforme a échoué. Ce qui ne sera pas une mince affaire, si l'on suppose que Parler veut conserver ses politiques extrêmes de liberté d'expression. Par ailleurs, il semble maintenant que DdoS-Guard, le nouvel hébergeur Web de Parler, soit sur le point de se voir retirer plus des deux tiers de l'espace d'adresses Internet que la société loue à ses clients - y compris les adresses Internet actuellement occupées par Parler.
En effet, une enquête du chercheur américain en sécurité Ronald Guilmette a découvert que DDoS-Guard s'est constitué en société au Belize sur le papier juste pour obtenir d'énormes quantités d'adresses IP qui sont censées être attribuées uniquement aux entités ayant une présence physique dans la région. Ce qui ne serait pas le cas pour la société qui est également constituée en Écosse.
Selon KrebsOnSecurity, LACNIC (Latin America and Caribbean Network Information Centre), le registre Internet régional pour les régions d'Amérique latine et des Caraïbes, auprès de qui le chercheur a déposé une plainte, indique sur son site Web dans un avis que les adresses Internet en question devraient être révoquées le 24 février.
Source : LinkedIn
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Les nouveaux dirigeants de Parler vont-ils revoir les politiques de "liberté d'expression" de la société, qui ne font pas assez pour modérer le contenu ?
Voir aussi :
Amazon, Apple et Google coupent l'accès au réseau social Parler, l'application sera mise hors ligne, à moins qu'elle ait trouvé un autre hébergeur jusqu'à dimanche
AWS déconnecte les serveurs de Parler suite à son implication supposée dans l'organisation des émeutes du Capitole. Le réseau social utilisé par les partisans de Trump n'est plus accessible
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Le PDG du réseau social Parler dit qu'il a été licencié par le conseil d'administration de la société,
Après qu'il a rencontré une résistance à sa « forte conviction en la liberté d'expression »
Le PDG du réseau social Parler dit qu'il a été licencié par le conseil d'administration de la société,
Après qu'il a rencontré une résistance à sa « forte conviction en la liberté d'expression »
Le , par Stan Adkens
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