
Le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, a déclaré lors d’un point de presse mercredi que l’administration Trump allait intensifier les efforts américains contre les menaces chinoises en les étendant à un nouveau programme qu'il appelle "Clean Network", a rapporté CNBC. Ce nouvel effort se concentrerait sur cinq domaines et comprendrait des mesures visant à empêcher les diverses applications chinoises, ainsi que les sociétés de télécommunications chinoises, d'accéder à des informations sensibles sur les citoyens et les entreprises américaines.
« Avec des sociétés mères basées en Chine, des applications comme TikTok et WeChat et d'autres constituent des menaces importantes pour les données personnelles des citoyens américains, sans parler des outils de censure du contenu du Parti communiste chinois », a déclaré Pompeo lors du point de presse.
Les commentaires du plus haut diplomate du pays arrivent moins d'une semaine après que le président Donald Trump ait déclaré aux journalistes d'Air Force One qu'il agira bientôt pour interdire l'application vidéo chinoise TikTok aux États-Unis, a rapporté CNBC. « En ce qui concerne TikTok, nous les interdisons aux États-Unis », a déclaré le président Trump, qualifiant cette action de « rupture ».
Ce n’est pas la première que Pompeo évoque la fermeture de l’application aux États-Unis. Le mois dernier, il a déclaré que les États-Unis envisageaient d'interdire TikTok ainsi que d'autres applications chinoises de médias sociaux, en invoquant des préoccupations de sécurité nationale. Le secrétaire d’État a ajouté que l'administration Trump évaluait TikTok comme les entreprises technologiques Huawei et ZTE, qu'il a précédemment décrites comme des « chevaux de Troie pour les services de renseignements chinois », selon CNBC.
TikTok, une application de partage de vidéos courtes, a été lancée en 2017 par l’entreprise chinoise de nouvelles technologies ByteDance. L'application a gagné en popularité pendant la pandémie du coronavirus, avec 2 milliards de téléchargements en avril, selon Sensor Tower. Plus tôt ce mois, ByteDance a proposé de céder la branche de TikTok aux États-Unis suite aux menaces du président américain d'interdire l'application dans le pays.
Dimanche dernier, Microsoft a confirmé qu'elle avait eu des discussions avec la société technologique chinoise ByteDance pour acquérir les activités de TikTok US et dans plusieurs autres pays. Microsoft a déclaré dans un communiqué qu'elle continuera à travailler avec le gouvernement américain sur un accord et qu'il a l'intention de conclure les pourparlers d'ici le 15 septembre, date à laquelle TikTok sera interdite aux États-Unis si elle n'est pas encore vendue, d’après Trump. CNBC a rapporté mercredi que Microsoft pourrait payer jusqu'à 30 milliards de dollars pour acheter l’application.
Dans une interview accordée mercredi à l'agence de presse Xinhua, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a déclaré que les États-Unis « n'ont pas le droit » de mettre en place le programme "Clean Network" et qualifie les actions de Washington de « cas d'école d'intimidation ». « Tout le monde peut voir clairement que l'intention des États-Unis est de protéger leur position de monopole dans le domaine de la technologie et de priver d'autres pays de leur droit au développement », a déclaré Wang Yi.
Washington veut limiter la capacité des fournisseurs chinois de services de Cloud Computing à accéder aux données des États-Unis
Les commentaires de Pompeo mercredi ont reflété une poussée plus large et plus accélérée de Washington pour limiter l'accès des entreprises technologiques chinoises au marché et aux consommateurs américains afin de faire obstacle à une « campagne massive de vol et d'utilisation de nos données à des fins militaires », a rapporté CNBC. Selon le plus haut diplomate des États-Unis, le Département d'État serait en train de travailler avec le Département du Commerce ainsi qu'avec le Département de la Défense pour limiter la capacité des opérateurs chinois de services de Cloud Computing, comme Alibaba, Baidu, China Mobile, China Telecom et Tencent, à collecter, stocker et traiter des données aux États-Unis.
M. Pompeo a également déclaré que le Département d'État collaborerait avec d'autres agences gouvernementales pour protéger les données des citoyens américains et la propriété intellectuelle américaine, notamment la recherche sur le vaccin contre le covid-19. Les responsables américains se plaignent depuis longtemps que le vol de la propriété intellectuelle par la Chine a coûté à l'économie américaine des milliards de dollars de revenus et des milliers d'emplois, et qu'il menace la sécurité nationale. Mais Pékin a toujours soutenu ne pas se livrer à de telles activités sur les partenaires.
La décision de l'administration Trump représente une nouvelle étape dans la détérioration des relations entre Washington et Pékin et survient une semaine après que les États-Unis aient fermé le consulat chinois à Houston, ce qui a incité la Chine à fermer le consulat américain à Chengdu.
Le secrétaire d’État a aussi déclaré qu’il se joignait au procureur général William Barr, au secrétaire à la défense Mark Esper et au secrétaire à la sécurité intérieure par intérim Chad Wolf pour demander instamment à l'autorité américaine de régulation des télécommunications, la Commission fédérale des communications, de mettre fin aux autorisations accordées à China Telecom et à trois autres sociétés de fournir des services à destination et en provenance des États-Unis. Il a déclaré que le département d'État s'efforçait également de faire en sorte que la Chine ne puisse pas compromettre les informations transportées par les câbles sous-marins qui relient les États-Unis à l'Internet mondial, a rapporté le News York Times.
Huawei Technologies, le géant chinois de la technologie, n’a pas été épargné une fois de plus. Pompeo a déclaré que les États-Unis s'efforçaient d'empêcher la société chinoise des télécommunications de préinstaller ou de mettre à disposition pour téléchargement les applications américaines les plus populaires sur ses téléphones. « Nous ne voulons pas que les entreprises soient complices des violations des droits de l'homme commises par Huawei, ou de l'appareil de surveillance du PCC », a déclaré Pompeo, sans mentionner aucune entreprise américaine en particulier.
Toutefois, si ce nouveau programme entre en vigueur, il pourrait être demandé à Apple et Google, qui ont des app stores populaires, de supprimer les applications chinoises « non fiables » comme WeChat et TikTok de leurs magasins. Des mesures précédentes du gouvernement américain ont poussé Google et d’autres entreprises à ne plus faire des affaires avec Huawei et ses entreprises alliées.
Les États-Unis font depuis longtemps pression sur leurs alliés européens et autres pour les persuader de couper Huawei de leurs réseaux de télécommunications. Huawei nie qu'elle espionne pour la Chine et affirme que les États-Unis veulent freiner sa croissance parce qu'aucune entreprise américaine ne propose la même technologie à un prix compétitif, a rapporté le NYT.
Selon le NYT, un communiqué du Département d'État a déclaré que l'élan en faveur du programme "Clean Network" s'amplifiait et que plus de 30 pays et territoires étaient désormais des "Clean Countries" (pays propres) et plusieurs des plus grandes entreprises de télécommunications du monde des "Clean Telcos" (télécoms propres). Le Département d'État a appelé les alliés des États-Unis « à se joindre à la marée montante pour sécuriser nos données de l'État de surveillance du PCC et d'autres entités malveillantes ».
Source : CNBC
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