
il se traduira d’abord par une API, puis un outil intégré nativement aux deux systèmes
À la faveur de l’intensification de la crise sanitaire, de nombreux pays commencent à se tourner de plus en plus vers les applications de « contact tracing » (traçage des personnes pour déterminer si elles ont été exposées à une personne atteinte du COVID-19). En général, ces applications utilisent le même principe de fonctionnement. Elles se servent du Bluetooth pour transmettre un identifiant anonyme à un autre utilisateur qui se trouve à proximité pendant un temps défini. Et lorsqu’une personne est dépistée comme porteuse du virus, un message anonyme est envoyé à toutes les personnes dont les identifiants ont été récupérés par l’appareil du malade.
Que ce soit à Singapour, en Pologne, en Autriche pour ne citer que ces lieux, des applications de suivi de contacts ont déjà été mises à la disposition du public. À la suite de ces pays, nous avons la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne qui travaillent également sur le même projet. Aussi, pour éviter que l’on se retrouve avec une disparité d’applications au sein de l’Union européenne, le Contrôleur européen de la protection des données a appelé les États membres à mettre en œuvre une application mobile paneuropéenne pour le traçage des contacts.
Google et Apple main dans la main pour lutter contre le COVID-19
Eu égard à la volonté des gouvernements d’utiliser ces applications de contact tracing pour lutter efficacement contre la propagation du coronavirus, Apple et Google viennent d’annoncer le lancement d’un partenariat pour la mise en œuvre d’une solution commune qui permettrait de retracer plus efficacement les infections. Dans les faits, cette mutualisation des efforts se traduira par l’implémentation d’une « solution complète qui comprend des interfaces de programmation d’applications (API) et une technologie au niveau du système d’exploitation pour aider à activer le suivi des contacts ».
Compte tenu de l’urgence, les entreprises annoncent que ce plan sera mis en œuvre en deux étapes. « Tout d’abord, en mai, les deux entreprises publieront des API qui permettent l’interopérabilité entre les appareils Android et iOS à l’aide des applications des autorités de santé publique. Ces applications officielles seront disponibles pour les utilisateurs à télécharger via leurs boutiques d’applications respectives ».
« Deuxièmement, dans les mois à venir, Apple et Google travailleront pour permettre une plateforme de suivi des contacts plus large basée sur Bluetooth en intégrant cette fonctionnalité dans les plateformes sous-jacentes ». Selon les deux entreprises, « il s’agit d’une solution plus robuste qu’une API et qui permettrait à davantage de personnes de participer, si elles choisissent d’y adhérer, ainsi que de permettre l’interaction avec un écosystème plus large d’applications et d’autorités sanitaires gouvernementales ».
Cette annonce semble arriver à point nommé, car les applications de traçage des contacts mises à la disposition du grand public montraient jusque-là leurs limites en ce qu’elles ne permettaient pas d’échanger des données par Bluetooth entre les appareils iOS et Android. Des chercheurs du MIT qui ont présenté, il y a quelques jours, une application de contact tracing utilisant le Bluetooth à l’instar du système Find My d’Apple ont également reconnu que pour que cette application soit efficace, il faut que Google, Apple et Microsoft collaborent de manière très étroite. C’est donc pour résoudre tous ces problèmes que les deux sociétés, qui représentent environ 99 % du marché des mobiles, ont commencé, il y a deux semaines, à travailler ensemble afin de sortir cette API qui sera disponible en mai et un peu plus tard un outil natif qui fera les mêmes tâches que les applications de traçage des contacts.
Comment cette solution pourrait fonctionner ?
Selon les déclarations des deux entreprises, l’API est simple et devrait être relativement facile à intégrer pour les applications existantes ou futures. Une fois intégrée, l’API permettrait à une application de contact tracing développée par une agence gouvernementale de santé de demander aux utilisateurs d’activer le suivi des contacts. Et lorsque l’utilisateur donne son accord, l’application diffuse un identifiant rotatif anonyme vers les appareils que la personne rencontre à une distance de moins de 1,8 m.
Il faut noter que les identifiants changent toutes les 15 minutes. Et si une personne utilisant l’application est déclarée positive au coronavirus, avec un consentement supplémentaire, l’application transmet ses identifiants des 14 derniers jours au serveur de l’agence de santé. Si parmi les contacts, un utilisateur a une application de santé publique, son application va télécharger les clés de l’utilisateur testé positif et l’application va l’avertir qu’il a été en contact avec une personne déclarée positive. Ensuite, des recommandations seront faites à ce dernier pour qu’il puisse prendre des mesures adéquates pour la suite.
Pour ce qui concerne la deuxième phase, elle consiste à intégrer un outil de traçage des contacts à un plus bas niveau dans les systèmes d’exploitation Android et iOS. L’avantage avec cette seconde solution est qu'elle éviterait aux utilisateurs de télécharger des applications de tracking des contacts fournies par les agences de santé publique. Ainsi, même si une personne n’a pas téléchargé une application de contact tracing, cet outil natif lui permettrait avec son consentement de suivre les contacts et d’être également suivie.
Par contre, Google a déclaré que les outils et les mises à jour ne seraient pas disponibles là où ses services sont bloqués, comme en Chine ou sur des appareils Android non officiels. Apple de son côté fournira les technologies en tant que mises à jour de son système d’exploitation iPhone.
Des arguments qui peuvent rassurer les utilisateurs ?
Un des points importants que rappellent les deux entreprises dans leur déclaration est « la confidentialité, la transparence et le consentement » qui sont pour elles de la plus haute importance dans cet effort. Le système ne géolocalise pas les utilisateurs, mais envoie un identifiant Bluetooth aux appareils à proximité, ont souligné les deux entreprises. En outre, l’identifiant change toutes les 15 minutes et n’est aucunement lié à l’identité de l’utilisateur. Ces identifiants passeront par un simple serveur relais qui peut être géré par des organismes de santé du monde entier. Ces serveurs n’ont pas la capacité de suivre les utilisateurs, Google et Apple ont fait remarquer.
Il convient de préciser également que la liste des identifiants est stockée localement sur le téléphone et n’est partagée que lorsque l’utilisateur donne son consentement que ce soit dans l’application ou dans l’outil intégré au système. Par ailleurs, les autorités de santé publique devraient approuver qu’une personne a été déclarée positive avant de pouvoir envoyer les données. Enfin, Google et Apple s’engagent à ne pas utiliser ces technologies (API pour les applications ou outil intégré nativement au système) au-delà de la pandémie actuelle.
Elles ajoutent que l’API sera implémentée en consultation avec les parties prenantes intéressées. « Nous publierons ouvertement des informations sur notre travail pour que d’autres les analysent », ont précisé les deux entreprises. Cette initiative permettra donc aux deux entreprises de mettre dans un même creuset ce qu’elles savent faire de mieux. La confidentialité des utilisateurs qui tient assez cher à Apple et la maîtrise de l’open source que l’on reconnaît à Google.
Des difficultés qui peuvent mettre à mal les outils proposés
Même si les solutions proposées par Google et Apple viennent lever un obstacle majeur dans la lutte contre le coronavirus, leur efficacité ne pourrait être démontrée que lorsqu’une grande majorité de personnes adoptera ces applications ou ce outil de contact tracing. En France par exemple, près de 22 % des ressortissants n’ont pas de smartphone. Il va donc falloir réfléchir à une solution qui prenne en compte ce problème.
En sus, pour que ces solutions s’avèrent efficaces, il faut également que l’on puisse sortir pour croiser des personnes. Or, il se trouve qu’actuellement, de nombreux pays sont passés en mode confinement total. Ces solutions ne seront donc utiles que pour les pays qui ne pratiquent pas le confinement ou le pratiquent de manière partielle. Mais également, il faut que les utilisateurs effectuent des tests de dépistage et quand ils auront été déclarés positifs, choisissent de partager leurs données pour que les contacts puissent en être informés et prennent des mesures de quarantaine ou de consultation médicale.
Les utilisateurs préoccupés par leur vie privée
Dans les zones où les personnes habitent côte à côte comme dans les bâtiments, l’application de contact tracing ou le système natif pourrait émettre un signalement pour des personnes dans des...
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