C’est un sujet épineux qui amène des élus locaux comme le maire de Toronto à déclarer que la collecte des données de positionnement de millions de cellulaires a déjà cours dans sa ville, ce, avant qu’il ne se rétracte pour affirmer le contraire. À date, la version officielle servie par son équipe est que des partenariats sont en cours d’établissement avec des opérateurs de téléphonie dans le but d’obtenir des données de positionnement totalement anonymes. La Ville de Montréal et le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont pour leur part affirmé qu’il était hors de question pour eux d’utiliser un tel système. « On ne se mettra pas à jouer les Big Brother pour surveiller s’il y a des rassemblements dans le cadre de la COVID-19. Nous n’avons pas du tout l’intention d’aller là », a assuré le directeur des communications du SPVM, André Durocher.
Toutefois, au sommet le plus élevé de l’État, on n’écarte pas l’idée. En effet, dans le cadre d’une conférence de presse mardi dernier, le Premier ministre canadien déclare : « Je pense que nous reconnaissons que dans une situation d'urgence, nous devons prendre certaines mesures qui ne seraient pas prises en temps normal. Mais pour autant que je sache, ce n'est pas une possibilité que nous examinons en ce moment. Mais comme je l'ai dit, toutes les options sont sur la table pour faire ce qui est nécessaire pour assurer la sécurité des Canadiens en ces temps exceptionnels. »
De façon officielle donc, le pistage des smartphones pour cibler les lieux de rassemblements des individus n’est pas à l’ordre du jour au Canada dans le cadre de la lutte contre la pandémie de coronavirus. Le pays table sur d’autres options technologiques, en l’occurrence, une solution de la firme BlueDot. La start-up canadienne basée à Toronto a été l’une des premières à tirer la sonnette d’alarme sur le risque de pandémie liée à l’éclosion, à l’époque, d’une mystérieuse épidémie de pneumonie qui sévissait dans la ville de Wuhan en Chine. Bien avant les premières déclarations de l’OMS et toutes les mesures de confinement que le monde vit désormais elle avait prévu, en s’appuyant sur une intelligence artificielle, dans quels pays l’épidémie allait ensuite circuler.
Le système de détection de détection rapide de propagation des maladies infectieuses de BlueDot repose sur les méthodes du traitement automatique du langage et d’apprentissage automatique. Chaque jour, l’intelligence artificielle épluche des centaines de milliers d’articles sur internet et des données du trafic aérien afin de détecter et suivre les risques de propagation des agents pathogènes. Toutes les 15 minutes, 24/24h, l’algorithme décortique les rapports sanitaires officiels, analyse les forums de membres de corps médical, les blogs, les articles en ligne et scanne les textes à la recherche de mots-clés et d’expressions liés aux maladies respiratoires anormales. L’outil mis sur pied par une équipe de médecins, de vétérinaires, d’épidémiologistes, de « data scientists » et de développeurs peut lire 65 langues et est capable de traquer plus de 150 types de maladies.
Les têtes derrière l’outil l’entraînent ensuite à reconnaître si l’information repérée correspond à une menace ou à une épidémie réelle ou non. Dans le cas où elle est crédible, elle fait l’objet d’introduction dans une base de données qui analyse divers paramètres : lieu du foyer, aéroports alentours, itinéraires anonymes des passagers aériens à travers le monde, données climatiques et sur le système de santé de chaque pays, etc. Une fois l’analyse à son terme, BlueDot envoie une alerte à ses clients : agences gouvernementales, compagnies aériennes, hôpitaux — dans les lieux qui vont recevoir le plus grand nombre de ces voyageurs. Objectif : prévenir ces acteurs à se préparer au pire.
BlueDot a reçu du financement en début de semaine pour parfaire son modèle prévisionnel de l’évolution de la maladie. La firme a reçu 275 millions de dollars dans le cadre d’un investissement fédéral destiné à mobiliser les sciences dans la lutte contre le coronavirus.
Sources : National Post, The Logic
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