Alors que l’entreprise chinoise Huawei est sur le point de jouer un rôle majeur dans le déploiement de la 5G à l’échelle planétaire, l’administration Trump s’est engagée dans une campagne de boycott de grande ampleur pour imposer le bannissement des équipements réseau du chinois. Les États-Unis cherchent à persuader leurs alliés de l’UE et des Big Five qu’en raison des soupçons de collusion qui existeraient entre Huawei et le gouvernement et l’armée de Chine, d’une part, et d’autre part, des preuves d’espionnage invisibles des USA incriminant Huawei dans des affaires d’espionnage à grande échelle, les logiciels et le matériel fournis par cette entreprise sont utilisés par Pékin à des fins de cyberespionnage ou de sabotage.
L’administration Trump cherche à nouer des partenariats avec différents acteurs de l’industrie des télécommunications afin de fournir des alternatives aux technologies de la société chinoise Huawei, a récemment rapporté Reuters sur la base des déclarations faites ce vendredi par un haut responsable de la Maison-Blanche.
S’exprimant lors de la conférence de Munich sur la sécurité en Allemagne, Robert Blair, représentant spécial de la Maison-Blanche pour la politique internationale des télécommunications, a confié qu’un partenariat était « ;très différent de l’achat de parts [d’entreprises] avec l’argent des contribuables ;». Cette allocution de Blair a probablement été faite en réaction aux déclarations du procureur général William Barr qui a suggéré précédemment à l’Administration Trump de prendre le contrôle de deux grands rivaux étrangers de Huawei, dans le cadre du bras de fer commercial opposant Washington à Pékin et compte tenu des graves accusations d’espionnage (par l’entremise du matériel réseau qu’il vend) émises par les États-Unis à l’encontre de Huawei.
Robert Blair a ajouté que la Grande-Bretagne devait « ;réexaminer avec la plus grande attention ;» sa décision d’utiliser du matériel fabriqué par le géant chinois Huawei, ce qui, selon les responsables de Washington, constitue un risque pour la sécurité.
Quelques heures plus tôt, des procureurs américains ont accusé l’entreprise Huawei d’avoir volé des secrets commerciaux pour soustraire des technologies clés à d’autres entreprises et chercheurs aux États-Unis et renvoyer ces informations en Chine. Les procureurs affirment que Huawei a même mis en place un système de primes pour les employés qui pourraient voler la meilleure technologie et a aidé l’Iran à traquer des manifestants. Le nouvel acte d’accusation qui remplace celui qui a été rendu public l’année passée et déposé devant la Cour fédérale de Brooklyn, à New York.
En tout, la société Huawei est poursuivie par le gouvernement américain pour 16 chefs d’accusation. Une panoplie de techniques aurait permis à la firme de Shenzhen de réduire ses coûts en matière de R/D et de prendre un avantage non négligeable sur ses concurrents. On peut voir dans le dossier d’accusation que le géant Huawei et certaines de ses filiales sont poursuivis pour conspiration, violation d’une loi sur le racket utilisée en général pour lutter contre le crime organisé, vol des secrets commerciaux dans six entreprises américaines, mais aussi pour fraude et blanchiment d’argent.
Le dossier d'accusation contient en outre de nouvelles allégations concernant l’implication de l’entreprise dans des pays faisant l’objet de sanctions (Iran et la Corée du Nord notamment) établies par les USA et affirme, entre autres, qu'elle a installé en Iran du matériel de surveillance qui a été utilisé pour surveiller, identifier et séquestrer des manifestants lors des manifestations antigouvernementales de 2009 à Téhéran.
Les nouvelles allégations de vol de secrets commerciaux proférées par l'Oncle Sam concernent le détournement (par des moyens physiques ou autres) de la technologie liée aux antennes cellulaires, de la technologie robotique, du code source et des manuels d’utilisation de routeurs. Huawei est aussi accusé d’avoir élaboré un programme récompensant les employés-informateurs ayant détourné et transmis le plus de données confidentielles sur ses concurrents, de recruter des employés d’autres entreprises, de faire des efforts pour obtenir la propriété intellectuelle de ces entreprises et d’utiliser des professeurs d’instituts de recherche et divers autres moyens pour s’approprier des technologies protégées par le droit d’auteur.
Par ailleurs, le directeur financier du groupe, Meng Wanzhou, a été cité comme défendeur. Meng est détenu au Canada et risque d’être extradé vers les États-Unis sous des accusations distinctes, mais toujours liées à Huawei, de fraude bancaire.
« ;L’acte d’accusation dresse le portrait accablant d’une organisation illégitime qui n’a aucun respect pour la loi ;», ont déclaré le ministre américain des Affaires étrangères, le président de la commission sénatoriale du renseignement Richard Burr et le vice-président Mark Warner dans une déclaration commune ;; tandis que les sénateurs l’ont qualifié « ;d’étape importante dans la lutte contre l’État et l’entreprise criminelle dirigés par Huawei ;».
Selon l’accusé, ces accusations font partie « ;d’une tentative de nuire irrévocablement à la réputation de Huawei et à ses activités pour des raisons liées à la concurrence plutôt qu’à l’application de la loi ;». L’entreprise chinoise a en outre qualifié l’accusation de racket de « ;réemballage artificiel d’une poignée d’allégations civiles vieilles de près de 20 ans ;». Huawei a plaidé non coupable à l’accusation précédente portée contre lui en janvier 2019, qui le soupçonnait de fraude bancaire et électronique, de violation des sanctions contre l’Iran et d’entrave à la justice.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, interrogé sur les mises en accusation lors d’un briefing à Pékin, a exhorté les États-Unis à cesser immédiatement de réprimer les entreprises chinoises sans raison, car de tels actes portent gravement atteinte à la crédibilité et à l’image des États-Unis.
En marge de ces annonces, il faut souligner que le département américain du Commerce a prévenu qu’il allait prolonger de 45 jours supplémentaires « ;la période de grâce ;» permettant aux entreprises américaines comme Google, Microsoft ou Apple, de continuer à faire des affaires avec Huawei. Cette mesure viserait à maintenir les équipements existants et à donner aux fournisseurs des communautés rurales plus de temps pour trouver des alternatives aux solutions réseau de l’entreprise chinoise.
Source : Dossier d’accusation (PDF), Reuters
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Le , par Christian Olivier
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