En novembre, l’administration Macron a souligné qu'elle n’envisageait pas de retirer Huawei de la liste des fabricants / fournisseurs d’équipements éligibles pour le déploiement de la 5G dans le pays, malgré les avertissements de l'administration Trump. À ce propos, Agnes Pannier-Runacher, la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, a expliqué : « ;trois équipementiers sont actifs en France. Huawei détient une part de marché de 25 %, il y a aussi Nokia et Ericsson. Samsung n’est pas encore actif en France, mais s’intéresse à la 5G ;». Assurant que l’État ne compte pas cibler un équipementier en particulier, elle a insisté sur le fait qu’il n’y aura pas d’exclusion et que le gouvernement procèdera « ;au cas par cas ;».
Il faut dire que certains acteurs comme Vodafone, par le biais de son président Nick Read, a déclaré qu'interdire à Huawei de fournir une infrastructure 5G en Europe entraverait la concurrence dans la chaîne d'approvisionnement. Les sociétés chinoises Huawei, Finlandaise Nokia et Suédoise Ericsson sont les trois plus grands fournisseurs d'équipements de télécommunication au monde, représentant plus de la moitié des revenus du marché, selon le cabinet d'études Dell'Oro.
« Si nous concentrons nos efforts sur deux acteurs, je pense que c'est une position malsaine, non seulement pour nous en tant qu'industrie, mais également pour l'infrastructure nationale du pays », a déclaré Read. Il a estimé qu'il serait « extrêmement coûteux » pour les opérateurs et les consommateurs si les entreprises étaient obligées d'échanger leurs équipements Huawei pour se tourner vers les offres concurrentes, ajoutant que cela retarderait le déploiement de la 5G en Europe « de probablement deux ans ».
« Cela désavantage structurellement l'Europe », a-t-il souligné. « Bien sûr, les États-Unis ne rencontrent pas ce problème, car ils ne se servent pas d'équipement Huawei »
Il faut noter que, lors de la présentation de ses vœux à la presse le 23 janvier à Paris, Stéphane Richard, PDG d'Orange,a fait écho à ces propos. « Je suis contre l'exclusion de Huawei », a fermement affirmé Stéphane Richard. Cette déclaration semble être une réponse à Thierry Breton, Commissaire européen au Marché intérieur, qui avait dit que le déploiement de la 5G ne serait pas retardé si les équipementiers européens sont privilégiés. « J'espère que nous n'irons pas vers une exclusion de fait, qui ne serait pas dans l'intérêt de l'Europe. Je peux parfaitement admettre que l'on fasse jouer une préférence européenne [Ericsson et Nokia], d'autres privilégient leurs entreprises. Mais doit-on écarter Huawei ? C'est un pas que je ne franchis pas », réagit alors Stéphane Richard.
Mais cela n'a pas empêché Orange, la plus grande entreprise de télécommunications de France, de choisir Nokia et Ericsson pour déployer son réseau 5G en France métropolitaine.
La décision du champion plaira probablement aux autorités américaines, qui cherchent depuis des mois à convaincre ses alliés européens de bannir Huawei de leurs réseaux de télécommunications, craignant que l'entreprise chinoise ne soit utilisée par la Chine à des fins d'espionnage, affirmations qu'Huawei nie fermement.
Orange, considéré comme un actif stratégique par le gouvernement français utilise le finlandais Nokia et le suédois Ericsson pour ses réseaux mobiles actuels, sur lesquels une partie de la prochaine technologie mobile sera construite.
« Pour Orange France, c'était la solution la plus simple », a expliqué une source proche de l'opérateur, ajoutant qu'elle avait suivi des négociations et des expériences avec les produits Nokia, Ericsson et Huawei.
Des alliés qui n'ont pas tous cédé
Notons que certains partenaires des États-Unis, comme le Japon, l’Australie, et la Nouvelle-Zélande, ont déjà cédé à la pression américaine et ont déjà écarté le géant chinois de la 5G. Mais d'autres comme l'Allemagne et la Grande-Bretagne ont refusé de céder à la pression.
Allemagne
L’Allemagne a exprimé son scepticisme concernant cette affaire, affirmant n'avoir trouvé aucune preuve que la société pourrait utiliser son équipement pour l’espionnage. Spiegel Arne Schoenbohm, chef de l'Office fédéral allemand de la sécurité de l'information (BSI) a déclaré que pour des décisions aussi sérieuses qu'une interdiction, il faut des preuves, ajoutant que son agence ne disposait pas de telles preuves. Il fait également savoir que les experts du BSI avaient examiné les produits et composants Huawei du monde entier avant de se prononcer.
Cette décision du BSI n’a pas enchanté tout le monde et certains se sont exprimés. C’est le cas de Ronja Kniep, experte en sécurité dans le secteur des télécommunications qui a déclaré à l’AFP ceci : « Je pense qu'il est faux de laisser entendre que les préoccupations relatives à l'espionnage chinois sont infondées et faciles à détecter. Même si Huawei n’a aucune relation officielle avec le gouvernement chinois, cela ne signifie pas pour autant que les services chinois n’utilisent pas la société et sa technologie comme vecteurs d’espionnage ».
Grande-Bretagne
Par la voix de Ciaran Martin, directeur du National Cyber Security Centre (NCSC), la Grande-Bretagne a affirmé qu’aucun élément de preuve susceptible de confirmer une quelconque activité malveillante de la part de l’entreprise technologique Huawei n’existe et qu’elle est en mesure de gérer les risques de sécurité liés à l’utilisation des équipements de télécommunications fournis par ladite entreprise.
Précisons que le NCSC fait partie de l’agence de renseignement britannique du GCHQ et que Huawei est considéré à l’heure actuelle comme le plus grand fabricant mondial d’équipements de télécommunications. Mais le géant chinois traverserait une période trouble en Grande-Bretagne depuis qu’un rapport du gouvernement de juillet 2018 a constaté que des problèmes techniques et affectant la chaîne d’approvisionnement de ses équipements avaient exposé les réseaux de télécoms nationaux à de nouveaux risques de sécurité.
Toutefois, si Huawei n’est encore banni par aucun pays européen, la Commission européenne a déjà lancé un plan pour sécuriser la 5G qui ne mentionne pas Huawei.
« La meilleure façon d’y répondre, ce n’est pas de désigner un acteur parce qu’il aurait telle ou telle nationalité. Sans être ni naïf ni paranoïaque, il faut conduire une proposition de loi qui est de nature à rassembler tous les éléments qui permettent de sécuriser les réseaux, et qui s’appliquent à tous. C’est la meilleure façon de ne pas succomber à des logiques géopolitiques », a estimé le député Bothorel. Le rapporteur de la loi a également réfuté l’appellation « loi Huawei » que la presse française a adoptée, et parle plutôt d’une « réponse technique et technologique à un problème technique et technologique ».
Source : Reuters
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Orange choisit les Européens Nokia et Ericsson pour déployer son réseau 5G en France
Au détriment du Chinois Huawei
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Le , par Stéphane le calme
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