Il y a quelques jours, l’administration Trump a publié un nouvel arrêté qui prolonge de 90 jours (désormais jusqu’en février 2020) « la période de grâce » durant laquelle elle autorise les entreprises américaines à faire des affaires avec l’entreprise chinoise Huawei Technologies. Il a également été rapporté que le département américain du Commerce examinait en parallèle la possibilité d’octroyer des licences individuelles aux entreprises locales qui souhaitent continuer à faire des affaires avec des entités « à risque » comme Huawei qui figurent sur la liste noire du gouvernement US pour des raisons de sécurité nationale. Des sociétés comme Google, Intel ou Microsoft sont particulièrement intéressées par la seconde option qui leur procurerait, à eux ainsi qu’à leurs partenaires (Huawei en l’occurrence) une certaine stabilité et de meilleures garanties pour la poursuite de leurs transactions commerciales.
Ce mercredi, le département US du Commerce a confirmé qu’il a commencé à délivrer des licences à certaines entreprises américaines qui souhaitent continuer à faire des affaires avec Huawei qui, il faut le souligner, reste le premier fabricant mondial d’équipements de télécommunications, le deuxième fabricant mondial de smartphones et un fournisseur important dans le marché des PC et tablettes 2-en-1. Le département US du Commerce a déclaré que 50 % environ des 300 demandes de permis ont été traitées et que la moitié de celles-ci, soit un quart du total, ont été approuvés. Une source proche du dossier a précisé à Reuters que certaines licences pour la vente de composants de smartphones et de composants non électroniques ont été approuvées.
« Le Département délivre ces licences restreintes pour autoriser des activités limitées et spécifiques qui ne présentent pas un risque important pour la sécurité nationale ou les intérêts de la politique étrangère des États-Unis », pouvait-on lire dans un communiqué du ministère.
Par la voix d’un porte-parole, Microsoft, l’un des bénéficiaires de cette mesure d’assouplissement, s’est félicité de cette évolution : « Le 20 novembre, le département US du Commerce a accédé à la demande de Microsoft pour l’obtention d’une licence d’exportation de logiciels grand public à la faveur d’Huawei. Nous apprécions l’action du Ministère en réponse à notre demande ».
La Semiconductor Industry Association, un groupe américain de lobbying, s’est félicitée de l’annonce du département US du Commerce, affirmant que les ventes de produits non sensibles contribuent à assurer la compétitivité des États-Unis, ce qui est essentiel à la sécurité nationale. « Nous espérons que les approbations de licence continueront à se dérouler de manière appropriée et opportune », a ajouté l’association.
Ce nouveau geste de bonne volonté intervient alors que l’administration Trump s’attèle à finaliser la signature de la première étape d’un accord commercial avec la Chine afin de mettre fin au bras de fer commercial qui oppose les deux régimes depuis de longs mois. Huawei pourrait très bien se passer de matériels en provenance des États-Unis pour concevoir ses appareils, mais le faire sans logiciel US serait plus difficile. Le géant technologique chinois attendait avec impatience l’octroi de licences qui lui permettraient de continuer à exploiter les services et solutions logicielles « quasi incontournables à l’heure actuelle », comme Windows ou Azure chez Microsoft ou Android et ses services associés du côté de Google pour son essor sur le marché international.
Toutefois, côté américain, cette mesure d’assouplissement ne plait pas à tout le monde. Un groupe de sénateurs républicains et démocrates a récemment exhorté l’administration Trump à arrêter la délivrance de ces licences, avertissant que même des affaires limitées avec Huawei pourraient poser un risque pour la sécurité nationale. Dans une lettre au président Trump, un groupe de 15 sénateurs a fustigé cette mesure.
« Compte tenu des risques de sécurité posés par les activités de Huawei aux États-Unis, nous vous demandons de prendre des mesures immédiates pour suspendre l’approbation de ces licences et de veiller à ce que le Congrès soit correctement informé du processus d’approbation des licences et de ses implications pour la sécurité nationale à l’avenir », ont écrit les sénateurs Charles Schumer et Tom Cotton dans la lettre et demandé à Trump de s’assurer que l’administration informe les principaux législateurs et comités du Congrès de toute licence dont bénéficierait Huawei aux USA.
Par ailleurs, le sénateur Marco Rubio a fait une déclaration dans laquelle il avance que la société Huawei « représente une menace claire et croissante pour la sécurité économique et nationale des États-Unis et de leurs alliés », précisant : « Je crois fermement qu’il est contraire à l’intérêt de la sécurité nationale des États-Unis d’accorder des licences pour les exportations américaines qui soutiennent ou renforcent Huawei ».
Sources : Reuters, Lettre des sénateurs US (PDF)
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Mais des sénateurs US fustigent déjà cette mesure
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Le , par Christian Olivier
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