La cause de cet accident mortel engendré par un véhicule Uber semblait être due à une défaillance au niveau du logiciel embarqué, plus précisément à une fonction qui détermine quels objets ignorer ou surveiller. En effet, les capteurs installés sur ce type de véhicule sont censés détecter et générer des alertes si la présence d’un piéton au milieu de la route est signalée. Ce qui permet de déclencher le processus de freinage d’urgence. Dans la foulée, la société a décidé de suspendre son programme de circulation de voitures sans conducteur à Phoenix, à Pittsburgh, à San Francisco et à Toronto, assurant qu’il s’agissait là d’une procédure standard.
Un rapport officiel publié cette semaine par le National Safety Transportation Board (NTSB) - l’agence américaine indépendante qui est responsable des enquêtes sur les accidents aéronautiques, routiers, maritimes, ferroviaires et ceux concernant les pipelines - apporte de nouvelles précisions quant aux causes réelles à l’origine de cette tragédie. Il indique que la voiture d’Uber impliqué dans cet accident n’était pas conçue pour détecter « ;les piétons qui traversent illégalement la chaussée ;».
L’enquête du NTSB a montré que le logiciel embarqué n’avait pas réussi à identifier la victime comme une piétonne, car elle n’était pas au niveau d’un point de passage clairement désigné. La voiture n’a pas non plus réussi à anticiper correctement les mouvements de la victime en tant que personne se déplaçant sur la route et a fini par la heurter directement. Les systèmes de vision par ordinateur des voitures autonomes sont formés pour identifier les éléments de leur environnement proche, comme les autres véhicules, les arbres, les poteaux de signalisation, les bicyclettes… et prendre des décisions sur ce qu’il faut faire ensuite en utilisant ces informations. Il semble que le logiciel d’Uber n’a pas été en mesure d’identifier Herzberg puisqu’il n’y avait pas d’étiquette de classification pour une personne n’utilisant pas un point de passage approprié et qu’il n’était pas en mesure de prendre les bonnes décisions.
Le rapport précise que « ;la conception du système ne tenait pas compte des piétons qui traversent illégalement la chaussée ;» et le logiciel était « ;incapable de prédire correctement le parcours ;» de la victime. Le système a plus ou moins ignoré la victime et l’a initialement considéré comme un objet immobile qui n’était pas, ou seulement partiellement, sur sa route et qui ne gênerait pas le passage du véhicule. À peine 1,2 seconde avant l’accident, le véhicule l’a identifiée non seulement comme une bicyclette, mais aussi clairement comme un obstacle sur son chemin. Il était malheureusement déjà trop tard. Si la voiture d’Uber avait correctement identifié Elaine Herzberg plus tôt comme une personne traversant la rue, elle aurait peut-être pu ralentir considérablement ou essayer de l’éviter d’une autre manière. Mais le véhicule n’a pas anticipé la collision parce que, la plupart du temps, il a considéré Elaine Herzberg comme un objet inconnu qui n’était pas sur le chemin. Il faut également préciser que le système de freinage d’urgence du véhicule avait été délibérément désactivé parce que lorsqu’il était mis en marche, le véhicule agissait de façon erratique, selon Uber. Le document suivant produit par le NTSB retrace la prise de décision et la vitesse de la voiture dans les secondes qui ont précédé l’accident :
Le NTSB a aussi publié plus de 40 documents totalisant au moins 430 pages avec divers éléments de preuve à l’appui et des comptes rendus détaillés sur des sujets comme les propriétés du véhicule et la culture de sécurité interne chez Uber. Il révèle en outre que les voitures autonomes du groupe ont été impliquées dans 37 collisions entre septembre 2016 et mars 2018, avant l’accident mortel. Dans ces 37 incidents, toutes les voitures étaient conduites en mode autonome.
Mardi soir, un porte-parole d’Uber a déclaré : « ;Nous regrettons l’accident survenu en mars 2018 impliquant l’un de nos véhicules autonomes qui a coûté la vie à Elaine Herzberg. À la suite de cette tragédie, l’équipe du Groupe Uber Advanced Technologies a adopté des améliorations essentielles à son programme afin d’accorder la priorité à la sécurité ;». « ;Nous attendons avec impatience de revoir les recommandations qu’il [le NTSB] a formulées ;», a-t-il ajouté.
Sources : Rapport (PDF), Autres documents fournis par le NTSB
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