Avec le développement technologique, un nombre croissant de personnes, d’entreprises et aussi d’objets se connectent sur la toile afin d’envoyer, recevoir ou consulter des informations sur la toile. Selon EMC et IDC, ce nombre augmentera de 40 % par an au cours de la prochaine décennie et produira chaque année environ 44 zettaoctets, soit 44 ;000 milliards de giga-octets.
Pour permettre à tout ce beau monde d’être connecté, chaque appareil a besoin d’une adresse IP qui est en fait un numéro d’identification attribué de façon permanente ou provisoire à chaque périphérique qui se connecte à internet. Quand on sait que dans le monde chaque personne, entreprise, organisation, entité étatique, etc., dispose de plus d’un appareil qui se connecte à internet, l’on peut se faire une idée de la quantité d’adresses IP utilisées au quotidien.
Nous rappelons que ces adresses IP sont attribuées au plus haut niveau par l’Internet Assigned Numbers Authority (IANA), un département de l’ICANN, l’entreprise américaine privée à but non lucratif qui supervise l’allocation globale des adresses IP et des numéros de systèmes autonomes et gère également la zone racine dans les Domain Name System (DNS). Elles se composent de 32 bits, ce qui permet de créer jusqu’à 4 milliards de numéros. C’est cet organe qui a procédé au découpage des 256 blocs /8 d’espace d’adressage IPv4 et les met à la disposition des registres internet régionaux (RIR en anglais). Au début d’internet, le faible nombre d’appareils connectés à la toile a entraîné une mauvaise répartition des adresses. Mais, avec le grand nombre d’appareils qui se connectent sur la toile chaque année, la demande d’adresses IP est devenue une préoccupation au fil des années.
En février 2011, l’IANA a déclaré que sa réserve de blocs d’adresses publiques IPv4 est arrivée à épuisement. Pour reporter l’échéance de l’épuisement, l’IANA a réutilisé des blocs d’adressage autrefois réservés et procédé à la récupération de certains blocs d’adresses qui ont été rétrocédés volontairement. Mais ce n’était qu’une question de temps avant que les adresses IPv4 ne puissent plus être attribuées aux RIR. En 2011, l’APNIC ou Asia-Pacific Network Information Center qui dessert le continent asiatique et les pays du pacifique a déclaré qu’il était à court d’adresses IPv4. En 2012, ce fut au tour de l’Europe (RIPE NCC, le registre régional d’adresses IP, qui alloue les IP pour l’Europe et le Moyen-Orient) d’annoncer qu’elle ne disposait plus d’un nombre important d’adresses IPv4. Depuis, le RIPE NCC rationne les blocs d’adresse à sa disposition. Avant le 14 septembre 2012, il était possible de se faire allouer plus d’un million d’IPv4 d’un coup. Mais depuis cette date, chaque LIR (registre local internet généralement un opérateur télécom qui a reçu une allocation d’adresses d’un RIR pour l’attribuer à des tiers) a droit à un seul bloc /22 soit 1024 adresses IPv4.
En France, la réalité ne semble par ailleurs qu’ailleurs. En effet, à la fin du mois de juin 2018, les 4 grands principaux opérateurs télécoms français notamment (SFR, Orange, Bouygues Telecom et Free) avaient déjà assigné entre 88 % et 99 % des adresses IPv4 à leur disposition. En mars dernier, le RIPE NCC disposait encore de 5,23 millions d’adresses d’IPv4 publiques disponibles. En considérant la demande moyenne des adresses IP, l’organe a annoncé que la date prévisionnelle d’épuisement des adresses IPv4 pour l’Europe et le Moyen-Orient était fixée au 23 mars 2020. Mais quelques mois plus tard après cette première annonce et plus précisément le 10 septembre 2019, il ne restait plus que 1,54 million d’adresses IPv4 publiques disponibles au RIPE NCC. Face à cette évolution rapide de la demande en adresses IPv4, le RIPE NCC revient sur la scène pour informer que la date probable pour l’épuisement des IPv4 est maintenant fixée au 6 novembre 2019. Jusqu’à cette échéance, le RIPE NCC va donc continuer à attribuer 1024 adresses IPv4 aux LIR jusqu’à épuisement, puis créer une liste d’attente pour les plages IPv4 qui seraient retournées au RIPE NCC.
Mais après cette date, « ;le prix des IPv4 sur le marché secondaire de l’achat des adresses IPv4 déjà allouées, par lequel des acteurs qui ont trop d’adresses IPv4 les vendent à ceux qui n’en ont pas du tout ou pas assez, devrait considérablement croître, du fait d’une demande plus forte, pour une offre de plus en plus faible ;», déclare l’ARCEP (Autorité française de régulation des communications électroniques et des postes). Pour contourner ce souci, certaines entités pourraient se tourner vers des équipements comme Carrier-grade NAT (CGN) qui permettent par exemple de partager une adresse IPv4 entre plusieurs clients. Mais cette solution a de nombreux inconvénients comme complexifier le maintien d’IPv4, identifier avec difficulté le matériel connecté et même rendre impossible certaines actions comme le pair-à-pair, l’accès à distance à des fichiers partagés sur un NAS (serveur de stockage en réseau) ou à des systèmes de contrôle de maison connectée, ainsi qu’à certains jeux en réseau, etc.
Pour l’ARCEP, la seule solution viable et impérative est le passage à l’IPv6. Depuis 1998, les spécifications d’IPv6 ont été finalisées et offrent une quasi-infinité d’adresses : « ;667 millions de milliards d'adresses IPv6 pour chaque millimètre carré de surface terrestre ;». Mais de nombreux pays sont encore à la traîne. À la date du 6 septembre, les statistiques de Google rapportent que le taux d’adoption de l’IPv6 sur internet est de 29,7 % dans le monde. En France, il est de 33,85 % contre 51,47 % en Belgique. Au Canada, il est de 23,14 %. Au Royaume-Uni, il est de 22,97 %. Et aux États-Unis, il est 37,06 %.
Source : ARCEP, Statistiques Google
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IPv6 : La date prévisionnelle d'épuisement des adresses IPv4 pour l'Europe est maintenant fixée au 6 novembre 2019
Et non plus au 23 mars 2020
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Le , par Olivier Famien
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