L’Arcep rappelle que le protocole IPv4, utilisé sur internet dès ses débuts, offre un espace d'adressage de près de 4,3 milliards d'adresses IP. Or, le succès d'internet, la diversité des usages et la multiplication des objets connectés ont eu comme conséquence directe l'épuisement progressif des adresses IPv4, certaines régions du monde étant touchées plus que d'autres.
Les quatre principaux opérateurs français (Bouygues Telecom, Free, Orange, SFR) ont déjà affecté entre environ 85 % et 99 % des adresses IPv4 qu’ils possèdent.
Un retard trop important dans la transition risque d'entraîner des conséquences néfastes, par exemple :
- l'explosion des coûts liés à une gestion de la pénurie d'adresses IPv4 ;
- le dysfonctionnement de certaines catégories de services.
Autant d’éléments qui soulignent une pénurie, mais également les risques encourus et qui rendent la transition vers l’IPv6 inévitable. Surtout que le protocole s’accompagne de plusieurs avantages.
Le protocole IPv6 offre un espace d’adressage quasi illimité à même de couvrir l’ensemble des besoins actuels et anticipés.
Il permet d’attribuer à chaque terminal ou nœud du réseau une adresse IP individuelle afin de le rendre accessible directement depuis n’importe quel point du réseau internet ; de façon prospective, il offre même l’opportunité d’identifier plusieurs « objets matériels ou logiciels » au sein d'un terminal ou serveur donné.
Au-delà de sa capacité d’adressage, cette nouvelle version du protocole IP intègre de nouvelles fonctionnalités permettant notamment de simplifier certaines fonctions de la couche réseau, telles que le routage et la mobilité, ou d’assurer nativement une meilleure sécurisation des échanges.
Plus largement, la transition vers IPv6 présente un fort potentiel d’innovation et de compétitivité pour la France. En offrant plus de liberté aux utilisateurs et aux éditeurs, il leur permet de s’affranchir des limitations introduites par les maillons intermédiaires et de décider des innovations de demain.
Quelle est la situation en France ?
L'Arcep a retenu plusieurs indicateurs reflétant le niveau de déploiement à différents maillons de la chaîne technique sur internet, notamment : fournisseurs d'accès.
L’autorité note de fortes disparités entre opérateurs : le taux de trafic basé sur le protocole IPv6 tel qu'effectivement observé par les serveurs hébergeant les contenus en bout de chaîne est de 35 % pour Free, 33 % pour Orange, et moins de 1 % pour Bouygues Telecom et SFR :
L’autorité rappelle qu’à ce jour, sauf cas particulier, IPv6 est activé par défaut sur les box Livebox 3 et Livebox 4 d’Orange et sur la box V6 de Free. Chez Bouygues Telecom et SFR, à ce stade, l'activation de la box est possible, mais n’est pas faite par défaut : celle-ci doit être réalisée manuellement par l’opérateur ou par l’utilisateur. Ceci explique la différence entre le taux de clients disposant d’IPv6 (IPv6-ready ou « compatibles ») et le taux de clients activés en IPv6 (qui émettent et reçoivent du trafic IPv6).
De plus, comme expliqué, la transition vers IPv6 nécessite le concours de l'ensemble des acteurs d'internet. Si le rôle des FAI est important, une communication ne peut ainsi s'effectuer en IPv6 que si toute la chaîne technique adopte ce protocole (depuis le terminal, jusqu'au fournisseur de contenus). Cette dépendance explique en partie le décalage entre le nombre de clients activés en IPv6 et le taux réel d'utilisation d'IPv6.
En France, sur les réseaux fixes, Free a été le premier opérateur majeur à proposer une connectivité IPv6 à ses clients. Ce déploiement remonte à 2007. Orange a été le second opérateur à faire bénéficier ses clients fixes d'IPv6, début 2016. La grande majorité de ses clients FttH et VDSL est désormais dotée d'une connectivité IPv6 par défaut.
L’autorité a également formulé les prévisions que voici :
- Fin 2018 : Free envisage d’activer IPv6 sur l’intégralité de son parc. Orange projette d’activer IPv6 pour 50 % à 60 % de ses clients d’ici un an. Bouygues Télécom envisage de généraliser la migration pour obtenir 25 % à 35 % de clients activés. SFR projette quant à lui que moins de 10 % de ses clients seront activés à cet horizon.
- Fin 2020 : Orange envisage d’atteindre 70 % à 80 % de clients activés en IPv6. Bouygues Telecom projette d’activer 75 % à 85 % de ses clients. SFR, de son côté, envisage d’avoir atteint entre 10 % et 20 % de clients activés.
Globalement, le taux d’utilisation d’IPv6 est passé en 5 ans de 5,2 % à 20,9 % même si, aujourd’hui encore, seulement à peine un internaute français sur cinq se connecte en IPv6. Une performance à relativiser si elle est mise en relief par exemple au niveau européen ou mondial.
En effet, sur le baromètre Akamai, la France se retrouve en 18e position avec un pourcentage d'adoption IPv6 de 12,5 % , loin derrière la Belgique et son pourcentage d'adoption de 46,4 % (première mondiale) ou l'Allemagne et ses 25,5 %. Rappelons que ces chiffres sont partiels, puisque mesurés au travers de la solution d’Akamai seulement.
Du côté de Google, la France dispose d'un pourcentage d'adoption IPv6 de 20,94 %, derrière la Belgique et ses 50,94 % ou l'Allemagne et ses 34 %.
Source : Arcep, Akamai (adoption IPv6), adoption IPv6 (Google)
Et vous ?
Qu'est-ce qui peut, selon vous, expliquer la lenteur du déploiement de l'IPv6 en France ?