Depuis quelques années, les éditeurs de jeux vidéo ont commencé à intégrer des loot box dans leurs jeux. Ces objets virtuels traduits également par « pochettes surprises » se présentent comme des coffres contenant un nombre non spécifié d’objets virtuels tirés au hasard afin d’offrir au joueur des améliorations dans le jeu.
Le seul problème avec cette pratique est que bien que ces loot box sont dans bien des cas payantes, le fait de débourser de l’argent ne donne pas forcément droit à des objets attendus et voulus par le joueur. Les joueurs, généralement des enfants, devront donc composer avec la chance ou plutôt avec les algorithmes probabilistes qui soutiennent ces loot box et renouveler leurs paiements dans l’espoir d’acquérir les objets désirés, ce qui soulève des inquiétudes auprès de plusieurs acteurs de la société. Pour apporter un peu de modération à cette pratique, les grands éditeurs de jeux vidéo, à savoir Microsoft, Nintendo et Sony ont déclaré le mois dernier qu’ils allaient exiger des éditeurs de jeux vidéo de la transparence sur les chances d’obtenir des objets virtuels avec les loot box qui seraient inclus dans leurs jeux.
Les loot box : un problème mondialement combattu
Mais déjà, plusieurs actions ont été initiées pour condamner ces astuces commerciales qui ont plus l’air pour certains d’un « attrape-nigaud » que d’une « mécanique de surprise » comme Electronic Arts le suggère. Aux États-Unis, un projet de loi porté par les deux groupes politiques du pays a été déposé en vue d’interdire la vente de ces loot box aux mineurs, car, pour les initiateurs de cette loi, cette pratique s’apparenterait à de l’exploitation des enfants par le principe « pay-to-win ». La Chine, quant à elle, a limité le nombre de coffres que les joueurs peuvent ouvrir chaque jour. La Suède pour sa part a ouvert une enquête sur ces loot box. En Belgique, par contre, il est formellement interdit de vendre des jeux contenant des loot box.
Les députés britanniques passent à l’offensive contre les loot box
Récemment, ce sont les parlementaires britanniques qui sont montés au créneau en déclarant que « les dépenses dans les jeux devraient être réglementées par les lois sur les jeux d’argent et les soi-disant boîtes à butin devraient être entièrement interdites aux enfants ». L’organisme britannique spécialisé dans le secteur du commerce a répondu qu’il « examinerait ces recommandations avec le plus grand sérieux ». Et pour cause. L’enquête du comité du numérique, de la culture, des médias et des sports sur les technologies captivantes et immersives a entendu des histoires de jeunes adultes qui avaient accumulé des dettes de milliers de livres dépensés dans des jeux. Jagex, la société derrière le jeu en ligne RuneScape, a en outre admis que les joueurs pouvaient dépenser jusqu’à 1100 euros par semaine ou 5 500 euros par mois.
Nous soulignons que les débats qui ont lieu au parlement britannique sur les loot box et les paiements dans les jeux ont été faits en présence de certains acteurs de l’industrie vidéoludique. Pour les députés, les éditeurs de jeux devraient intervenir lorsqu’ils constatent qu’un joueur dépense trop dans ces jeux. Mais lors des débats, ils ont constaté que l’industrie hésitait à définir un seuil à partir duquel l’on estimerait que le joueur a trop dépensé. De même, les éditeurs de jeu auraient rechigné à accepter la responsabilité d’intervenir si un joueur venait à dépenser un peu trop.
Résumé de la position des députés britanniques
S’exprimant, M. Damian Collins, président du DCMS, a déclaré que « les plates-formes de médias sociaux et les fournisseurs de jeux en ligne sont engagés dans une bataille sans relâche pour capter de plus en plus l’attention, le temps et l’argent des internautes. Leurs modèles commerciaux sont basés sur cela, mais il est temps pour eux d’être plus responsables face aux torts que ces technologies peuvent causer à certains utilisateurs ». Il ajoute que « L’Organisation mondiale de la Santé a reconnu l’existence d’un trouble du jeu fondé sur un jeu excessif et provoquant une dépendance ».
C’est pourquoi « il est temps que les entreprises de jeux utilisent les énormes quantités de données recueillies sur leurs joueurs pour en faire plus afin d’identifier de manière proactive les joueurs vulnérables ». Les députés ont également appelé les réseaux sociaux et les fabricants de jeux vidéo à mettre en place des outils efficaces de vérification de l’âge, car ces plateformes de jeux s’appuient actuellement sur un système d’honnêteté, ce qui fait qu’un grand nombre d’utilisateurs mineurs se retrouvent sur celles-ci.
Pour ce qui concerne les loot box, les députés déclarent que les boîtes de butin ne devraient pas être vendues aux enfants, mais plutôt être méritées en tant que récompenses pour le jeu. « L’achat d’un coffre est un jeu de hasard et il est grand temps que les lois sur le jeu soient rattrapées », ont martelé les députés.
Arguments d’un acteur de l’industrie vidéoludique
Face à ces déclarations, Dr Jo Twist, directeur général de UK Interactive Entertainment, a souligné que « le secteur des jeux vidéo a toujours et continuera de placer le bien-être des joueurs au cœur de nos activités. L’industrie ne conteste pas que, pour une minorité, la recherche de l’équilibre soit un problème. C’est la raison pour laquelle nous exprimons notre soutien aux efforts visant à accroître les connaissances en informatique et collaborons avec les écoles et les soignants dans le cadre de programmes d’éducation ».
Source : BBC
Et vous ?
Pensez-vous que les éditeurs de jeux souhaitent délibérément amener les joueurs à plus dépenser dans ces loot box ?
Doit-on interdire les loot box aux enfants et réglementer les dépenses dans les jeux ?
Selon vous, existe-t-il d’autres solutions pour régler ce problème ?
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Et de réglementer les dépenses dans les jeux
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Le , par Olivier Famien
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