Bruno Le Maire estime que la France ne peut autoriser le développement de Libra sur le sol européen
Vu les risques systémiques que cela induit, notamment sur la souveraineté monétaire des États
Le 2019-09-12 23:13:08, par Christian Olivier, Expert éminent sénior
Au cours d’une conférence de l’OCDE consacrée aux défis des monnaies cryptographiques organisée récemment, Bruno Le Maire, l’actuel Ministre français de l’Économie et des Finances, a fait connaitre la position de l’administration Macron vis-à-vis des monnaies virtuelles en général et du projet Libra de Facebook en particulier en révélant l’hostilité de la France envers ce projet. Il a fait savoir que le gouvernement s’oppose fermement au développement de Libra au sein de l’Union européenne (UE).
Pour rappel, le projet Libra, une initiative de Facebook, a été officiellement lancé en juin dernier avec la participation de 28 autres grandes sociétés des secteurs de la finance, du commerce électronique, des technologies et des télécommunications. Facebook a présenté Libra comme une cryptomonnaie qui devrait à terme permettre à ses deux milliards d’utilisateurs d’acquérir des biens ou de transférer des fonds aussi facilement qu’un message instantané. Libra est censé apporter un nouveau moyen de paiement en dehors des circuits bancaires traditionnels et se veut la pierre angulaire d’un nouvel écosystème financier avec des transactions instantanées et peu coûteuses. Cette initiative de la firme de Menlo Park a attiré l’attention des décideurs au niveau mondial, en particulier des banquiers et politiciens, des « ;cryptosceptiques ;» pour la plupart.
En juillet dernier, Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale des États-Unis (FED), a affirmé que « ;Libra soulève de nombreuses et sérieuses préoccupations en ce qui concerne la protection de la vie privée, le blanchiment d’argent, la protection des consommateurs et la stabilité financière ;» et ces inquiétudes doivent être traitées « ;en profondeur et publiquement avant d’aller de l’avant ;». Le Maire semble partager l’opinion de Powell puisque dans son allocution, il a lui aussi insisté sur le fait que cette initiative comporte des « ;risques d’abus de position (...) des risques de souveraineté (...) et des risques pour les consommateurs et pour les entreprises ;».
Le Ministre ajoute que « ;Libra soulève aussi un risque systémique à partir du moment où il y a deux milliards de consommateurs. Toute défaillance dans le fonctionnement de cette monnaie, dans la gestion de ses réserves pourrait créer des désordres financiers considérables ;». Il redoute en outre que la cryptomonnaie de Facebook se substitue à la monnaie nationale dans les pays où la devise est faible ou connait une forte dévaluation. D’après lui, les préoccupations sur Libra sont sérieuses et il est impossible, dans ces conditions, « ;d’autoriser le développement de Libra sur le sol européen ;».
« ;Je ne vois pas pourquoi nous portons autant d’attention depuis des années à éviter toute utilisation d’une monnaie pour le blanchiment et pour la lutte contre le financement du terrorisme, et qu’une monnaie numérique comme Libra échapperait à ces obligations ;», a-t-il déclaré.
Bruno Le Maire n’a toutefois pas précisé comment la France comptait s’y prendre pour empêcher le déploiement de Libra au sein de l’UE et de ses 28 États membres. Mais le Ministre a indiqué être en contact avec les dirigeants de la Banque centrale européenne dans l’optique de la création d’une « ;monnaie numérique publique ;» sous l’égide des institutions financières internationales.
Source : Reuters
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Pour rappel, le projet Libra, une initiative de Facebook, a été officiellement lancé en juin dernier avec la participation de 28 autres grandes sociétés des secteurs de la finance, du commerce électronique, des technologies et des télécommunications. Facebook a présenté Libra comme une cryptomonnaie qui devrait à terme permettre à ses deux milliards d’utilisateurs d’acquérir des biens ou de transférer des fonds aussi facilement qu’un message instantané. Libra est censé apporter un nouveau moyen de paiement en dehors des circuits bancaires traditionnels et se veut la pierre angulaire d’un nouvel écosystème financier avec des transactions instantanées et peu coûteuses. Cette initiative de la firme de Menlo Park a attiré l’attention des décideurs au niveau mondial, en particulier des banquiers et politiciens, des « ;cryptosceptiques ;» pour la plupart.
En juillet dernier, Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale des États-Unis (FED), a affirmé que « ;Libra soulève de nombreuses et sérieuses préoccupations en ce qui concerne la protection de la vie privée, le blanchiment d’argent, la protection des consommateurs et la stabilité financière ;» et ces inquiétudes doivent être traitées « ;en profondeur et publiquement avant d’aller de l’avant ;». Le Maire semble partager l’opinion de Powell puisque dans son allocution, il a lui aussi insisté sur le fait que cette initiative comporte des « ;risques d’abus de position (...) des risques de souveraineté (...) et des risques pour les consommateurs et pour les entreprises ;».
Le Ministre ajoute que « ;Libra soulève aussi un risque systémique à partir du moment où il y a deux milliards de consommateurs. Toute défaillance dans le fonctionnement de cette monnaie, dans la gestion de ses réserves pourrait créer des désordres financiers considérables ;». Il redoute en outre que la cryptomonnaie de Facebook se substitue à la monnaie nationale dans les pays où la devise est faible ou connait une forte dévaluation. D’après lui, les préoccupations sur Libra sont sérieuses et il est impossible, dans ces conditions, « ;d’autoriser le développement de Libra sur le sol européen ;».
« ;Je ne vois pas pourquoi nous portons autant d’attention depuis des années à éviter toute utilisation d’une monnaie pour le blanchiment et pour la lutte contre le financement du terrorisme, et qu’une monnaie numérique comme Libra échapperait à ces obligations ;», a-t-il déclaré.
Bruno Le Maire n’a toutefois pas précisé comment la France comptait s’y prendre pour empêcher le déploiement de Libra au sein de l’UE et de ses 28 États membres. Mais le Ministre a indiqué être en contact avec les dirigeants de la Banque centrale européenne dans l’optique de la création d’une « ;monnaie numérique publique ;» sous l’égide des institutions financières internationales.
Source : Reuters
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ddoumecheMembre extrêmement actifJ'attend patiemment de voir le premier péquin venu se faire confisquer ses libras pour un commentaire désobligeant sur une photo quelconque. Déjà on lui clôturera son compte, donc son portefeuille, d'un claquement de doigt.
Et il s'agit bien là d'argent de monopoly saisissable instantanément, et pour lequel vous n'avez aucun recours juridique.le 28/11/2020 à 12:21 -
UtherExpert éminent séniorC'est marrant la croyance limite anarchiste que si on n'a pas un état ou une entreprise pour gérer, c'est forcément mieux.
Dans la pratique dès qu'un élément de valeur échappe au contrôle de quelqu'un, il est forcément repris par d'autres forces de pouvoir qui veulent en tirer profit : entreprises, spéculateurs, mafia, ... Les gens d'en bas ne gagnent jamais au change.
Il n'y a qu'a voir comment les cryptomonnaies actuelles sont à la merci absolue de la spéculation.le 13/09/2019 à 12:13 -
emilie77Membre éprouvéTrès bien! Les monnaies doivent etre en main publique ou de personnele 07/10/2019 à 9:37
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pierre-yMembre chevronnéOn n'a plus le droit de battre notre monnaie mais une entreprise elle le peut...le 27/11/2020 à 19:32
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gandalflemaiaMembre régulierSauf que le Dollar, l'état (ici États-uniens) a le pouvoir de le tracer (mouvement SWIFT etc). Ici une fois que l'argent c'est du Libra, il est totalement impossible de suivre les transactions. En fonction du choix technologique, Facebook serait alors seul maitre à bord. Une banque qui blanchi de l'argent, s'expose à des poursuivtes graves et garder le secret c'est de plus en plus difficile. Là, ce n'est pas le cas. Une fois de plus, on peut critiquer les Banque Centrale, c'est même positif, on a un pouvoir de pression. À part acheter des actions Facebook, je ne vois pas ce qu'on pourra faire.le 13/09/2019 à 13:04
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gandalflemaiaMembre régulierLibra n'est pas une solution et elle ne me plait pas mais par contre j'aime la peur des états enver cette monnaie
Que nos états ne soient pas parfait, que vous ne soyez pas convaincue par notre modèle démocratique, voir même que vous admiriez les mouvements sociaux déstabilisent les "élites politique" (même si j'aime pas ce terme simpliste), je pourrais comprendre. Mais là...
L'ennemie de notre ennemie n'est pas forcément notre ami. C'est marrant de voir les mêmes qui passent leur temps à dénoncer les connivences entre les politiques et la finance se réjouir de Libra. Ce genre de monnaie c'est l'extase ultime du libéralisme absolue et une perte de souveraineté du peuple.
Il y a eu de nombreux scandales financier ces dernières années, c'est un fait. Sous la pression populaire, des mesures ont été prise. Et svp, si vous ne travaillez pas dans le milieu, ne vous ridiculisez pas en disant "c'est pas vrai, rien est fait". C'est peut-être pas suffisant mais on avance dans la bonne direction.
Maintenant imaginez que Libra tue les devises traditionnelles, vous aurez aucun moyen de contrôler ce qu'il se passe. C'est l'arme absolue de l'évasion fiscal (et encore ce terme ne sera même plus cohérent), du blanchiement, du contrôle des citoyens (et encore "citoyen" ne sera plus non plus le terme cohérent).
Je vous laisse méditer du risque que ça engendre.le 13/09/2019 à 11:57 -
UtherExpert éminent séniorCa c'est ton extrapolation, la mission d'un gouvernement c'est de prévoir et je ne vois rien d'anormal à ce qu'il se posent la question des conséquences d'une cryptomonnaie utilisée a grande envergure, mais rien ne semble indiquer que le Libra soit bien haut dans la liste des priorités du gouvernement.
Bah la dernière fois que la France a fait défaut c'est en 1812, et c'était dans des conditions qui n'avaient rien a voir avec ce que l'on a actuellement, ça reste quand même plus rassurant que des monnaies dont la valeur ne repose sur rien.le 13/09/2019 à 13:32 -
defZeroMembre extrêmement actifPour le coup je trouve le raisonnement de la FINMA Suisse beaucoup plus pragmatique.
En disant, même pouvoir, même responsabilité, ils ne ferment pas la porte à l'idée, tout en s'assurant des garanties.
Du côté EU, ils ont juste dit non.
Aucune logique là dedans, juste on ne change rien, toute l'inertie du système EU à l’œuvre.
Côté US, ils m'ont fait au choix, beaucoup rigoler ou bien très peur.
Sa dépend de s'ils croient vraiment ce qu'ils disent.
Mr Mnuchin, Secrétaire au Trésor & Mr Powell, Président de la Réserve fédérale (FED) disent avoir de nombreuses et sérieuses préoccupations" concernant Libra en matière de :
- Blanchiment d’argent :
Oui parce que le $ n'est pas la monnaie la plus utilisé par les trafiquants de tous poils, à travers le monde pour blanchir leurs activités. - Réglementation :
Les monnaies national sont tellement bien réglementer, que quand une banque US fait faillites, c'est le contribuable mondiale qui les renfloues dit donc. - Protection de la vie privée :
C'est pas comme si toutes nos transactions financières (Intermédiation bancaire, VISA, MasterCard, Fournisseur US de services de payement à la Paypal) ne passaient pas par un système de traitement open bar pour les Five Eyes. - Protection des consommateurs :
Jamais d'usurpation d'ID Bancaire, jamais de vole de compte non plus .
Sur ce coup là ont est tous d'accord qu'ils ne nous vois que comme des consommateurs, pas des citoyens. - Stabilité financière : On en reparles des crise financière systémique.
Bref, comme dirait Obelix : "Ils sont fous ces ricain"le 05/10/2019 à 17:47 - Blanchiment d’argent :
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matthiusInactifVive la 5G et le 8K d'écrans réflectifs grâce aux EPR.le 07/10/2019 à 10:50
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MingolitoMembre extrêmement actifDe toute façon c'est pas gagné, les USA et l'Europe sont contre, et c'est pas le moment de faire le malin pour Zuckerberg, Facebook est sous le coup d'une enquête antitrust aux USA, et plusieurs politiques US veulent clairement démanteler son empire.le 24/10/2019 à 16:06