En mars dernier, dans la ville de Christchurch en Nouvelle-Zélande, une fusillade a eu lieu au cours de laquelle 51 personnes ont trouvé la mort et 49 ont été blessés. Un des faits marquants dans cette tragédie est que l’auteur de la fusillade (Brenton Tarrant) a publié un manifeste raciste sur Twitter juste avant de diffuser en direct sur Facebook Live une vidéo de l’attaque en utilisant une caméra GoPro. Les autorités néozélandaises ont exhorté les internautes à ne pas partager cette vidéo et ont rappelé à ceux qui le feront qu’ils s’exposent à une peine de 10 ans de prison. La vidéo a été retirée par la majorité des plateformes, dont YouTube, et le tireur a été arrêté quelques heures plus tard par la police néozélandaise.
Mais ces évènements n’ont pas laissé indifférente l’Australie qui est géographiquement proche de la Nouvelle-Zélande. En effet, quelques jours après la survenue des évènements tragiques à Christchurch, l’Australie a adopté une loi qui permet aux autorités australiennes d’infliger des amendes aux cadres des dirigeants des médias sociaux ou même de les mettre en prison si des contenus violents publiés sur leurs plateformes n’étaient pas vite retirés. Nous rappelons que ce désir de l’Australie de pousser les médias sociaux à réagir avec plus de diligence afin de mettre hors-ligne les contenus violents ou haineux n’est pas le premier du genre.
En 2017, alors que le débat sur les fake news faisait encore rage, l’Allemagne a adopté une loi qui oblige les médias sociaux à payer une amende pouvant aller jusqu’à 50 millions d’euros s’ils ne retiraient pas dans un délai de 24 heures des fake news signalées ou des contenus illégaux comme des messages de haine ou de violence. Et en avril dernier, le parlement de l’Union européenne a voté une loi qui impose aux médias sociaux de retirer les contenus extrémistes dans un délai d’une heure sous peine d’amende pouvant aller jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires annuel mondial en cas de manquement à leurs obligations. Dans le cas de l’Australie, manquer à supprimer ces contenus dans le délai déterminé par le jury serait punissable d’une peine de trois ans de prison pour les dirigeants australiens ou étrangers et d’une amende pouvant atteindre 10 % du chiffre d’affaires annuel global de la plateforme.
Après cette première décision australienne visant à aller en guerre contre les contenus extrémistes diffusés en ligne, l’agence de presse Reuters, qui a pu glaner quelques informations auprès de responsables australiens, rapporte que pendant les crises, l’Australie envisage de bloquer l’accès aux sites web hébergeant du matériel terroriste et réfléchit sur l’adoption d’une loi visant à forcer les plateformes numériques à améliorer la sécurité de leurs services. Il convient de préciser qu’à la suite de la fusillade de Christchurch, le gouvernement australien avait déclaré qu’il établirait un cadre pour bloquer les domaines hébergeant du contenu violent. Il n’est donc pas surprenant d’entendre un responsable revenir sur le sujet avec plus de précisions. Scott Morrison, le Premier ministre australien Scott Morrison, qui était en France au sommet du G7 qui vient de s’achever a déclaré pour sa part que le gouvernement avait l’intention d’empêcher les extrémistes d’exploiter les plateformes numériques pour publier des contenus extrêmement violents. « ;Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher les terroristes de glorifier leurs crimes ;», a-t-il souligné.
En plus de vouloir bloquer les domaines hébergeant du contenu extrémiste, Reuters ajoute que le gouvernement australien souhaite également bloquer les domaines hébergeant tout contenu violent, défini comme un meurtre, une tentative de meurtre, un viol, une torture ou un enlèvement, enregistré par toute personne impliquée dans le délit — serait également bloqué. Et pour surveiller les activités en ligne en vue de détecter les contenus terroristes ou de violence extrême, un centre de coordination de crise serait ouvert 24 h/24 et 7 j/7.
Les géants du web, tels que Facebook, YouTube, Amazon, Microsoft, Twitter, pour ne citer que ceux-là, devraient fournir au gouvernement australien, d’ici la fin du mois prochain, des informations détaillées sur la manière dont ils comptent s’y prendre pour appliquer ces recommandations. Nous soulignons que ces entreprises sont toutes membres du groupe de travail pour la lutte contre le terrorisme et les violences extrêmes en ligne et qui avait recommandé l’établissement d’un cadre clair. Il reste à savoir si ces nouvelles décisions vont dans le même sens que leurs intérêts financiers.
Source : Reuters
Et vous ?
Quels commentaires faites-vous de cette nouvelle décision australienne ;? Pourra-t-elle limiter la diffusion de contenus extrémistes en ligne ;?
Selon vous, est-il possible de lutter contre la diffusion des contenus violents ou extrémistes en ligne ;? Si oui, quelles solutions préconisez-vous ;?
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Le , par Olivier Famien
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