Les entreprises d’Internet telles que Facebook, Google, YouTube, Wordpress, Microsoft ou Twitter devraient fournir encore plus d’efforts afin d’endiguer la prolifération de contenus inappropriés et dangereux, notamment ceux à caractère extrémiste, sur leurs plateformes respectives. C’est en résumé le principal message qui ressort de la réunion de travail organisée mercredi dernier par la Commission européenne afin de dresser le bilan des progrès accomplis durant l’année dans la lutte contre la diffusion de contenus à caractère terroriste sur la toile et définir les plans d’action ultérieurs.
Le commissaire pour la Migration et les Affaires intérieures Dimitris Avramopoulos, et le commissaire pour l’Union de la sécurité, Julian King, ont participé à cette troisième réunion du Forum de l’Union européenne sur Internet. Ce rendez-vous annuel a été instauré afin de discuter des voies et moyens envisageables qui permettraient de mettre un terme à l’exploitation abusive d’Internet par des entités terroristes. Il rassemble généralement les ministres de l’Intérieur des pays membres, les acteurs importants de l’industrie du numérique et d’autres parties prenantes qui sont disposées à collaborer dans le cadre d’un partenariat volontaire.
Les membres du forum ont présenté un rapport avec des mises à jour sur les progrès réalisés par les entreprises et Europol dans la détection et la suppression du contenu extrémiste en ligne. Le rapport, examiné par l’agence de presse Reuters, encourage les entreprises à « développer des solutions pour identifier et supprimer le contenu terroriste dans les une à deux heures qui suivent leur mise en ligne, dans la mesure du possible et sans compromettre les droits humains et libertés fondamentales ».
D’une manière générale, les entreprises des réseaux sociaux sont devenues plus efficaces lorsqu’il s’agit d’éliminer le plus rapidement possible les contenus à caractère violent et extrémiste. Mais, au-delà de la mise en place de procédures de détection plus efficaces, la Commission souhaite au final que de nouvelles solutions soient mises en œuvre pour accélérer la suppression des contenus inappropriés avant qu’ils n’atteignent les utilisateurs.
Par ailleurs, la Commission voudrait qu’un nombre plus important d’entreprises technologiques s’impliquent dans ce programme. Concernant ce dernier point, Dimitris Avramopoulos a déclaré : « nous gagnons en rapidité et en finesse dans la lutte contre la propagande terroriste en ligne […] Notre objectif le plus urgent à présent est d’intensifier nos efforts afin que toutes les entreprises de l’Internet puissent prendre part à cette action ».
L’UE a précisé qu’elle présenterait une loi l’année prochaine si elle n’était pas satisfaite des progrès réalisés par les entreprises technologiques dans la suppression des contenus extrémistes. En effet, la Commission souhaite éviter une mosaïque de lois nationales sur la question et privilégie une approche régulatrice globale.
Julian King a indiqué à ce sujet : « nous allons analyser ces progrès pour savoir s’ils vont assez loin et sont suffisamment rapides et, s’il y a lieu, nous nous tiendrons prêts à proposer un acte législatif ».
Lors de la seconde édition du Forum de l’UE sur Internet, les entreprises impliquées ont annoncé qu’elles allaient mettre en place une base de données d’empreintes numériques commune. Celle-ci devrait permettre de détecter les contenus à caractère violent et terroriste dans les réseaux sociaux et de prévenir leur réapparition sur d’autres plateformes de manière plus efficace. Cette base de données est opérationnelle depuis le premier trimestre de cette année. Elle a déjà recueilli plus de 40 000 empreintes numériques de vidéos et d’images à caractère terroriste. En juin 2017, dans le cadre de la lutte contre la publication de contenu terroriste en ligne, Google, Facebook, Twitter et Microsoft ont annoncé la création du « forum global de l’Internet contre le terrorisme ».
Monika Bickert, directrice de la politique de Facebook, a confié que « le recours à l’intelligence artificielle et à d’autres formes d’automatisation pour empêcher la diffusion de contenus à caractère terroriste apparaît prometteur. À l'heure actuelle, 99 % des contenus terroristes en rapport avec ISIS et Al Qaeda que nous supprimons de Facebook sont des contenus que nous détectons avant même que quiconque dans notre communauté ne nous les ait signalés et, dans certains cas, avant qu'ils soient publiés sur le site. Pour ce faire, nous utilisons des systèmes automatisés tels que la reconnaissance de photos et de vidéos et l’apprentissage automatique à partir de textes. Après avoir identifié un contenu à caractère terroriste, nous supprimons 83 % des copies dans l'heure qui suit leur chargement. »
Mat Brittin, président chargé des activités commerciales et opérations de Google pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique, a tenu à rappeler que « aujourd’hui 98 % des vidéos que nous retirons de YouTube pour motif d’extrémisme violent nous sont signalées par des algorithmes d’apprentissage automatique ; le chiffre n’était que de 75 % il y a quelques mois seulement et notre objectif est de porter à 10 000 le nombre de personnes travaillant au traitement des contenus problématiques sur Google en 2018. »
Source : Reuters, European Commission press release
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Le , par Christian Olivier
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