Plusieurs menaces à la bombe anonymes ont été envoyées par courrier électronique à la police à la fin du mois de janvier, obligeant plusieurs écoles et bâtiments gouvernementaux à évacuer.
Au total, 26 adresses Internet ont été bloquées par l’injonction, y compris plusieurs serveurs utilisés pour brouiller la connexion finale des utilisateurs de Tor, un réseau d'anonymat réputé pour contourner la censure. Les fournisseurs d'accès à Internet ont été invités à mettre en œuvre le blocage « immédiatement », à l'aide d'une technique appelée BGP Blackholing, qui permet aux routeurs Internet de simplement supprimer le trafic Internet au lieu de l'acheminer vers sa destination.
Mais la société indique que pendant le chargement du site, les utilisateurs ne peuvent ni envoyer ni recevoir de courrier électronique.
Le directeur général de ProtonMail, Andy Yen, a qualifié le blocage de « particulièrement sournois ».
Envoyé par Andy Yen
En effet, les deux serveurs ProtonMail répertoriés dans l’injonction sont ses serveurs de distribution de courrier back-end, plutôt que le site Web frontal qui s’exécute sur un système différent.
« Le blocage massif de ProtonMail d'une manière qui blesse tous les citoyens russes qui souhaitent une sécurité en ligne accrue semble être une approche médiocre », a déclaré Yen. Il a ajouté que son service offrait une sécurité et un chiffrement supérieurs à ceux de ses rivaux fournisseurs de service de messagerie dans le pays.
Envoyé par Andy Yen
Yen n’a pas manqué de souligner que le blocage coïncidait avec les manifestations contre les efforts du gouvernement pour restreindre Internet, que les critiques ont qualifié de « commutateur de neutralisation ». Le Kremlin a affirmé qu'il s'agissait là d’une mesure de protection des infrastructures du pays en cas de cyberattaque.
Le test de déconnexion planifié consisterait à vérifier que la transmission des données entre les citoyens russes et les organisations russes reste à l'intérieur du pays plutôt que d'être acheminée à l'étranger. Il a été prévu par les autorités russes et les principaux fournisseurs d'accès à Internet. Les différents acteurs seraient d’accord pour déconnecter brièvement le pays d'Internet afin de recueillir des informations et de fournir des commentaires et des modifications à un projet de loi présenté au Parlement russe en décembre 2018, a rapporté l'agence de presse russe RosBiznesKonsalting (RBK) en février.
L'année dernière, le Parlement russe a été saisi d'une loi imposant aux fournisseurs d'accès à Internet russes d'assurer l'indépendance de l'espace Internet russe (Runet), de sorte à pouvoir déconnecter le pays du reste de l'Internet en cas d'agression étrangère. Dans le cadre de ces changements techniques majeurs, les entreprises russes de télécommunications devraient également mettre en place des « moyens techniques » pour réacheminer tout le trafic Internet russe vers des points d'échange approuvés ou gérés par Roskomnazor, l'organisme russe de surveillance des télécommunications. Il incombe à cet organisme, la charge d’inspecter le trafic afin de bloquer les contenus interdits et s'assurera que le trafic entre les utilisateurs russes reste à l'intérieur du pays, et qu’il n’est pas dirigé vers des serveurs à l'étranger, où il pourrait être intercepté.
En décembre 2018, les sénateurs Andrei Klishas et Lyudmila Bokova, ainsi que le député Andrei Lugovoi, ont soumis à la Douma, la Chambre basse du Parlement de la Fédération de Russie, un projet de loi visant à créer des mesures de protection pour l’Internet en Russie. La Russie, à l’instar de l'Iran et la Corée du Nord, est accusée d'attaques de pirates informatiques, et les pays de l'OTAN ont annoncé à plusieurs reprises qu'ils réfléchissaient à une réponse plus ferme aux cyberattaques que la Russie est constamment accusée de lancer.
Dimanche dernier en Russie, des milliers de personnes se sont rassemblées à Moscou et dans 2 autres villes pour manifester contre la politique internet du pays qui est de plus en plus restrictive et qui, selon certains, conduira inévitablement à une censure totale et isolera le pays du reste du monde. Là, on n'est pas loin de ce qui se passe en Corée du Nord. Ces rassemblements de masse dans ces villes ont été planifiés après que la chambre basse du parlement russe ait soutenu un projet de loi controversé le mois dernier.
Ce projet de loi a été adopté par le Parlement russe en première lecture sur trois. La deuxième lecture est prévue pour ce mois, après quoi, s'il est adopté, le projet de loi devra être signé par la chambre haute du parlement, puis par le président Vladimir Poutine.
Les éclaircissements du fondateur
Dans un billet, Andy Yen a donné plus d'explications
Envoyé par Andy Yen
Envoyé par Andy Yen
Andy Yen
Il prend la peine de rappeler le contexte et en dit un peu plus sur le sujet
Envoyé par Andy Yen
Et vous ?
La sécurité nationale peut-elle justifier le fait de bloquer un service de messagerie chiffrée ou des mesures moindre doivent-elles absolument et uniquement être cherchées ?
Voir aussi :
La Russie essaye des technologies plus précises pour bloquer le service de messagerie Telegram, après avoir bloqué d'autres services par inadvertance
Telegram : Apple prive les utilisateurs mondiaux de l'application de messagerie chiffrée de mises à jour sur iOS après le bannissement par la Russie
La Russie demande à Apple de supprimer Telegram de sa vitrine de téléchargement, l'éditeur a un mois pour s'exécuter
Telegram Desktop serait victime d'un malware baptisé TeleGrab, qui vole les fichiers de cache et fichiers clés de l'application de messagerie