
Malgré les scandales dont la firme a dû faire face
Mark Zuckerberg a qualifié l’entreprise qu’il dirige d'« innovateur en matière de protection de la vie privée », malgré les nombreux scandales dont Facebook a dû faire face durant l’année dernière. M. Zuckerberg décrit ainsi son entreprise alors qu’elle continue de vivre les conséquences de l’une des plus grandes controverses dont elle a fait l’objet au cours de l’année dernière pour avoir permis aux tiers de collecter et d’utiliser, sans consentement et à des fins électorales, de grandes quantités de données de plus de 87 millions de personnes à travers le monde entier. Toutefois, lors de l’entretien avec Jonathan Zittrain, professeur de droit à Harvard, M. Zuckerberg a formulé des critiques à l'encontre de ses propres erreurs, d’après le rapport de CNBC.
En effet, lors de l’entrevue, Zuckerberg a reconnu que le statut d'« innovateur en matière de protection de la vie privée » de Facebook n'est « certainement pas l'opinion dominante ». En effet, le modèle d'affaires de Facebook est fondé sur les données personnelles que la société collecte souvent sans aucun consentement de ses utilisateurs, la politique de Facebook n’étant pas très claire à ce sujet. Aussi, on ne peut pas être « innovateur en matière de protection de la vie privée » et voir plus de 26 % de ses utilisateurs supprimer son application en seulement 12 mois.
Le PDG a fait valoir que Facebook ne fait que faire des progrès en fournissant au public des technologies de communications sécurisées. « Penser à Facebook en tant qu'innovateur en matière de protection de la vie privée n'est certainement pas le point de vue dominant », a déclaré M. Zuckerberg lors de la conversation enregistrée, qui a été rendue publique mercredi dernier. « Mais pour en revenir à la toute première chose que nous avons faite, faire en sorte que les étudiants d'Harvard puissent communiquer d'une manière telle qu'ils aient l'assurance que leur contenu et leurs informations seraient partagés uniquement avec les membres de cette communauté, il n'y avait aucun moyen que les gens aient à communiquer à cette échelle sans que cela soit complètement public ou aussi petit que ce qu'il avait été auparavant », a-t-il ajouté.
Il sera difficile aux utilisateurs des réseaux sociaux de croire au statut de protecteur de vie privée de Facebook alors que, selon des documents de Facebook saisis et publiés par les députés britanniques, Facebook aurait utiliser les données personnelles des utilisateurs comme monnaie d'échange en accorder des privilèges spéciaux à certaines sociétés tout en en excluant de nombreuses autres, contredisant les promesses répétées de Facebook de ne jamais vendre de données personnelles de ses utilisateurs.
M. Zuckerberg a dit aussi que : « Lorsque nous parlons de protection de la vie privée, je pense qu'une grande partie des questions portent souvent sur les politiques de protection de la vie privée et sur des questions d'ordre juridique ou politique », a dit M. Zuckerberg. « Mais en fait, je pense qu'il y a un autre élément qui est vraiment fondamental, c'est que les gens veulent des outils qui leur donnent de nouveaux contextes pour communiquer et c'est aussi fondamentalement de donner du pouvoir aux gens par la vie privée, pas seulement en ne violant pas la vie privée. », a-t-il ajouté.
Cependant, Facebook construit des bases de données secrètes des informations de contacts des utilisateurs, y compris certaines données que les utilisateurs n'ont jamais volontairement remises, qu’il partage avec plus d’une dizaine d’entreprises tierces, selon l’une des révélation faites par le géant des réseaux sociaux dans le sillage du scandale de Cambridge Analytica. Aussi, selon une équipe de chercheurs, Facebook permet aux annonceurs de télécharger, sur son site Web, une liste de numéros de téléphone ou d'adresses électroniques des utilisateurs censés aider à améliorer la confidentialité et la sécurité de leurs comptes. Ces annonceurs font suivre ensuite les utilisateurs et de façon précise avec des annonces en les mettant sur les comptes associés aux informations de la liste de contacts téléchargés.
Parlant à Jonathan Zittrain sur le campus de l'université qu'il a quittée, Zuckerberg a dit à un moment donné : « Nous ne voulons certainement pas d'une société où il y a une caméra dans le salon de tout le monde qui regarde le contenu de leurs conversations ». Zittrain lui a rapidement rappelé que c'est exactement ce que fait son Portal, gadget de chat vidéo de domicile. Zuckerberg a essayé de détourner l'attention en disant que les enregistrements du portail seraient chiffrés.
Ce qui n’est pas le cas, car environ une semaine après le lancement du matériel, Facebook est revenu sur l’assurance qu’il avait donné au lancement de ne pas utiliser les données des utilisateurs pour les cibler avec de la publicité. Enfin de compte, Facebook a dit que Portal, lui-même, ne recevrait pas d'annonces, mais des données sur les personnes appelées et sur les applications utilisées sur Portal peuvent être utilisées pour cibler avec des annonces sur d'autres périphériques utilisant les applications Facebook, selon un rapport de The Independent.
M. Zuckerberg a déclaré, également, que la messagerie chiffrée sur WhatsApp permet d'assurer aux utilisateurs du monde entier que les gouvernements n'écoutent pas leurs conversations, ce qu'il a déclaré que les citoyens américains tenaient pour acquis. Par ailleurs, Facebook a confirmé le mois dernier son intention d'intégrer ses trois plateformes de messagerie (Messenger, Whatsapp et Instagram) et d'offrir un chiffrage de bout en bout pour chacune d'entre elles. Toutefois, le cofondateur du service de chat sécurisé et filiale de Facebook WhatsApp, Jan Koum, a quitté l'entreprise l'année dernière en raison des inquiétudes concernant M. Zuckerberg et l'équipage qui prévoyaient diluer son chiffrage de bout en bout pour exploiter davantage de données utilisateur.
Les utilisateurs sont de plus en plus sceptiques et la plupart sont en train de réaménager leur relation avec le réseau social, mais M. Zuckerberg est convaincu que les consommateurs sont friands des services de clavardage offerts par Facebook, et il compte dessus pour apporter ses changements.
« Tout le succès que Facebook a eu, c'est un peu contre-intuitif, parce que nous avons donné aux gens de nouveaux moyens privés ou semi-privés de communiquer des choses qu'ils n'auraient jamais eus auparavant », a dit Zuckerberg. Mais en réalité, Facebook a du succès parce qu'il vend une quantité massive de publicités en ligne en exploitant les données de ses utilisateurs, un marché extrêmement lucratif et en pleine croissance dont la société possède une importante part aux Etats-Unis.
Lors de l’entretien, Facebook a réitéré sa volonté de toujours fonctionner en version gratuite pour que tout le monde puisse se faire entendre. « Allons-nous laisser les gens payer pour avoir des contrôles différents de ceux des autres sur l'utilisation des données ? Et ma réponse est un non catégorique. », a déclaré Zuckerberg. Pourtant, plus d’un ont déjà envisagé qu'un abonnement premium sans publicité à Facebook pourrait l'aider à maximiser la collecte de données et l'engagement, bien qu'il pourrait briser la machine à revenus de Facebook en retirant les utilisateurs les plus riches et les plus désirés du pool de ciblage publicitaire.
Toutefois, depuis cette année, le géant des réseaux sociaux multiplie des discussions sur sa technologie et sa société. Il a même décidé en janvier vouloir investir 300 millions de dollars pour aider la presse et contrer les « fake news ». Espérons que son modèle d'affaires puisse également changer un tout petit peu cette année.
Source : CNBC
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