« ;Le droit de réparer, c’est l’idée que vous pouvez réparer vos propres objets ou les apporter à un magasin local pour les faire réparer ;», a déclaré Kyle Wiens, cofondateur d’iFixit. Aux États-Unis, au moins 18 États sont favorables à adopter une législation afin de faciliter la réparation du matériel électronique. Cette proposition de loi connue sous le terme « ;Fair Repair Act ;» — ou plus simplement la loi pour la réparation équitable — gagne de plus en plus de terrain aux États-Unis. Si elle est adoptée, cette loi obligerait les fabricants de produits électroniques comme Apple entre autres à vendre des pièces de rechange aux consommateurs et à des ateliers de réparation indépendants, et obligerait ceux-ci à mettre à la disposition du public des manuels et des informations de diagnostics et d’entretien en vue de faciliter la réparation des appareils par les utilisateurs.
Mais selon ces fabricants de matériels électroniques, qui ont manifestement beaucoup à perdre — surtout au niveau financier si cette loi venait à être adoptée —, il est dangereux pour les utilisateurs de réparer ses propres appareils. Ces derniers pourraient par exemple se blesser en réparant eux-mêmes leurs écrans ou pourraient se brûler en cherchant à remplacer la batterie défectueuse de leur téléphone, soutiennent les fabricants. Mais pour les défenseurs de cette loi et en l’occurrence pour Gay Gordon-Byrne, directrice exécutive de Repair.org - une organisation commerciale composée d’ateliers de réparation indépendants qui prétendent avoir été lésés par une tentative des fabricants d’obtenir un monopole sur l’entreprise de réparation - les fabricants devraient « ;donner aux gens autant d’informations que possible sur la manière de gérer une chose dangereuse ;». « ;S’ils craignent par exemple que les batteries explosent, ils devraient y apposer des étiquettes d’avertissement et indiquer aux consommateurs comment les réparer ;», ajoute-t-elle.
Depuis des années, la bataille est donc engagée entre d’une part les entreprises qui, en plus de se faire de l’argent en vendant les équipements électroniques, souhaitent vendre obligatoirement leurs services de réparation aux consommateurs, et d’autre part les consommateurs accompagnés des réparateurs indépendants qui dénoncent une mainmise de ces entreprises sur ces activités. En plus de ces griefs, il faut ajouter également que dans bien des cas cela coûte beaucoup plus cher aux utilisateurs de faire réparer leurs produits chez le fabricant d’origine que chez un réparateur indépendant. En outre, lorsque le consommateur estime que cela lui coûte trop cher de faire réparer son appareil chez le fabricant, il est amené à s’en débarrasser, ce qui a un impact négatif sur l’environnement en augmentant le nombre de déchets électroniques.
Toutes ces plaintes qui sont soutenues aux États-Unis par les associations de réparateurs indépendants et les consommateurs ont maintenant traversé l’Atlantique pour s’inviter dans les débats en Europe. Depuis le mois de décembre dernier, les États membres de l’Union européenne ont commencé à se pencher sur des questions qui ont trait à ce sujet épineux. Au début de ce mois, l’Union européenne a fait un pas en avant en adoptant des lois qui visent à réduire les impacts environnementaux des produits dits « ;Eco design ;». Ces lois qui doivent entrer en vigueur en avril 2021 obligent les fabricants de produits de consommation courante, y compris l’éclairage, les présentoirs, les machines à laver, les lave-vaisselles et les réfrigérateurs, à concevoir des appareils facilement réparables et qui durent plus longtemps.
Si du côté de l’Europe, c’est un grand pas pour les utilisateurs et les réparateurs indépendants, aux États-Unis, le changement ne se fera pas aussi facilement. Apple qui est une des entreprises majeures défendant l’obligation de réparer ses articles par ses soins ou des réparateurs agréés a depuis longtemps activé son réseau de lobbying pour contrer le Fair repair Act. Comme Apple, de nombreuses entreprises qui ont bâti leur modèle d’affaires sur ces activités ont beaucoup à perdre en voyant cette loi passée. Mais pour l’utilisateur et les réparateurs tiers, ce serait une grande victoire aussi bien financière que morale.
Source : EEB, Metamag
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Le , par Olivier Famien
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