Dans une vidéo mise ligne au début du mois d’avril, un réparateur indépendant a en effet montré qu’Apple a pris des mesures extrêmes pour s’assurer de la dépendance des possesseurs d’iPhone 7 ou 7 Plus à ses services de maintenance. « Le problème est que, désormais, vous ne pouvez pas remplacer le bouton HOME sur un iPhone 7 ou 7 Plus. Sans le bouton original, ça ne marchera pas », a-t-il expliqué pendant qu’il faisait sa démonstration. Il deviendrait alors absolument nécessaire d’avoir recours à un Apple Store, seul endroit où le bouton HOME puisse être remplacé grâce à une « machine de calibration pour iPhone ».
Il semble toutefois que pour Apple, ces efforts pour compliquer la tâche des réparateurs seraient un plan B si l’entreprise ne parvient pas à obtenir l’annulation du Fair Repair Act. Il s’agit d’un projet de loi qui exige aux fabricants de mettre à la disposition du public des informations de diagnostics et de réparation de leurs appareils ou machines. En vertu de cette loi, les sociétés d'électronique auront aussi l’obligation de vendre des pièces de rechange et des outils au grand public. Elles se verront également interdire de verrouiller les logiciels de leurs appareils pour empêcher les réparations indépendantes.
Ce projet de loi a été introduit dans plusieurs États américains y compris à New York. L’État de New York se veut cependant plus transparent en ce qui concerne les activités de lobbying sur son territoire : quelles sont les entreprises qui le font, combien y dépensent-elles et quel est objet de leur lobbying ? C’est dans ce cadre que la Commission mixte sur l'éthique publique (Joint Commission on Public Ethics) de New York a publié un document qui dévoile les efforts d’Apple pour empêcher les utilisateurs de réparer leurs iPhone.
Les documents montrent qu’Apple a engagé le cabinet de lobbying Roffe Group pour intercéder auprès des autorités en ce qui concerne certains problèmes de l’entreprise, « y compris, mais sans s'y limiter, les domaines de l'environnement, les taxes et le commerce de détail ». En mars et avril 2017, Apple a payé 18 000 $ au cabinet de lobbying pour ses services, notamment pour intervenir sur trois projets de loi, y compris le projet de loi S618A de New York, qui est en fait le Fair Repair Act. D’après le site Vice qui a publié les rapports, Apple a également fait du lobbying contre une législation similaire en 2015 et 2016.
Le fabricant d’iPhone n’est toutefois pas le seul à faire pression sur les autorités contre le droit de réparation des appareils électroniques et machines. Avec Apple, on peut citer des entreprises comme Verizon, Toyota, la société d'imprimantes Lexmark, ou encore Caterpillar. Il y a également la Consumer Technology Association, qui représente des milliers de fabricants d'appareils électroniques, qui fait du lobbying contre le Fair Repair Act.
Les entreprises qui font du lobbying sur le droit de réparer les appareils électroniques. Seule la Digital Right to Repair Coalition soutient ce projet de loi.
De janvier au mois d’avril, ces entreprises et organisations ont dépensé 366 634 $ pour faire du lobbying contre le Fair Repair Act. À l’opposé, la Digital Right to Repair Coalition (composée de réparateurs indépendants avec plusieurs employés) a dépensé 5 042 $ en lobbying pour défendre le projet de loi. Il s’agit du seul groupe à exercer un lobbying en faveur de la législation.
Sources : Vice, Fair Repair Act
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