Ce mardi, 90 groupes de pression se sont joints à un effort commun visant, entre autres, à empêcher la militarisation et l’instrumentalisation politique des nouvelles technologies en adressant une lettre à Amazon, Google et Microsoft pour demander à ces entreprises technologiques de s’engager à ne pas vendre de technologie de reconnaissance faciale au gouvernement.
L’American Civil Liberties Union (ACLU), le Centre des réfugiés et des immigrants pour l’éducation et les services juridiques (RAICES) et l’Electronic Frontier Foundation (EFF) font partie des groupes de défense qui ont décidé d’interpeller les acteurs les plus influents de la Silicon Valley au vu des efforts qu’ils consentent pour développer des systèmes de reconnaissance faciale et des responsabilités qui leur incombent.
Cette action est en continuité avec la démarche initiée en mai dernier par l’ACLU, une association à but non lucratif de défense des droits numériques, et plusieurs autres organisations similaires qui ont demandé à Amazon d’arrêter de vendre son système de reconnaissance d’image à la police. Pour le lobby, cette technologie pourrait entraîner des dérives ;; par exemple, la police pourrait l’utiliser afin de pister des manifestants ou d’autres personnes que les autorités jugent suspectes, plutôt que de se limiter aux personnes qui commettent effectivement des crimes. Des actionnaires de la société ont même apporté leur soutien aux revendications du lobby pour essayer de faire fléchir le géant du commerce en ligne.
Cependant, en dépit de toute cette forte mobilisation, Amazon a annoncé en octobre puis novembre dernier qu’il poursuivra sa coopération technologique avec le Pentagone et continuera de vendre sa technologie de reconnaissance faciale aux forces de l’ordre.
Nicole Ozer, directrice de la technologie et des libertés civiles à l’ACLU de Californie, a déclaré à ce propos : « ;Nous sommes à la croisée des chemins en matière de surveillance faciale, et les choix faits par ces entreprises détermineront si la prochaine génération devra craindre d’être surveillée par le gouvernement ;» parce qu’il ou elle aura assisté à une manifestation, se sera rendue dans tel ou tel lieu de culte ou vit simplement sa vie.
Google et Microsoft ont depuis reconnu les risques liés aux services de reconnaissance faciale ainsi que l’utilisation abusive potentielle qui peut en découler si cette technologie venait à tomber entre de mauvaises mains.
En décembre dernier, la firme de Mountain View a, par exemple, temporairement renoncé à la vente de sa technologie de reconnaissance faciale tant que d’importantes questions d’ordre technologique, éthique et politique n’auront pas été abordées. Plus tôt dans l’année, le géant Microsoft a appelé à une réglementation de la technologie de reconnaissance faciale et proposé des axes de réflexion afin d’éviter des dérives potentielles. Mais, les groupes de pression réclament des engagements plus forts des deux sociétés et de meilleures garanties de la part d’Amazon.
« ;Les entreprises ne peuvent pas continuer à prétendre que l’approche “break then fix” fonctionne ;», a déclaré Ozer. « ;L’histoire nous a clairement appris que le gouvernement exploiterait des technologies telles que la surveillance du visage pour cibler les communautés de couleur, les minorités religieuses et les immigrants. ;»
Source : ACLU
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Le , par Christian Olivier
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