Certains politiciens montrent les jeux vidéo comme la source d'une partie des maux de la société, notamment chez les jeunes. C'est par exemple le cas du président américain qui, après les violences répétées dans le milieu scolaire US, a affirmé au début de cette année que les jeux vidéo violents en étaient responsables. Pourtant, les études qui dédouanent les jeux vidéo ne manquent pas.
Pour en citer quelques-unes, notons qu'une étude de l’Institut Max Planck pour le Développement Humain a montré que jouer à des jeux vidéo violents de façon quotidienne n'entraîne aucun changement de comportement. Dans une autre étude, une équipe de recherche de l’Université de Bristol est aussi arrivée à la conclusion selon laquelle il n'y a pas de relations de cause à effet entre les jeux vidéo violents et le comportement des joueurs.
Mais d'autres études vont plus loin en laissant croire que les jeux vidéo pourraient au contraire être très bénéfiques pour les gamers. C'est par exemple le cas d'une étude qui n’est pas récente, mais qui vient d’attirer notre attention. Elle a été publiée dans la revue Nature et menée par des chercheurs de l'Université des sciences et technologies électroniques de la Chine et de l'Université de Macquarie, en Australie. Ces derniers ont en effet découvert une corrélation entre le fait de jouer à des jeux vidéo d'action et l'augmentation du volume de matière grise dans le cerveau, ainsi que l'amélioration de la connectivité fonctionnelle du cerveau.
Des recherches avaient déjà montré que des sous-régions insulaires distinctes sont associées à des réseaux de neurones particuliers (par exemple, des réseaux attentionnels et sensorimoteurs). Partant de la preuve (fournie par les recherches antérieures) que les jeux vidéo d'action (AVG, pour action video game) facilitent les fonctions attentionnelles et sensorimotrices, cette étude a examiné la relation entre l'expérience AVG et la plasticité des sous-régions insulaires et leurs réseaux fonctionnels liés aux fonctions attentionnelles et sensorimotrices. Précisons que la plasticité neuronale, neuroplasticité ou encore plasticité cérébrale sont des termes génériques qui décrivent les mécanismes par lesquels le cerveau est capable de se modifier lors d'apprentissages ou pendant d'autres processus.
Dans leur étude qui a porté sur les régions du cortex insulaire du cerveau, les chercheurs de ces deux universités chinoise et australienne ont comparé deux groupes de sujets : des experts en jeu vidéo d'action (au nombre de 27 et âgés en moyenne de 23 ans) et des amateurs (au nombre de 30, et âgés en moyenne de 22 ans). Les experts en jeu vidéo d'action étaient des joueurs de grande expérience, comptant au moins 6 ans d'expérience dans les jeux vidéo d'action et reconnus en tant que champions régionaux ou nationaux de League of Legends et de Dota 2. Les amateurs, quant à eux, ne jouaient pas fréquemment aux jeux vidéo d'action et avaient moins d’un an d’expérience. Précisions également que les sujets étaient droitiers, avaient une vision normale, leur ouïe était normale et n’avaient aucun antécédent de maladie neurologique. À l'aide d'un scanner IRM (imagerie par résonance magnétique), les scientifiques ont pris des photos détaillées du cortex insulaire des participants.
« En comparant les experts et les amateurs d’AVG, nous avons constaté que les experts avaient une connectivité fonctionnelle et un volume de matière grise améliorés dans les sous-régions insulaires. De plus, les experts d’AVG ont montré une connectivité fonctionnelle accrue entre les réseaux attentionnels et sensorimoteurs », expliquent les chercheurs. Ils ajoutent donc que les jeux vidéo d'action peuvent « améliorer l’intégration fonctionnelle des sous-régions insulaires et des réseaux pertinents. »
Pour mettre cela en perspective, précisons que la matière grise du cerveau est une partie du système nerveux central qui contient les corps cellulaires des cellules nerveuses (appelées encore neurones). Elle contrôle essentiellement toutes les fonctions du cerveau et a un rôle très important dans le traitement de l'information. Des études ont montré que les personnes qui avaient les QI les plus élevés présentaient significativement plus de matière grise dans les différentes régions du cerveau que celles qui avaient des QI plus faibles. En ce qui concerne la connectivité fonctionnelle du cerveau, elle reflète l'interaction entre les populations neuronales. Les scientifiques montrent également qu'une meilleure connectivité fonctionnelle du cerveau entraînera des processus de réflexion plus rapides et, en conséquence, une intelligence plus élevée. Le réseau attentionnel (réseau de neurones associé à une tâche) est quant à lui très peu actif, voire inactif, au repos, mais son activité augmente au cours d'une tâche cognitive, marquant le retour à un état mental nécessitant un certain niveau d'attention.
Cela dit, en des termes plus clairs pour les profanes, les chercheurs indiquent que les jeux vidéo d'action pourraient rendre plus intelligents. Mais si l'étude a montré une corrélation entre les jeux vidéo d'action et la neuroplasticité, il faut encore examiner la relation de cause à effet.
Sources : Business Insider, Nature
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Que pensez-vous des résultats de cette recherche ?
Êtes-vous convaincus que les jeux vidéo d'action (et les jeux vidéo en général) développent l'intelligence ?
Ou pensez-vous que c’est une étude financée secrètement par l’industrie du jeu vidéo ?
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Le , par Michael Guilloux
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