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Les jeux vidéo d'action développent-ils l'intelligence ?
Une étude les associe à une augmentation de la quantité de matière grise dans le cerveau

Le , par Michael Guilloux

816PARTAGES

17  0 
Certains politiciens montrent les jeux vidéo comme la source d'une partie des maux de la société, notamment chez les jeunes. C'est par exemple le cas du président américain qui, après les violences répétées dans le milieu scolaire US, a affirmé au début de cette année que les jeux vidéo violents en étaient responsables. Pourtant, les études qui dédouanent les jeux vidéo ne manquent pas.

Pour en citer quelques-unes, notons qu'une étude de l’Institut Max Planck pour le Développement Humain a montré que jouer à des jeux vidéo violents de façon quotidienne n'entraîne aucun changement de comportement. Dans une autre étude, une équipe de recherche de l’Université de Bristol est aussi arrivée à la conclusion selon laquelle il n'y a pas de relations de cause à effet entre les jeux vidéo violents et le comportement des joueurs.

Mais d'autres études vont plus loin en laissant croire que les jeux vidéo pourraient au contraire être très bénéfiques pour les gamers. C'est par exemple le cas d'une étude qui n’est pas récente, mais qui vient d’attirer notre attention. Elle a été publiée dans la revue Nature et menée par des chercheurs de l'Université des sciences et technologies électroniques de la Chine et de l'Université de Macquarie, en Australie. Ces derniers ont en effet découvert une corrélation entre le fait de jouer à des jeux vidéo d'action et l'augmentation du volume de matière grise dans le cerveau, ainsi que l'amélioration de la connectivité fonctionnelle du cerveau.

Des recherches avaient déjà montré que des sous-régions insulaires distinctes sont associées à des réseaux de neurones particuliers (par exemple, des réseaux attentionnels et sensorimoteurs). Partant de la preuve (fournie par les recherches antérieures) que les jeux vidéo d'action (AVG, pour action video game) facilitent les fonctions attentionnelles et sensorimotrices, cette étude a examiné la relation entre l'expérience AVG et la plasticité des sous-régions insulaires et leurs réseaux fonctionnels liés aux fonctions attentionnelles et sensorimotrices. Précisons que la plasticité neuronale, neuroplasticité ou encore plasticité cérébrale sont des termes génériques qui décrivent les mécanismes par lesquels le cerveau est capable de se modifier lors d'apprentissages ou pendant d'autres processus.

Dans leur étude qui a porté sur les régions du cortex insulaire du cerveau, les chercheurs de ces deux universités chinoise et australienne ont comparé deux groupes de sujets : des experts en jeu vidéo d'action (au nombre de 27 et âgés en moyenne de 23 ans) et des amateurs (au nombre de 30, et âgés en moyenne de 22 ans). Les experts en jeu vidéo d'action étaient des joueurs de grande expérience, comptant au moins 6 ans d'expérience dans les jeux vidéo d'action et reconnus en tant que champions régionaux ou nationaux de League of Legends et de Dota 2. Les amateurs, quant à eux, ne jouaient pas fréquemment aux jeux vidéo d'action et avaient moins d’un an d’expérience. Précisions également que les sujets étaient droitiers, avaient une vision normale, leur ouïe était normale et n’avaient aucun antécédent de maladie neurologique. À l'aide d'un scanner IRM (imagerie par résonance magnétique), les scientifiques ont pris des photos détaillées du cortex insulaire des participants.

« En comparant les experts et les amateurs d’AVG, nous avons constaté que les experts avaient une connectivité fonctionnelle et un volume de matière grise améliorés dans les sous-régions insulaires. De plus, les experts d’AVG ont montré une connectivité fonctionnelle accrue entre les réseaux attentionnels et sensorimoteurs », expliquent les chercheurs. Ils ajoutent donc que les jeux vidéo d'action peuvent « améliorer l’intégration fonctionnelle des sous-régions insulaires et des réseaux pertinents. »


Pour mettre cela en perspective, précisons que la matière grise du cerveau est une partie du système nerveux central qui contient les corps cellulaires des cellules nerveuses (appelées encore neurones). Elle contrôle essentiellement toutes les fonctions du cerveau et a un rôle très important dans le traitement de l'information. Des études ont montré que les personnes qui avaient les QI les plus élevés présentaient significativement plus de matière grise dans les différentes régions du cerveau que celles qui avaient des QI plus faibles. En ce qui concerne la connectivité fonctionnelle du cerveau, elle reflète l'interaction entre les populations neuronales. Les scientifiques montrent également qu'une meilleure connectivité fonctionnelle du cerveau entraînera des processus de réflexion plus rapides et, en conséquence, une intelligence plus élevée. Le réseau attentionnel (réseau de neurones associé à une tâche) est quant à lui très peu actif, voire inactif, au repos, mais son activité augmente au cours d'une tâche cognitive, marquant le retour à un état mental nécessitant un certain niveau d'attention.

Cela dit, en des termes plus clairs pour les profanes, les chercheurs indiquent que les jeux vidéo d'action pourraient rendre plus intelligents. Mais si l'étude a montré une corrélation entre les jeux vidéo d'action et la neuroplasticité, il faut encore examiner la relation de cause à effet.

Sources : Business Insider, Nature

Et vous ?

Que pensez-vous des résultats de cette recherche ?
Êtes-vous convaincus que les jeux vidéo d'action (et les jeux vidéo en général) développent l'intelligence ?
Ou pensez-vous que c’est une étude financée secrètement par l’industrie du jeu vidéo ?

Voir aussi :

France : le débat sur le trouble du jeu vidéo s'invite dans les instances gouvernementales, quel traitement préconiser à ceux qui en souffrent ?
Jouer à des jeux vidéo violents de façon quotidienne n'entraîne aucun changement de comportement, conclut une nouvelle étude
L'addiction aux jeux vidéo pourrait être considérée comme un trouble mental dès 2018, par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)
Tueries dans les écoles : Donald Trump accuse les jeux vidéo violents à l'occasion de sa rencontre avec l'industrie
Les jeux vidéo violents ont-ils un impact négatif sur comportement des joueurs ? Non, selon une étude menée au Royaume-Uni

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Avatar de joublie
Membre confirmé https://www.developpez.com
Le 26/12/2018 à 11:56
L'étude citée me paraît extrêmement oiseuse et donc dénuée d'intérêt, pour ne dire bien pire. Comme l'a dit Michel Desmurget, docteur en neurosciences et auteur du très intéressant livre "TV lobotomie", en gros si vous passiez votre temps à vous gratter la tête alors une certaine zone de votre cerveau se renforcerait aussi (en connexions neuronales, etc.). Inutile donc de jouer à des jeux vidéos pour que la neuroplasticité joue son rôle.

De plus, on ne voit pas pourquoi des jeux vidéos rendraient une personne globalement plus intelligente, vu que l'intelligence existe sous une multitude de formes ; or, quelle forme serait améliorée par la pratique de jeux vidéos, eh bien la question reste posée.

S'il s'agissait de faire vendre des jeux vidéos à Noël, dommage, ça tombe un peu tard.
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Avatar de el_slapper
Expert éminent sénior https://www.developpez.com
Le 26/12/2018 à 13:20
Assez d'accord avec joublie, bien qu'étant moi-même un gamer assouvi. Cette étude ne vaut pas grand chose. Il y a un problème d'œuf et de poule : est-ce que ces gens ont un cerveau différent parce qu'ils sont gamers professionnels(comme c'est clairement sous-entendu), est-ce qu'ils sont gamers professionnels parce qu'ils ont un cerveau différent, ou est-ce que la corrélation vient d'ailleurs?

Dit autrement, il faudrait mesurer sur des années l'évolution du cerveau des uns et des autres pour avoir de vraies données exploitables. On en est loin, semble-t-il.
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Avatar de Matthieu Vergne
Expert éminent https://www.developpez.com
Le 29/12/2018 à 22:56
Tout à fait d'accord avec mes prédécesseurs. L'étude est pour ainsi dire sans valeur en terme de conclusion scientifique, ne serait-ce que par sa non représentativité. Elle permet tout au plus d'ajouter plus d'intérêt à la question, et donc de pousser à faire plus d'études sur le sujet. En bref, c'est un travail préliminaire qui ne saurait être pris comme évidence.

Par ailleurs, les études qui "ont montré que les personnes qui avaient les QI les plus élevés présentaient significativement plus de matière grise" ne semblent pas valoir mieux. À défaut d'une citation pour appuyer ces dires, en voilà une qu'on retrouve facilement, et qui n'a pas fait le poids. On se trouve ici, encore une fois, dans un cas de syllogomanie de publications. Le "publish or perish" fait encore des victimes.

Et je ne parle même pas de l'amalgame entre test de QI et intelligence...
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Avatar de ddoumeche
Membre extrêmement actif https://www.developpez.com
Le 03/01/2019 à 14:59
Citation Envoyé par Matthieu Vergne Voir le message
Tout à fait d'accord avec mes prédécesseurs. L'étude est pour ainsi dire sans valeur en terme de conclusion scientifique, ne serait-ce que par sa non représentativité. Elle permet tout au plus d'ajouter plus d'intérêt à la question, et donc de pousser à faire plus d'études sur le sujet. En bref, c'est un travail préliminaire qui ne saurait être pris comme évidence.

Par ailleurs, les études qui "ont montré que les personnes qui avaient les QI les plus élevés présentaient significativement plus de matière grise" ne semblent pas valoir mieux. À défaut d'une citation pour appuyer ces dires, en voilà une qu'on retrouve facilement, et qui n'a pas fait le poids. On se trouve ici, encore une fois, dans un cas de syllogomanie de publications. Le "publish or perish" fait encore des victimes.

Et je ne parle même pas de l'amalgame entre test de QI et intelligence...
La question est donc, l'intelligence est-elle rigoureusement définie scientifiquement parlant.
2  0 
Avatar de Matthieu Vergne
Expert éminent https://www.developpez.com
Le 03/01/2019 à 21:36
La réponse est non. Il n'y a pas encore de consensus. En fonction du domaine, tu as des concepts d'intelligence différents, mais pas de consensus général sur un concept en particulier.

Je viens de faire un article qui partage mes réflexion sur le sujet, notamment un article de recherche et une réponse mail que j'ai fournit quand on m'a posé la même question :
https://www.developpez.net/forums/bl...epart-creuser/

Plutôt que de faire un gros pavé ici, je laisse les intéressés aller lire cet article.
2  0 
Avatar de MiaowZedong
Membre extrêmement actif https://www.developpez.com
Le 22/01/2019 à 12:30
Citation Envoyé par Matthieu Vergne Voir le message
snip
Bien qu'assez intéressant, il n'y a pas grand-chose à y répondre.

Pour terminer sur ta question initiale :

On constate que des gens ont plus de potentiel que d'autres. On qualifie généralement cela d'intelligence. Le constat est là, on n'a rien inventé. Il s'agit alors de savoir d'où ça vient, et ensuite de voir comment le reproduire au niveau artificiel. Répondre non à ta question implique 2 hypothèses :
  • qu'il existe des capacités qui ne puisse être qu'humaine (ce à quoi je ne crois pas, mais c'est une opinion personelle)
  • que cette capacité qu'on nomme intelligence en fasse partie


Ne croyant pas à la première, pour moi la réponse est forcément oui. C'est sur cette base que je fais mes recherche. Si je me trompe, ces recherches sont vaines, mais comme je n'ai rien pour remettre en cause sérieusement ma base actuelle, je n'ai pas de raison d'en changer.
Certaines personnes ont plus de potentiel que d'autres, mais ce potentiel n'est pas fixe dès (ou avant) la naissance. Non seulement l'apprentissage permet d'apprendre des connaissances ou une expertise, mais en plus l'exercice développe l'intelligence. Quand on s'enterre dans un emploi répétitif, quand on vieillit sans travailler l'intelligence, ce potentiel se réduit. À l'inverse, faire travailler le cerveau développe l'intelligence, à l'instar des muscles qui grossissent par l'exercice.
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Avatar de ddoumeche
Membre extrêmement actif https://www.developpez.com
Le 04/01/2019 à 18:55
Citation Envoyé par Matthieu Vergne Voir le message
La réponse est non. Il n'y a pas encore de consensus. En fonction du domaine, tu as des concepts d'intelligence différents, mais pas de consensus général sur un concept en particulier.

Je viens de faire un article qui partage mes réflexion sur le sujet, notamment un article de recherche et une réponse mail que j'ai fournit quand on m'a posé la même question :
https://www.developpez.net/forums/bl...epart-creuser/

Plutôt que de faire un gros pavé ici, je laisse les intéressés aller lire cet article.
J'ai pu lire ton article en anglais mais j'avoue benoîtement n'y avoir rien compris.

Puisque l'on parle de la question de la définition scientifique de l'intelligence, il faut inclure LES intelligences d'Howard Gardner: linguistique, musicale, logique (le fameux QI) , spatiale, kinesthésique, intrapersonnelle, interpersonnelle, naturaliste, spitituelle.

Ton IA va donc être très capable sur son domaine d'expertise mais totalement autistique sur d'autres plan du domaine des intelligences, un peu comme ces blessés de guerre soignés par Gardner.

En ce qui concerne cette étude sur le gain intellectuel apporté par les jeux vidéos, je suis très circonspect n'ayant pas pu moi-même constater de gain notable. Cela me semble plutôt être un argument publicitaire, ou un biais cognitif... tout aussi biaisé que de dire que de regarder la F1 à la télé fait de vous un meilleur conducteur.
1  0 
Avatar de Matthieu Vergne
Expert éminent https://www.developpez.com
Le 04/01/2019 à 19:41
Citation Envoyé par ddoumeche Voir le message
J'ai pu lire ton article en anglais mais j'avoue benoîtement n'y avoir rien compris.
Si l'article scientifique ne te semble pas clair, as-tu lu la suite du post qui donne une réponse mail en français ?

Citation Envoyé par ddoumeche Voir le message
Puisque l'on parle de la question de la définition scientifique de l'intelligence, il faut inclure LES intelligences d'Howard Gardner: linguistique, musicale, logique (le fameux QI) , spatiale, kinesthésique, intrapersonnelle, interpersonnelle, naturaliste, spitituelle.
Et bien d'autres. Le principal soucis de ceux qui ont voulu donner une définition de l'intelligence est justement d'avoir voulu faire une liste de domaines à couvrir. Auquel cas le consensus est que cette liste reste ouverte.

L'autre soucis est que parler de "multiples" intelligences s'éloigne de l'interprétation de base de l'intelligence, à savoir une capacité générale, quel que soit le domaine. Le concept qui se focalise sur la performance dans un domaine particulier est celui d'expertise, et non d'intelligence. Aujourd'hui, on amalgame les deux, et cela engendre plus de confusion qu'autre chose.

Citation Envoyé par ddoumeche Voir le message
Ton IA va donc être très capable sur son domaine d'expertise mais totalement autistique sur d'autres plan du domaine des intelligences, un peu comme ces blessés de guerre soignés par Gardner.
Ma conclusion est que les IA actuelles sont expertes dans des domaines plus ou moins restreints, mais manquent cruellement d'intelligence. Or c'est justement ce que je cherche à éviter. Je souhaite faire une intelligence artificielle, pas une expertise artificielle. La majeure partie des travaux en IA actuellement sont sur la production d'experts artificiels (à ne pas confondre avec des systèmes experts, qui n'en sont qu'un exemple particulier).
1  0 
Avatar de MiaowZedong
Membre extrêmement actif https://www.developpez.com
Le 04/01/2019 à 22:13
Citation Envoyé par Matthieu Vergne Voir le message

L'autre soucis est que parler de "multiples" intelligences s'éloigne de l'interprétation de base de l'intelligence, à savoir une capacité générale, quel que soit le domaine. Le concept qui se focalise sur la performance dans un domaine particulier est celui d'expertise, et non d'intelligence. Aujourd'hui, on amalgame les deux, et cela engendre plus de confusion qu'autre chose.
Certes, mais est-ce-que cette notion de capacité générale est autre chose qu'une invention humaine? De tout ce que l'on sait du cerveau, imaginer l'intelligence comme analogue à un nombre d'OPS qu'ont peut assigner à n'importe quelle tache est faux. Bien que le cerveau ait une plasticité, il developpe de multiples capacités dans des parties spécifiques et non interchangeables.
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Avatar de Matthieu Vergne
Expert éminent https://www.developpez.com
Le 05/01/2019 à 0:28
Citation Envoyé par MiaowZedong Voir le message
Certes, mais est-ce-que cette notion de capacité générale est autre chose qu'une invention humaine? De tout ce que l'on sait du cerveau, imaginer l'intelligence comme analogue à un nombre d'OPS qu'ont peut assigner à n'importe quelle tache est faux. Bien que le cerveau ait une plasticité, il developpe de multiples capacités dans des parties spécifiques et non interchangeables.
J'interprète "OPS" comme "opérations par seconde".

Le nombre d'OPS serait plutôt de l'ordre de l'attention ou de la concentration si l'on souhaite comparer avec une capacité humaine, et non de l'intelligence. Et en effet, si tu assignes ton temps CPU à une tâche, cela n'a rien à voir avec ta capacité à mener cette tâche à bien : tu arriveras plus rapidement au résultat, mais celui-ci sera le même, que tu l'atteignes avant ou après. Tu auras juste perdu moins de temps en "tâches annexes".

La plasticité du cerveau et la spécialisation de ses zones est encore autre chose. Je ne l'assimilerai pas aux OPS. J'y reviendrai plus tard.

La métaphore la plus pertinente que j'ai trouvé est celle du major de promo. Le major de promo est meilleur que tout ses camarades, malgré qu'il ait suivi les même courts. Quand on parle d'un modèle d'intelligence, on s'accorde généralement tous à dire que c'est ce genre de personne dont il est question. Par contre, c'est en partant du principe que toute autre chose est égale par ailleurs. Dans ces conditions, si on a un major de promo qui a 19 partout et le second a 18 partout, en posant les questions suivantes :
  1. Lequel des deux est le plus expert dans chacun des domaines étudiés ?
  2. Lequel des deux est le plus intelligent ?


On aura très vraisemblablement toujours la même réponse : le major.

Maintenant, si on ajoute que le major a atteint cette place après avoir redoublé 3 fois, alors que le second en est à sa première année et a sauté deux classes avant ça, que se passe t'il ? La réponse à la question d'expertise ne changera pas, après tout le major détiens les meilleurs résultats. En revanche, celle sur l'intelligence offrira bien plus de doute, voire un revirement. La raison est que, malgré que dans les deux cas on parle bien de performance, dans le cas de l'expertise on parle de performance immédiate (la note fait foi), alors que dans le cas de l'intelligence on parle d'augmentation de performance : vraisemblablement, avec une année de plus, le second arrivera à faire mieux que le major actuel, et c'est cette impression qui permet d'évaluer le second comme plus intelligent, malgré la place actuelle de second.

Quand on dit des gens qu'ils sont "intelligents" ou qu'ils "ont du potentiel", on parle des gens qui comprennent vite, pas des plus compétents là, tout de suite. Le maître est de toute évidence plus compétent que l'élève maintenant, mais l'élève peut avoir assez de potentiel pour dépasser le maître plus tard. Cela ne le rend pas plus compétent que le maître tout de suite, mais potentiellement plus intelligent que lui. Si on reprend l'idée du major classique (toute autre chose égale par ailleurs), l'idée qu'il soit le plus intelligent est justement la supposition qu'il soit partit du même niveau que les autres et ait atteint un meilleur niveau avant les autres qui le rend intelligent. Enlève le premier (redoublement) ou le second (place de second) et on lui donnera une intelligence plus faible.

Parlons maintenant machine. Quand tu réassignes tes OPS, tu ne changes rien au résultat, la performance reste la même. Si on souhaite évaluer l'expertise de deux machines, elles allouent toutes leurs OPS à la tâche donnée et tu regarde le résultat. Si l'une atteint le même résultat en moins d'OPS que l'autre, ou un meilleur résultat avec autant d'OPS, alors elle a une meilleure expertise que l'autre. Mais ça ne te dis rien sur l'intelligence de la machine :
  • si la seconde a le même logiciel et matériel mais a fait son apprentissage sur une base de moins bonne qualité, les deux ont fondamentalement la même intelligence, la différence s'étant faite sur les ressources dont elles avaient accès.
  • si les deux machines sont différentes mais on appris sur le même jeu d'apprentissage, ce n'est encore une fois pas informatif sur leur niveau d'intelligence, l'une pouvant être naturellement plus adaptée à ce type de jeu d'apprentissage que l'autre. On rejoint là les zones du cerveau : un cerveau usuellement utilisé d'une certaine manière est adapté à cette manière. L'utiliser d'une autre manière lui rend la tâche plus difficile, vu qu'il doit potentiellement désapprendre pour pouvoir apprendre à nouveau. Tout comme un expert a intégré des automatismes pertinents pour son domaine d'expertise, et aura donc potentiellement de moins bons résultats qu'un débutant sur un domaine totalement différent (ses automatismes n'étant plus pertinents, et donc devenus des biais que le débutant n'a pas).


Pour mesurer l'intelligence, il faut donc évaluer l'évolution de la performance non pas sur une tâche mais sur un ensemble de tâches. Si tu vois qu'une machine augmente en expertise plus vite que l'autre dans toutes les tâches, son intelligence est meilleure. Si elle va plus vite sur certaines tâches et moins vite sur d'autres, c'est qu'elle est plus adaptée à celles-ci. Il te faut alors pondérer les tâches, la difficulté étant de savoir comment car de nombreux facteurs peuvent jouer. Et c'est comme ça qu'on en arrive à dire qu'il y a de multiples intelligence : plutôt que d'évaluer tous les domaines, ce qu'on sait être infaisable, on sectionne en sous-problèmes en se disant qu'il suffit de tout mettre ensemble pour retrouver nos petits. L'ennui est que le sectionnement est infini. Toutes les tâches sont valables, ce qui rend chacune d'elle négligeable. De fait, on pondère, mais cette pondération est forcément arbitraire, et en fonction des affinités de chacun on ne mettra pas les même poids. Et c'est comme ça qu'on se retrouve avec des définitions d'intelligence en listes "fourre-tout" ouvertes.

Cette difficulté de mesure est la raison pour laquelle je suis persuadé qu'il ne faut pas s'arrêter à l'évaluation directe de la performance, même si je pense que ça peut servir de bon indicateur à défaut de trouver mieux. Pour être plus précis, je pense qu'il faut tenter d'identifier les fonctions fondamentales qui permettent de monter en expertise, tout domaine confondu. Ce doit être des mesures sur ces fonctions là qui doivent permettre de mesurer un niveau d'intelligence fiable. C'est en tout cas mon avis.

Pour l'instant, à cause de l'amalgame avec l'expertise, on se focalise sur la mesure de la performance à un instant T (e.g. AlphaGo a battu Lee Sedol). Mais cela ne montre que l'expertise de la machine face à l'humain. On peut voir ensuite des machines augmentant en performance plus vite que d'autres (e.g. AlphaZero apprend plus vite qu'AlphaGo), on pourrait donc se dire que ça y est, ce coup-ci on parle d'intelligence, mais comme ça reste des évaluations de performance sur quelques tâches seulement, ça n'est pas très parlant pour le cas général. On a peu de raisons de croire qu'AlphaZero apprendrait mieux qu'un humain à faire le baby-sitter, ce dernier ayant des prédispositions à s'occuper de ses semblables, notamment en terme d'empathie et autres automatismes génétiques.

Bref, il y a encore de quoi défricher au niveau fondamental. Dommage que l'IA soit majoritairement de l'appliqué.

Pour terminer sur ta question initiale :
Citation Envoyé par MiaowZedong Voir le message
Certes, mais est-ce-que cette notion de capacité générale est autre chose qu'une invention humaine?
On constate que des gens ont plus de potentiel que d'autres. On qualifie généralement cela d'intelligence. Le constat est là, on n'a rien inventé. Il s'agit alors de savoir d'où ça vient, et ensuite de voir comment le reproduire au niveau artificiel. Répondre non à ta question implique 2 hypothèses :
  • qu'il existe des capacités qui ne puisse être qu'humaine (ce à quoi je ne crois pas, mais c'est une opinion personelle)
  • que cette capacité qu'on nomme intelligence en fasse partie


Ne croyant pas à la première, pour moi la réponse est forcément oui. C'est sur cette base que je fais mes recherche. Si je me trompe, ces recherches sont vaines, mais comme je n'ai rien pour remettre en cause sérieusement ma base actuelle, je n'ai pas de raison d'en changer.
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