Le scandale Cambridge Analytica impliquant Facebook où les informations personnelles d'environ 87 millions d'utilisateurs du réseau social ont été mal utilisées par le cabinet de conseil politique a révélé les pratiques de confidentialité douteuses du géant américain du net. Dans la suite de l’affaire, vous vous rappelez que le géant des réseaux sociaux a admis, dans un rapport remis au Congrès des Etats-Unis en juin dernier, avoir partagé les données de ses utilisateurs avec des dizaines d'entreprises. Depuis lors, Facebook, dans des efforts d’assainissement de sa plateforme de réseau social, a mis à jour ses règles de confidentialité et a engagé ses partenaires de s’y conformer. La société est allée plus loin en bloquant l’accès aux données utilisateur à des milliers d'applications qui n'ont pas été soumises à son processus d'examen approfondi.
Facebook a par la suite été convoqué à plusieurs reprises pour s'expliquer devant différentes Commissions sénatoriales aussi bien au USA qu'en Union européenne. Après la parution au grand public du scandale Cambridge Analytica, le réseau social a dû faire face à des conséquences sans précédent. Nous en avons parlé de long en large. Au-delà des suppressions de comptes effectuées par l’entreprise pour faire le ménage sur sa plateforme, de nombreux utilisateurs ont commencé à s’éloigner peu à peu du réseau social. Récemment, un article du New York Times a annoncé que pendant que Marc Zuckerberg faisait face à cette pression, Sheryl Sandberg, directrice des opérations chez Facebook, aurait supervisé une campagne de lobbying agressive visant à lutter contre les critiques à l'encontre de Facebook, à tourner le regard du grand public vers les entreprises rivales.
Facebook aurait fait appel à un cabinet d’études républicain pour discréditer les manifestants activistes, notamment en les reliant au financier libéral George Soros. Elle aurait également mis à profit ses relations commerciales en faisant pression sur un groupe de défense des droits civils juif pour lui faire part de certaines critiques antisémites. Le quotidien new-yorkais ajoute qu'en octobre 2017, Facebook aurait également élargi son action avec un cabinet de communication basé à Washington, Definers Public Affairs, qui aurait été initialement embauché pour surveiller la couverture médiatique du réseau social.
Facebook s'est empressé de nier ces allégations du quotidien new-yorkais dans un billet de blog anonyme. Cependant, cela a attiré l'attention des sénateurs Chris Coons (membre du Parti démocrate et sénateur représentant le Delaware) et Bob Corker (membre du Parti républicain et sénateur du Tennessee au Congrès) qui ont averti vendredi dernier que le Congrès imposerait de nouvelles règles à Facebook à moins que la société de médias sociaux ne réponde à leurs préoccupations concernant la confidentialité et la propagation de la désinformation sur sa plateforme. Lors d'un entretien conjoint en marge d'un forum sur le développement à Wilmington, dans le Delaware, les deux sénateurs ont déclaré que Facebook n'aimerait probablement pas ce que le Congrès mijote. Pour eux, le réseau social devrait donc commencer par trouver une solution.
« S'ils ne le font pas, s'ils continuent d'agir comme s'ils étaient incapables des mesures correctives sur le réseau social, ils seront réglementés et seront désagréablement surpris de la rapidité avec laquelle cela se fera. Je pense que Facebook a beaucoup d'explications à donner », a déclaré Coons, membre du Comité judiciaire du Sénat. Les deux sénateurs et d'autres législateurs ont publié une lettre qu'ils ont écrite à Facebook pour demander à Marc Zuckerberg de répondre au New York Times et à d'autres reportages sur ses pratiques. Amy Klobuchar (sénatrice démocrate du Minnesota) et Mark Warner (membre du Parti démocrate et sénateur de la Virginie), ont également demandé à Zuckerberg de préciser dans quelle mesure Facebook aurait pu collecter et diffuser des informations négatives au sujet d'élus et d'autres critiques qui examinaient les politiques de la société.
Rappelons que Facebook avait nié avoir demandé à Definers de rédiger des articles. « Le New York Times a tort d’avancer que nous avons demandé à Definers de payer pour des articles ou d’écrire des articles au nom de Facebook, ou de répandre de la désinformation », avait précisé Facebook dans son billet de bolg. Definers Public Affairs a bien « encouragé » des journalistes à se pencher sur le financement de Freedom from Facebook, admet-elle, mais « l’intention était de démontrer qu’il ne s’agissait pas d’un groupe populaire né spontanément, comme il le disait, mais qu’il était soutenu par un critique bien connu de notre compagnie », dit Facebook dans le billet de blog sans indexer Soros. « Suggérer qu’il s’agissait là d’une attaque antisémite est répréhensible et faux », avait affirmé le réseau social.
« Nous avons reconnu publiquement à plusieurs reprises - y compris devant le Congrès - que nous n'avions pas identifier à temps les interférences russes sur Facebook, ainsi que d'autres utilisations abusives. Mais au cours de ces deux dernières années qui ont suivi l'élection présidentielle de 2016, nous avons beaucoup investi dans la technologie pour améliorer la sécurité et la sûreté de nos services. Bien que nous ayons encore beaucoup de chemin à parcourir, nous sommes fiers des progrès que nous avons accomplis dans la lutte contre la désinformation, la suppression des contenus illicites et l’empêchement d’acteurs étrangers de manipuler notre plateforme », avait conclut Facebook dans son billet de blog.
Ces déclarations de Facebook ne convainquent donc pas les sénateurs américains qui invitent le PDG de Facebook à se prononcer lui-même sur les allégations de New York Times. Coons a déclaré qu'il s'attendait à ce que le Congrès élabore des règles de confidentialité comparables au règlement général sur la protection des données (RGPD) de l'Union européenne qui oblige les entreprises à indiquer clairement quand elles collectent des données personnelles et à demander le consentement des utilisateurs. Rappelons aussi qu'à la suite de ces allégations de NYT, des investisseurs de Facebook ont réitéré leur proposition de mettre fin à la fonction de président du conseil d’administration qu’exerce Mark Zuckerberg en plus de son poste de directeur général de Facebook.
Source : Fortune
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Le , par Bill Fassinou
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